Les 19 et 20 mai 2013, toute la twittosphère s’est agitée pour cette publication, effectuée sur le compte Twitter de Jean-Luc Mélenchon :
…En attendant je me casse le cul pour les ouvriers pendant qu’elle se casse le cul dans sa piscine.
— Jean-Luc Mélenchon ! (@JLMelenchon) 19 mai 2013
Le « débat » (le mot est fort pour qualifier ce qui n’a finalement été qu’un échange d’émotions) s’est focalisé sur deux questions hautement existentielles : 1) le compte Twitter de Jean-Luc Mélenchon a-t-il été piraté ? 2) Si ce compte n’a pas été piraté, est-ce bien le coprésident du Parti de Gauche qui est à l’origine de la formule ? Ces deux questions étaient si audacieuses que quelques commentateurs politiques se sont sentis obligés d’en devenir les portevoix. Pour preuve, cet article de Bruno Roger-Petit, qui s’est mué en véritable exégète de ce brassage d’air numérique, ou encore cet article du Point, qui fait la part belle aux tweets passionnants du chanteur Benjamin Biolay.
Allez, je veux bien être gentil et reconnaître que les questions posées par Bruno Roger-Petit dans son article ne sont pas dénuées d’intérêt. Ce qui m’ennuie en revanche beaucoup est que tout le monde, dans cette affaire, se soit trompé de problématique. Dès lors que Le Lab avait dissipé le doute, en confirmant que le tweet était bien de Jean-Luc Mélenchon, la seule question vraiment pertinente que l’on pouvait se poser était la suivante : que révèle, sur le fond, l’agitation qui a eu lieu autour de cette publication mélenchonienne ?
J’ai déjà analysé, dans un autre article, l’intérêt du parler « cru et dru » que nous avons décidé d’employer depuis le troisième Congrès de notre parti ; je n’étudierai donc pas ici les tenants et les aboutissants de l’utilisation de gros mots en politique, sujet passionnant s’il en est, mais qui nous ferait perdre de vue l’essentiel. Ce qui m’intéresse dans le brouhaha que nous étudions ici est que, pour une fois, Jean-Luc Mélenchon a collé parfaitement à la caricature qu’en font habituellement les médias : il a été méchant et populiste.
Faisons le point sur ce que tout ceci signifie : quand le coprésident du Parti de Gauche s’évertue à résister aux formats médiatiques pauvres (questions- réponses « du tac au tac ») et à expliquer son programme avec autant de pédagogie que faire se peut compte-tenu des circonstances qui lui sont imposées, on le traite sans vergogne de méchant et/ou de populiste ; quand, en revanche, il publie un tweet effectivement méchant et populiste, tout le monde se demande en premier lieu s’il en est bien l’auteur ou si son compte n’a pas été piraté. Qu’en conclure, dès lors ? Que la caricature médiatique qui est habituellement faite de Jean-Luc Mélenchon – caricature qui n’est jamais (ou très rarement) questionnée, et qui est néanmoins répétée à l’envie par la corporation journalistique – est tout simplement fausse… Si bien que quand le réel se met à coller aux fantasmes anti-mélenchoniens, tout le monde est sur le tweet – passez-moi le jeu de mots.
Pour approfondir le sujet, je vous invite également à aller lire la note de blog que Jean-Luc Mélenchon a publié sur la question.