Le dimanche 19 juin 2017, Jean-Luc Mélenchon prenait la parole au soir du second tour des élections législatives. Il a salué le résultat de la France insoumise, qui obtient assez de députés pour pouvoir constituer un groupe à l’Assemblée nationale, et a tiré le bilan politique de cette élection. Voici l’essentiel du discours qu’il a prononcé ce soir-là.
L’abstention : « une grève générale civique »
« L’abstention écrasante qui s’est exprimée aujourd’hui a une signification politique offensive : notre peuple est entré dans une forme de grève générale civique dans cette élection, faisant ainsi la démonstration de l’état d’épuisement d’institutions qui prétendent organiser la vie de la société avec un mode de scrutin où une minorité étriquée a tous les pouvoirs. C’est pourquoi je vois dans cette abstention une énergie disponible pour peu que nous sachions l’appeler au combat avec les mots et dans les formes qui conviendront à la compréhension et aux possibilités de chacun. Pour peu que nous l’appelions, alors cette force peut se déployer et passer de l’abstention à l’offensive. (…) L’espérance d’un monde des jours heureux reste intacte à la condition que, dorénavant, la force de l’abstention devienne la force de la révolution citoyenne. »
Le groupe « France insoumise » à l’Assemblée nationale : la « résistance sociale »
« Le peuple français dispose à l’Assemblée nationale d’un groupe « La France insoumise » cohérent, discipliné, offensif. (…) C’est lui qui appellera le pays, le moment venu, à une résistance sociale. »
Casse du code du travail : la lutte commence contre le « coup d’État social » de Macron.
« J’informe le nouveau pouvoir que pas un mètre du terrain du droit social ne lui sera cédé sans lutte. (…) Cette majorité boursoufflée qui est constituée à l’Assemblée nationale n’a pas, à nos yeux, la légitimité (…) pour perpétrer le coup d’État social qui était en prévision. C’est à dire : la destruction de tout l’ordre public social par l’abrogation du code du travail. »
État d’urgence dans le droit commun : « pas la légitimité pour transformer le régime des libertés publiques »
« Cette majorité n’a pas la légitimité pour transformer le régime des libertés publiques dans le sens restrictif qui était prévu par l’idée de faire passer dans la loi ordinaire les dispositions, pour le coup vraiment extraordinaires, de l’état d’urgence. Non : elle n’en a pas la légitimité. »
L’appel au référendum sur les mesures antisociales et antidémocratiques
« Je dis que le nouveau pouvoir, s’il juge que c’est vraiment la nécessité pour le pays [de détruire le code du travail et de faire passer les dispositions de l’état d’urgence dans le droit commun], et que cela est conforme à son intérêt, alors il faut qu’il procède par la voie la plus démocratique qui est en son pouvoir. C’est à dire : que le peuple français soit consulté par référendum pour savoir si oui ou non il veut de ce que cette minorité [politique] prétend lui imposer. »
Le mouvement « La France insoumise » et ses élus pour « porter devant le fanal du combat »
« Notre mouvement a à peine un an, je le sais bien. Et nous marchons sur des sentiers inconnus de nous. Nous allons donc tâcher d’avancer en ayant toujours à l’esprit d’abord que c’est notre utilité pour les autres qui justifie notre existence. Je me réjouis de voir tant de jeunes hommes et de jeunes femmes, pour certains – et non les moins nombreux – à peine trentenaires, devenir vos porte-parole. La jeune génération est là. Le combat est assuré, en toute hypothèse, de sa pérennité. (…) Notre groupe et notre mouvement, fort de ses 500 000 affiliés, est une force immense. (…) Le peuple français n’a donné aucune chance aux survivants de l’ancien monde. Et il nous a désignés pour, dorénavant, porter devant le fanal du combat. »
Pour « un nouveau Front populaire »
« J’appelle, (…) à l’Assemblée, dans le pays, dans les villes et les campagnes, à la formation partout d’un nouveau front populaire politique, social et culturel, capable de rassembler dans toute leur diversité de méthodes d’action, de pensées, toutes celles et tous ceux qui savent et qui ont compris que le moment de l’Histoire qui se présente devant nous s’écrit avec un grand « H ». Et que nous allons choisir d’une façon ou d’une autre, encore, dans les mois et les années qui viennent, dans quel monde nous voulons vivre, dans quelle société nous voulons vivre. »