Dans cette interview Antoine Léaument revient sur son parcours politique, ses engagements idéologiques et sa vision des grands enjeux actuels – des réseaux sociaux à l’antisémitisme, en passant par Robespierre, la France-Algérie ou encore Trump.
Antoine Léaument évoque son enfance à Châteauroux, son passage dans l’enseignement privé catholique, puis ses premiers pas en politique en 2007, au moment de l’élection présidentielle. À l’époque, c’est François Bayrou qui attire son attention, notamment par sa volonté affichée de rassembler la gauche et la droite au service de l’intérêt général, et par sa critique du système médiatique.
Tout change pour lui en 2010, après la crise des subprimes, la réforme des retraites de Sarkozy, et surtout la lecture du livre Qu’ils s’en aillent tous de Jean-Luc Mélenchon. Il y trouve une cohérence politique forte, une pensée structurée, une critique radicale du capitalisme, et une invitation à l’action. Il devient militant, puis attaché parlementaire de Mélenchon au Parlement européen pendant neuf ans.
Léaument assume une admiration pour Robespierre, qu’il voit comme un penseur novateur, en avance sur son temps sur la question de l’esclavage, des colonies, ou des droits des juifs. Il reconnaît la complexité historique de la Terreur, mais appelle à dépasser les simplifications et les campagnes de diabolisation. Il critique la glorification de Napoléon ou de Thiers, responsables de crimes bien plus massifs, souvent ignorés.
Il revient aussi sur la relation entre la France et l’Algérie, à travers la chanson Alger pleure du rappeur Médine. Il défend l’idée d’un dialogue respectueux entre les deux peuples et dénonce la stratégie de stigmatisation de Bruno Retailleau. Il appelle à la libération de Boualem Sansal tout en regrettant les instrumentalisations politiciennes qui ne font qu’aggraver les tensions.
Sur les réseaux sociaux, Antoine Léaument alerte sur les risques de manipulation de l’opinion, notamment par des puissances étrangères. Il défend la nécessité de développer l’esprit critique des citoyens et de sortir de la dépendance technologique vis-à-vis des plateformes américaines. Il plaide pour une reconquête de la souveraineté numérique européenne.
Il aborde ensuite la condamnation de Marine Le Pen, rappelant que ce type de peine a été soutenu par le RN lui-même. Mais pour lui, la vraie réponse au danger de l’extrême droite ne se situe pas dans les tribunaux, mais dans le combat politique, dans les urnes et dans la rue. Il insiste sur la nécessité de faire reculer les idées du RN – racisme, xénophobie, rejet du droit du sol.
Il évoque également les accusations d’antisémitisme visant LFI. Il les juge injustes et instrumentalisées, tout en réaffirmant que le combat contre l’antisémitisme est un fondement du programme insoumis. Il dénonce les amalgames entre critiques de Netanyahou et haine des juifs, et rappelle que des candidats nazis ont été trouvés dans les rangs du RN, pas chez LFI.
Enfin, il commente l’annonce de Donald Trump d’imposer de nouveaux droits de douane. Pour Léaument, il s’agit d’un protectionnisme autoritaire, qui menace l’économie mondiale. Il défend, lui, un protectionnisme solidaire, négocié, au service de la relocalisation écologique et sociale. Il appelle à une réponse coordonnée au niveau européen et à une reprise en main de la souveraineté économique et numérique.
L’interview se termine sur une note d’alerte. Antoine Léaument voit dans la montée des extrêmes droites une menace globale, mais croit que la France peut faire exception. La présidentielle de 2027 sera, selon lui, un tournant décisif.