Il faut abolir le patriarcat

Ce jeudi 1er décembre, je prenais la parole à la tribune de l’Assemblée nationale à l’occasion de la niche parlementaire des Républicains et la proposition de loi portant création d’une juridiction spécialisée aux violences intrafamiliales portée par Aurélien Pradié.

Alors que l’an dernier, 122 femmes ont été tuées par leur compagnon ou leur ex-compagnon et que cette année, et alors que nous ne sommes que le 1er décembre, nous comptons déjà 124 féminicides. Ces drames ne sont pas le fait d’un hasard de relations de couple qui se passent mal. Ils sont le fait d’un système de domination des hommes sur les femmes qu’on appelle le patriarcat.

Pour lutter contre ce système de domination, il ne suffit pas d’une modification de notre système juridique. Il faut de l’éducation et un service public de la police et de la justice à hauteur des enjeux. Et pour cela, il faut des moyens.

Les associations réclamaient 1 milliard d’euros pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Mais comme Emmanuel Macron a refusé d’engager cette dépense dans son quinquennat précédent, les associations demandent aujourd’hui 2 milliards d’euros à cause du retard pris. Et nous les demandons avec elles.

Cette somme est nécessaire pour assurer une meilleure formation des policiers et des magistrats sur le sujet afin de sortir de la situation actuelle où 80% des plaintes pour violences conjugales sont classées sans suite. Elle est nécessaire pour accorder aux femmes victimes de violences un accompagnement judiciaire pour aller jusqu’au bout des procédures.

Cette somme est aussi indispensable pour protéger les femmes et les enfants victimes de violence en leur accordant un hébergement d’urgence et un accès aux soins. Je rappelle que chaque année, 20 000 femmes ont besoin d’un hébergement d’urgence. Je rappelle que 4 femmes sur 10 qui en ont besoin n’y ont pas accès.

Cette somme est nécessaire pour transformer durablement la société en apprenant dès l’école le consentement et l’égalité. Ces grandes mesures étaient celles que proposait Jean-Luc Mélenchon pendant l’élection présidentielle dans son plan pour mettre fin aux féminicides : de « créer un pôle judiciaire de lutte contre les violences intrafamiliales au sein des juridictions ».

Il est temps d’entendre la violence terrible du patriarcat et d’en écouter les victimes : en France, plus d’une femme sur deux a déjà subi une violence sexuelle.

Aux macronistes, je dis : aujourd’hui, les femmes victimes de violences nous regardent. Elles ne comprendraient pas que vous soyez incapables de voter un texte qui, sans tout régler, améliorera les choses pour elles. Vous avez beaucoup parlé. Maintenant, agissez !

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