Antoine Léaument intervient à l’Assemblée nationale pour dénoncer l’inefficacité de la proposition de loi censée « sortir la France du piège du narcotrafic ». Il rappelle que ce texte ne s’attaque pas aux véritables causes du problème et qu’il s’inscrit dans la continuité d’une politique répressive en échec.
La France est déjà le pays le plus répressif d’Europe en matière de stupéfiants, mais elle a pourtant l’un des taux de consommation les plus élevés. 50 % des Français ont déjà consommé du cann@bis, 10 % de la c. ou de l’ecstasy. Pourtant, ce projet de loi ne contient aucune mesure sur la consommation. Les forces de l’ordre concentrent 83 % de leur action pénale sur les simples consommateurs plutôt que sur les gros trafiquants.
Antoine Léaument critique les « opérations place nette » qui, bien qu’annoncées en grande pompe, n’ont aucun effet durable sur les réseaux de trafic. Il rappelle que ces actions ciblent uniquement les petits dealers, sans jamais s’attaquer aux « multinationales de la drogue » et aux véritables financiers du narcotrafic.
Il dénonce les mesures liberticides du texte, comme la possibilité d’interdire administrativement à une personne de paraître dans certains lieux ou de résilier un bail locatif sur simple soupçon. Il fustige également la fermeture de commerces sur la seule base d’une rumeur, sans preuve ni décision de justice, violant ainsi le droit de propriété.
Au-delà de ces atteintes aux libertés, il pointe l’inefficacité des dispositifs proposés. L’instauration de « backdoors » pour surveiller les communications ne gênera pas les trafiquants, qui utilisent déjà des messageries cryptées, mais affaiblira la sécurité des citoyens face aux cybermenaces et à l’ingérence étrangère.
Face à cette approche répressive, Antoine Léaument expose les véritables solutions pour lutter contre le narcotrafic. Il souligne que la drogue est un marché ultra-capitaliste, et qu’il faut s’attaquer à l’offre et à la demande. Pour cela, il propose :
– L’installation de scanners dans les ports pour bloquer l’entrée des stupéfiants.
– Des moyens renforcés pour lutter contre le blanchiment d’argent et la corruption.
– Un logiciel efficace pour la police et la justice, attendu depuis 8 ans malgré 20 millions d’euros investis.
– La réintroduction de la police de proximité pour agir sur le terrain.
– Une véritable politique de prévention pour éviter l’entrée dans la consommation et aider ceux qui souhaitent décrocher.
Il évoque également la légalisation du cann@bis comme un levier clé pour assécher les revenus des trafiquants, financer la prévention et libérer des moyens policiers pour lutter contre les trafics plus dangereux, comme celui de la c.
Ce discours est un plaidoyer pour une politique pragmatique, efficace et respectueuse des libertés, loin des effets d’annonce sécuritaires du gouvernement.