Cet article a été publié dans « A Gauche »
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Nous sommes le 11 novembre 1940. Paris est occupée par les nazis depuis 5 mois. Le maréchal Pétain a rencontré Hitler à Montoire le 24 octobre et s’engage dans la voie de la collaboration. Sur les murs de la ville, des affiches de la Kommandantur annoncent « l’interdiction sous toutes les formes d’un souvenir insultant pour le Reich et attentatoire à l’honneur de la Wehrmacht ».
Les journaux relaient depuis la veille un communiqué de la préfecture de police de Paris : « Les administrations publiques et les entreprises privées travailleront normalement le 11 novembre à Paris et dans le département de la Seine. Les cérémonies commémoratives n’auront pas lieu. Aucune démonstration publique ne sera tolérée ».
Pourtant, depuis quelques jours, circule dans les lycées de Paris un appel ainsi rédigé :
« Étudiant de France ! Le 11 novembre est resté pour toi jour de Fête nationale. Malgré l’ordre des autorités opprimantes, il sera Jour de recueillement. Tu n’assisteras à aucun cours. Tu iras honorer le Soldat Inconnu, 17h30. Le 11 novembre 1918 fut le jour d’une grande victoire. Le 11 novembre 1940 sera le signal d’une plus grande encore. Tous les étudiants sont solidaires pour que vive la France ! Recopie ces lignes et diffuses-les ».
La flamme de la Résistance se met à briller. Il est 16h00. Déjà, des lycéens arrivent place de l’Etoile, bientôt rejoints par d’autres. À 17h00, ils sont entre 3 000 et 5 000 pour célébrer la mémoire du Soldat inconnu et la fin de la Première Guerre Mondiale. En dépit des risques, ils chantent la Marseillaise ou crient « Vive la France ! ».
La répression est terrible. L’armée allemande répond d’abord à coup de crosse puis tire dans la foule. Au moins quinze personnes sont blessées, donc cinq gravement. Deux-cent lycéens sont arrêtés et, selon la Radio de Londres, onze d’entre eux sont fusillés.
En décembre 1943, Camus écrit, dans ses Lettres à un ami allemand : « C’est ce désespérant espoir qui nous soutient dans les heures difficiles : nos camarades seront plus patients que les bourreaux et plus nombreux que les balles ».
C’est ce qu’on montré les lycéens patriotes du 11 novembre 1940.
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