insoumission choix

L’insoumission est un choix. L’information aussi.

La France insoumise tenait ce week-end sa troisième assemblée représentative. Un événement au cours duquel ont été proposées de nombreuses évolutions de l’organisation du mouvement, qui a fêté en février ses trois ans d’existence. Ces propositions vont maintenant être transmises à l’ensemble des insoumis pour qu’ils puissent s’exprimer par leurs votes. Mais, à en juger par les commentaires qu’on pouvait lire sur les réseaux sociaux durant l’évènement, – entièrement retransmis en direct par la France insoumise, – ces propositions semblent recevoir un accueil très favorable de la part des insoumis.

De quoi mettre le mouvement en ordre de bataille pour les échéances à venir, et notamment les élections municipales. D’ailleurs, le texte d’orientation programmatique pour ces élections, discuté lors de cette assemblée, a reçu un excellent accueil des participants. Là encore, il va maintenant être transmis aux insoumis pour un vote sur la plateforme. On verra ce qu’ils en disent. Mais il me semble qu’il est en phase avec ce que beaucoup attendent de notre mouvement.

Mais qu’ont retenu les médias de cette assemblée représentative ? D’abord, l’idée qu’Adrien Quatennens aurait été nommé « numéro 2 du mouvement ». Je note que les amis de la démocratie qu’ils sont (à n’en pas douter) oublient qu’un vote va avoir lieu sur la nouvelle organisation, et qu’ils vont un peu vite en besogne. Mais je m’interroge aussi sur cette appellation. Car s’il y a un numéro 2, qui sont les numéro 1, numéro 3, numéro 4 et ainsi de suite ? Sans doute pensent-ils à Mélenchon pour le numéro 1. Mais il n’est pas dans l’organigramme proposé. Mystère, donc. Mais surtout, il a été précisé lors de l’assemblée que le rôle d’Adrien serait de coordonner les différents espaces (programme, Parlement européen, groupe parlementaire, luttes, etc.). Une tâche qui ne correspond donc en rien à un concours hippique donnant lieu à des classements mais bien à des besoins très concrets.


Le « retour » de celui qui était… là où ils n’étaient pas.

Autre point d’intérêt des médias : le « retour de Jean-Luc Mélenchon ». On se demande bien où il était parti vu qu’on l’avait vu la veille à Belfort aux côtés des salariés en lutte de General Electric (ex Alstom), mais aussi le 19 juin en Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale pour présenter un rapport sur la mer largement salué et adopté à l’unanimité des présents en commission. Vous ne le saviez pas ? Normal, ça n’intéresse pas les journalistes : c’est du fond. Et pas n’importe lequel puisqu’il était notamment question de l’exploration des grands fonds marins. Trop compliqué pour les journalistes politiques sans doute. Si le sujet vous intéresse, vous pouvez consulter le dossier sur le blog de Jean-Luc Mélenchon. Puisque les médias ne font pas d’information, on essaie de s’en charger nous-mêmes.

J’ajoute, puisque le sujet de savoir où pouvait bien être Mélenchon passionne les journalistes, que s’ils avaient daigné traîner les pieds jusqu’à l’Assemblée deux jours plus tôt, ils auraient peut-être pu l’entendre parler des riches qui « coûtent trop cher ». Une analyse intéressante sur la cause des déficits publics : ce qui nous coûte le plus, ce sont les cadeaux fiscaux qui sont faits aux plus fortunés. Etrangement, pas une trace de ce discours dans les journaux des milliardaires. Pourquoi diable ? Ajoutons que la semaine précédente, Mélenchon tenait un discours sur la privatisation des lignes de bus de la RATP et, plus largement, sur la question des transports urbains. Bref : si les journalistes pensaient que Mélenchon avait disparu, c’est peut-être qu’il est temps de parler de l’absentéisme des journalistes à l’Assemblée nationale !

J’ajoute, pour le comique de la chose, que la semaine dernière, il était déjà question du « retour de Jean-Luc Mélenchon » lorsqu’il avait répondu au discours de politique générale du Premier ministre Edouard Philippe en lui assénant : « Monsieur le Premier ministre, vous combattre, c’est faire notre devoir ». Il a donc réussi l’exploit de revenir deux fois en deux semaines sans être jamais parti. Balèze, Mélenchon !

Déformation médiatique

Au lendemain de l’assemblée représentative, un dernier thème a finalement intéressé les journalistes. Il s’agit du départ de Manon Le Bretton. L’ancienne responsable de l’école de formation de la France insoumise a en effet décidé qu’il était temps pour elle de faire chemin ailleurs. On peut le regretter compte tenu du fait qu’avec son départ, le secteur est maintenant laissé en jachère. Ni elle ni Thomas Guénolé n’ont en effet proposé qui que ce soit pour les remplacer et continuer cette activité si utile de formation. Dommage, et d’autant plus rageant à mes yeux que beaucoup de membres de mon équipe ont porté à bout de bras cette école du point de vue technique pour pouvoir réaliser des émissions en direct d’une bonne qualité avec peu de moyens et beaucoup de bonne volonté. Pas un mot pour eux, pas un mot pour les petites mains qui ont cramé nombre de leurs week-ends pour essayer de bien faire et de répondre à toutes les demandes. Mais passons.



Non, ce qui est intéressant ici, ce sont les proportions médiatiques que peut prendre, dès qu’il s’agit de la France insoumise, un fait comme celui-ci. Dès que quelqu’un, quelle que soit sa place dans l’organisation, publie un texte et l’envoie à la presse pour dire qu’il s’en va, les médias en font immédiatement leurs choux gras. Dans le cas présent, voici la chose la chose repeinte en « coup dur pour Mélenchon » pour L’OBS. De son côté, Le Monde titre carrément que « La France insoumise ne parvient pas à régler ses tensions internes ». Ainsi, en quelques titres bien sentis, le non-évènement en devient un. Conclusion : si vous êtes insoumis et en manque de lumière, quitter la France insoumise avec fracas en critiquant son fonctionnement est une assez bonne méthode pour avoir un article à votre sujet. Mais dépêchez-vous. Car comme le journalisme moderne fonctionne par modes successives, ce sera peut-être bientôt le fait de rejoindre la France insoumise avec fracas qui pourrait vous donner un peu de lumière médiatique.

Un problème démocratique

À ma connaissance, la France insoumise est le seul mouvement politique de notre pays à subir un tel traitement médiatique visant à salir un outil collectif ou son principal porte-parole dès que quelqu’un décide de s’en aller. Tenez, la preuve. Connaissez-vous Aina Kuric ? Non ? Étonnant ! Ou pas. C’est une députée qui a quitté LREM en ne mâchant pas ses mots contre le mouvement. Un événement peu traité par la presse nationale et qui a essentiellement donné lieu à des articles de presse régionale de la circonscription de la députée. Qu’en pensent les journalistes politiques ? Où sont leurs articles successifs pour dénoncer la tyrannie de Macron et le manque de démocratie interne à LREM ? On ne les verra jamais. Il faut dire que quand on est éditorialiste, on peut aussi prétendre devenir porte-parole de l’Elysée comme Bruno-Roger-Petit ou président du groupe LREM à l’Assemblée, comme Gilles Le Gendre. Encore un effort et Christophe Barbier devrait être nommé ministre sous peu.

Cette différence de traitement pose un problème démocratique majeur. Celui qui fait que la France insoumise doit trouver les moyens d’évoluer dans ses modes d’organisation sous la pression permanente du rouleau-compresseur médiatique. Une situation qui fait que ce jeune mouvement peut subir des coups aléatoires du moindre mécontent… qui peut en plus choisir son moment pour s’assurer un maximum de reprises médiatiques (exemple : au lendemain d’une assemblée représentative). C’est injuste et démotivant pour toutes celles et ceux qui croient sincèrement en la démarche portée depuis 2016 par ce mouvement et qui ne renoncent pas à faire gagner L’Avenir en commun.


De l’autre côté du mur opaque des médias

Mais heureusement, sur le terrain, la volonté d’avancer reste intacte en dépit de ce genre de coups. Parfois, même, elle renforce la conviction de celles et ceux qui luttent. Bien sûr, certains s’en vont, et c’est la vie. Mais comme dirait Jean Gabin dans Le Président : « Il y a des poissons volants mais ils ne forment pas la majeure partie du genre ». Le problème est que les médias nous font surtout voir les poissons volants.

Je pense pour ma part à toutes celles et ceux qui ont rejoint la France insoumise pendant l’élection européenne. Je ne sais pas ce qu’il en est dans l’ensemble du pays mais je sais ce qu’il en est où je milite. Nous voyons de nouvelles têtes. Des têtes jeunes et bien faites, des gens qui ont porté pendant plus de sept mois le gilet jaune ou occupé des ronds-points, des gens qui s’étaient démotivés après la présidentielle et les législatives mais qui sont revenus.

Tout cela, si nous n’en parlons pas nous-mêmes, nous ne pouvons à l’évidence pas compter sur les médias pour le raconter. C’est la part la plus belle de la grande histoire insoumise que nous écrivons tous ensemble. Elle est loin des cercles médiatiques qui ne dépassent pas le périphérique et tournent en rond dans les méandres de la politique parisienne. Je sais qu’en me lisant, beaucoup d’insoumis verront de quoi je parle et constatent les mêmes mouvements chez eux. Je sais aussi que les élections municipales peuvent être le moment de faire travailler tout le monde ensemble : ceux qui sont là depuis longtemps, ceux qui viennent de nous rejoindre et ceux qui sont sur le point de le faire ou qui veulent agir avec nous. Je sais enfin que ce cadre électoral est celui qui permet le mieux l’expression d’une organisation démocratique du mouvement depuis les groupes d’action. C’est tout cela que j’espère nous voir construire tous ensemble dans cette nouvelle séquence qui s’ouvre.

Assez de blabla. Du combat !
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