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Capture d'écran du 20h de France 2 du 4 mars 2018.

Nouveau Mélenchon-bashing au 20h de France 2 : bienvenue sur Télé-Macron !

Après son interview-propagande du président de la République en fin d’année 2017, Laurent Delahousse nous a régalé d’un nouvel épisode du pire de ce que peut produire Télé-Macron. En effet, à l’occasion du 20h de France 2 du 4 mars 2018, un prétendu « décryptage » de 2 minutes a été diffusé. Le thème ? Ces politiques qui sont méchants avec les médias (pauvres médias qui sont si gentils !). L’angle ? Mélenchon = Wauquiez = Le Pen.

Tout commence par ces mots : « Un trio inattendu : Jean-Luc Mélenchon, Laurent Wauquiez, Marine Le Pen… tous en guerre contre la presse ». Avec à l’appui une belle photo des trois et des petits éclairs au milieu (voir la capture d’écran en haut de cet article), du genre « les trois violents ». Mais en réalité, toute cette mise en scène n’a qu’un seul objectif : taper Mélenchon.

Le « décryptage » continue d’ailleurs sans ambiguïté : « Le plus virulent, c’est le chef de file des insoumis », avec à l’appui des citations courtes d’une longue note de blog de Jean-Luc Mélenchon intitulée : « Le coup monté du “service public” contre la “France insoumise” ». Puis vient l’essentiel de l’argumentaire de propagande de ce « décryptage » : « Une offensive que comprend Marine Le Pen, elle qui, avec son père, s’est toujours élevée contre les médias ». En trente seconde, nous voici donc déjà arrivés au point Mélenchon = Le Pen.



Puis arrive l’inénarrable vidéo de Jean-Luc Mélenchon de 2010, déjà utilisée de nombreuses fois par les médias pour signaler combien le tribun serait « violent » avec les médias. Évidemment toujours coupée et jamais diffusée en entier car elle ferait trop voir combien sa critique des médias est construite et cohérente. Lancement de la vidéo en voix off : « Jean-Luc Mélenchon féroce avec les journalistes ? Ce n’est pas nouveau ! Il y a huit ans, voilà ce qu’il disait à l’un d’eux ». Seul extrait utilisé : « Tu fermes ta petite bouche. Tu me parles de politique. Moi je te parle de médias et de ton métier pourri. » Dommage de ne pas signaler que cet échange contenait une critique plus profonde sur les thèmes choisis par le parti médiatique.

Et ça continue : « Mais aujourd’hui il va plus loin. Devant ses troupes, il théorise sa stratégie. “Il faut taper tout le temps et tant pis si on n’est pas des proposants” ». Une citation ni datée ni sourcée. On arrive alors au dernier argument du « décryptage »-propagande : « Jean-Luc Mélenchon va même jusqu’à soutenir Laurent Wauquiez après ses propos polémiques devant des étudiants ». Et le « décryptage » de conclure (avec des images côte-à-côte de Mélenchon, Le Pen et Wauquiez) : « Point commun entre ces trois leaders : chacun traverse une période politique délicate. S’en prendre à la presse : une façon de se poser en victime ». Clap de fin. Applaudissements nourris au palais de l’Élysée. Télé-Macron a parfaitement fait ce qu’on attendait d’elle.

Un mensonge et deux « oublis »

Si un tel « décryptage »-propagande peut et doit provoquer le dégoût face au parti médiatique, il faut toutefois l’analyser froidement pour ne rien oublier. Nous avons déjà montré comment l’essentiel de ce document vise à mettre sur le même plan Mélenchon d’une part et le duo Wauquiez-Le Pen d’autre part. Nous avons aussi montré que le champ lexical utilisé pour parler du porte-parole de la France insoumise est celui de la violence : il est « en guerre », « virulent », « féroce » et mène une « offensive ». Mais il faut ajouter qu’il y a dans ce « décryptage-propagande » un mensonge et deux « oublis » (on va appeler ça comme ça pour ne pas être trop « féroces »).

Le mensonge, c’est celui qui concerne la « période politique délicate » que traverseraient Mélenchon, Wauquiez et Le Pen. C’est peut-être vrai pour les deux derniers, mais ça ne l’est en rien pour le premier. Toutes les enquêtes d’opinion récentes le donnent très haut et en progression. Ainsi pour le baromètre mensuel de Kantar-Sofres pour Le Figaro Magazine selon lequel Mélenchon est la deuxième personnalité politique préférée des Français, en hausse de quatre points (la plus forte hausse du baromètre). Ou encore le récent sondage Odoxa pour L’Express, France Inter et la presse régionale, qui montrait une envolée de Mélenchon et une dégringolade de Macron.



Mais paradoxalement, les deux « oublis » sont encore pires que le mensonge. Car ce sont eux qui font définitivement de ce « décryptage » un outil de propagande et non d’information. Premier « oubli » : Macron lui-même est très virulent contre les médias. Il a ainsi déclaré que l’audiovisuel public était la « honte de la République ». Pourquoi dès lors ne pas le mettre dans le « décryptage » ? Peut-être parce que la réforme à venir de l’audiovisuel public fait craindre la main du maître et qu’on se montre bien docile avec lui pour avoir de jolis postes bien payés quand sera finie ladite réforme ?

Deuxième « oubli » : la pétition lancée par Jean-Luc Mélenchon pour un conseil de déontologie du journalisme. Comment faire un « décryptage » honnête sans l’évoquer ? Lancée il y a trois mois, elle recueille aujourd’hui près de 200 000 signatures. Preuve que la critique qu’il porte et qu’il argumente est largement partagée dans la population française. Pourquoi ne rien dire dessus ? Serait-ce – on n’ose le penser ! – parce que les médiacrates du service public de l’information ont peur de que de nouvelles personnes la signent ? Ou bien s’agit-il seulement d’incompétence ?

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Ce dimanche 4 mars 2018, le 20h de France 2 a donc donné une magnifique démonstration de la logique oligarchique qui tient désormais lieu de fonctionnement unique au parti médiatique. Tout y était : la sainte corporation qui se serre les coudes face à la « guerre » de Mélenchon et l’aplatissement façon carpette devant le pouvoir politique en place. Un grand merci à Télé-Macron pour la brillante démonstration qu’elle vient de donner de sa parfaite servilité face au président de la République. Avec ce genre de pratiques dont il ne perçoit même plus le caractère ridicule, le parti médiatique renforce inexorablement la défiance que les citoyens entretiennent légitimement contre lui. On pensait qu’il avait touché le fond ; il continue de creuser.

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