abeille pesticides
Crédits photo : Wikimedia Commons

Les insectes disparaissent… mais un nouveau pesticide tueur d’abeilles va être commercialisé !

Selon une étude publiée le 18 octobre dernier par la revue PlosOne,plus de 75% des insectes volants ont disparu au cours des 30 dernières années. Une disparition massive qui aurait également des impacts en cascade sur de nombreuses autres espèces, compte tenu de la place des insectes dans la chaîne alimentaire.

Les chercheurs ayant mené cette étude se sont basés sur l’analyse de 63 aires protégées en Allemagne depuis 1989. Leurs chiffres rejoignent ceux obtenus par des chercheurs du CNRS en France, qui constatent par exemple une disparition de 85% de la population d’une espèce de carabidé (Poecilus cupreus) au cours des 23 dernières années sur une zone d’observation située dans les Deux-Sèvres.

Les pesticides responsables ?

En procédant par éliminations successives, les chercheurs se rejoignent sur un point : la cause la plus probable de disparition des populations d’insectes est l’utilisation de pesticides dans l’agriculture chimique.

Pourtant, c’est au lendemain même de la publication par PlosOne de cette étude au long cours qu’a été autorisée la mise sur le marché d’un nouveau pesticide : le sulfoxaflor. Il s’agit, selon l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF), d’un pesticide néonicotinoïde extrêmement dangereux pour les abeilles. Et lorsque les apiculteurs ont interrogé le cabinet du ministre de l’écologie, Nicolas Hulot, sur cette mise sur le marché, « ils ont eu l’air surpris, cette autorisation aurait été décidée dans leur dos », si l’on en croit les propos de Gilles Lanio, président de l’UNAF, rapportés par Le Monde.

Un comble alors que la question des néonicotinoïdes avait provoqué dès l’été 2017 les premiers remous au gouvernement, le ministre de l’écologie Nicolas Hulot affirmant dans un tweet que « les interdictions de néonicotinoïdes & épandage aérien ne seront pas levées », contrairement à ce qu’affirmait alors le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert…

Urgence écologique

Et la question des néonicotinoïdes va continuer à se poser dans le futur puisque les apiculteurs craignent désormais qu’un nouveau pesticide de cette famille soit bientôt mis sur le marché, le flupyradifurone, actuellement en phase d’étude. Face à cela, les pouvoirs publics semblent au mieux « surpris », au pire impuissants. Pourtant, si l’on en croit les différentes études, qui vont toutes dans le même sens, il y a urgence à agir contre les pesticides chimiques, car il mettent potentiellement en danger l’équilibre de l’écosystème tout entier.

Ajoutons que cette urgence est en réalité un devoir constitutionnel pour les pouvoirs publics. La Charte de l’environnement, ajouté au bloc constitutionnel en 2004, définit dans son article 5 la notion de principe de précaution, qui s’applique précisément à ce type de situations :

« Lorsque la réalisation d’un dommage, bien qu’incertaine en l’état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l’environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution et dans leurs domaines d’attributions, à la mise en oeuvre de procédures d’évaluation des risques et à l’adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage. »

Macron : la com’ et l’inaction

Au final, et comme les tergiversations du gouvernement sur l’interdiction du glyphosate le montrent, derrière la communication greenwashing d’Emmanuel Macron à grands coups de « Make our planet great again », le président de la République ne semble pas prêt à agir de manière aussi ferme pour la préservation de l’écosystème et de la santé humaine qu’il l’a été pour faire d’immenses cadeaux fiscaux aux plus riches.

Rappelons enfin que parmi les quatre candidats arrivés en tête à l’élection présidentielle, seuls Jean-Luc Mélenchon et son programme L’Avenir en commun proposaient clairement de proscrire les pesticides chimiques dans le cadre du développement d’une agriculture biologique et de « bannir les pesticides nuisibles en commençant par une interdiction immédiate des plus dangereux (glyphosate, néonicotinoïdes, etc.) » pour sauver l’écosystème et la biodiversité. Les programmes de Marine Le Pen et de François Fillon ne mentionnaient même pas le mot « pesticide » ! Celui d’Emmanuel Macron proposait quant à lui de « placer la France en tête du combat contre les perturbateurs endocriniens et les pesticides »… On voit aujourd’hui qu’entre la communication du candidat et les actes du président, le fossé ne cesse de se creuser.

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