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À Beaune, le racisme a failli tuer et (presque) tout le monde s’en fout

Dans la nuit du 29 au 30 juillet 2018, sept jeunes avaient été blessés à Beaune par une attaque à la voiture suivie deux heures plus tard d’une fusillade. Au cours de cette double attaque, les criminels qui l’ont commise avaient proféré des insultes racistes, traitant ces jeunes de « bougnoules » et leur disant qu’ils n’avaient « rien à faire dans ce pays ».

Pourtant, en dépit de la violence de l’attaque et du mode opératoire utilisé (qui ressemble clairement à ceux d’actes terroristes que notre pays a eu à connaître ces dernières années), aucune chaîne d’information en continu n’a traité cet événement comme un sujet grave ou, au minimum, méritant qu’on s’y arrête. Et, d’une manière générale, les articles traitant de cette affaire dans les médias ont été quasi inexistants.

Les auteurs présumés interpellés

Ce vendredi 10 août, les deux hommes suspectés d’avoir commis cette attaque raciste ont été interpelés à Marseille après une traque de dix jours qui a mobilisé une quarantaine de policiers et une vingtaine de gendarmes. Ils ont été placés en garde-à-vue pour « tentative d’assassinat, violences aggravées par (…) notamment la circonstance que les faits ont été commis en raison de l’appartenance à une soi-disant race, religion ou ethnie, réelle ou supposée, injures publiques à caractère racial, menaces de mort à caractère racial ».



Si le premier individu a été interpellé à 16h30 vendredi 10 août, le second ne l’aura été que trois heures plus tard. Le forcené a en effet tenté de s’enfuir en fonçant sur les policiers, blessant au passage à la jambe un fonctionnaire de la Brigade de Recherche et d’Intervention (BRI) de Marseille. Il sera donc également poursuivi pour « tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de la force publique ».

Au total, deux hommes aux modes d’action assimilables à ceux de terroristes ont donc sillonné le pays durant plus de dix jours après avoir commis leur tentative d’assassinat raciste. Une information glaçante quand on sait qu’ils étaient armés et qu’au moins l’un d’entre eux n’a pas hésité à foncer sur des policiers pour échapper à une interpellation.

Le traitement médiatique en question

Pourtant, la couverture médiatique de cette affaire est restée celle d’un banal fait divers. Quelques articles nous ont informés sur l’attaque, d’autres sur le fait qu’en dépit du témoignage des jeunes visés « le mobile raciste [n’était] pas établi », d’autres enfin sur l’arrestation des auteurs présumés survenue ce vendredi. Sauf erreur, jamais les chaînes d’information en continu n’ont traité ce sujet autrement que par des bandeaux défilants ou de vagues annonces et non, précisément, comme un réel sujet, reportages et témoignages à l’appui.



Une question se pose donc. Pourquoi un individu qui crie « Allahu akbar » en fonçant sur des gens ou en leur tirant dessus est-il traité comme un terroriste et déclenche des « éditions spéciales » tandis que quand deux hommes le font en criant « bougnoules » l’évènement est, par comparaison, complètement invisible ? Pourquoi a-t-on en deux heures le CV et le casier judiciaire du premier tandis qu’on ne sait toujours rien des seconds et que cela ne semble à l’évidence toujours pas être considéré comme un sujet méritant d’être traité ?

L’indifférence au racisme est un poison mortel

Il faut s’en inquiéter. Cet événement tragique dit quelque chose de notre société. Il dit à la fois que nous nous sommes accoutumés à la violence terroriste sous toutes ses formes et que nous avons une difficulté à la qualifier comme telle dès lors que l’objectif politique porté par les violents ne colle pas aux schémas désormais considérés comme « usuels ». C’est donc un problème majeur qui se dévoile dans cette affaire et qui tient en quelques mots : si notre société s’est accoutumée au terrorisme, elle s’est aussi accoutumée au racisme.

Il est temps d’en prendre conscience ! Et de réfléchir aux moyens de changer cela. Car l’indifférence générale au racisme et aux violences qu’il entraine est une menace mortelle pour nos concitoyens qui en sont victimes. Mais aussi pour notre République qui ne peut survivre comme un véritable projet politique dès lors que s’instille en nous ce poison qui divise le peuple.



C’était d’ailleurs le sens du message porté par les habitants de Beaune lors d’un rassemblement contre le racisme organisé ce vendredi 10 août. L’arrestation des auteurs présumés n’était alors pas encore connue. Ce jour-là, par ce rassemblement symbolique, les habitants de Beaune ont porté la parole de tous ceux qui, dans notre pays, refusent que s’instille en nous l’indifférence au racisme. Qu’ils en soient ici remerciés.

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