melenchon europe
Crédits photos : capture d'écran (à g.), MPD01605 (à d.)

Les 12 propositions de Jean-Luc Mélenchon pour l’Europe

Le mardi 10 octobre 2017, se tenait à l’Assemblée nationale un débat sur l’avenir de l’Union européenne. À cette occasion, lors d’un discours à la tribune, Jean-Luc Mélenchon a présenté douze propositions pour refonder l’Europe.

Voici ces douze propositions  :

Il nous faut des règles claires sur le nerf qui agite tout le reste de l’organisme. Il faut :
1) mettre fin à l’indépendance de la Banque centrale européenne,
2) organiser le rachat de la dette publique directement aux États, car on en a pour cent ans à rembourser cette dette dans toute l’Europe. Personne ne la remboursera jamais, sachez-le, mes chers collègues ! Et c’est absurde de proposer aux générations qui viennent d’avoir pour seul objectif d’acquitter une dette. La liquider n’est rien, c’est de la technique, et je pourrais m’en ouvrir à vous quand vous le voudrez.
3) Ensuite, il faut maintenir le niveau de l’euro au niveau du dollar ; chaque fois que l’euro est surévalué, nous nous ruinons.
4) Il faut prohiber les instruments financiers toxiques,
5) taxer les transactions financières,
6) contrôler les mouvements de capitaux,
7) organiser la conférence européenne sur les dettes souveraines,
8) arrêter la libéralisation des services publics,
9) mettre en place un protectionnisme solidaire. J’ai vu que le Président commence à le proposer en mettant une taxe carbone aux frontières de l’Europe, ce qui est un début ; si ça vaut pour le carbone, ça doit valoir pour le reste.
10) Il faut mettre fin au dumping à l’intérieur de l’Union européenne,
11) refonder la politique agricole commune pour garantir l’autosuffisance alimentaire, laquelle était d’ailleurs garantie par la première PAC et ne l’est plus aujourd’hui.
12) Enfin, il faut abandonner le marché carbone, qui est un droit à salir quand on en a les moyens.

Ces douze propositions sont celles du programme L’Avenir en commun que Jean-Luc Mélenchon a porté durant l’élection présidentielle puis – avec des centaines d’autres candidat.e.s de la France insoumise – aux élections législatives. Il s’agit, pour être exact, du point 51 du programme, qui propose un « plan A » pour l’Union européenne : celui d’une négociation qui permettrait une « refondation démocratique, sociale et écologique des traités européens ». Ce point du programme précise également qu’en cas d’accord avec les partenaires européens sur ces propositions, « le résultat des négociations sera soumis à référendum du peuple français qui décidera souverainement de sa participation à l’Union européenne refondée ou de la sortie ».

Evidemment, en cas d’échec des négociations est prévu un « plan B » (c’est… suspense ! le point 52 du programme L’Avenir en commun) de rupture claire avec la pente suivie par l’Union européenne actuelle.

Il me semblait important de revenir sur ces propositions de Jean-Luc Mélenchon et du programme L’Avenir en commun pour trois grandes raisons.

Premièrement parce que c’est le jour où ce discours a été prononcé qu’a choisi Emmanuel Macron pour déclarer qu’il allait reconnaître le drapeau et l’hymne européen. Il a donc voulu détourner l’attention du débat de fond sur l’Union européenne qui avait lieu à l’Assemblée nationale (et il a obtenu facilement pour cela la complicité du monde médiatique adepte du clash et du buzz, parce que « Macron face à Mélenchon », ça fait vendre du papier) pour le porter sur ses aspects symboliques… tout en commettant l’erreur de penser que les symboles n’étaient pas porteurs de débats de fond, comme l’a très bien expliqué Jean-Luc Mélenchon dans la 42e Revue de la semaine.

Deuxièmement, parce que nombre de commentateurs de la vie politique essaient depuis quelques temps de réduire la France insoumise à une force d’opposition et non pas de proposition. Pourtant, on a pu voir dans ce discours de Jean-Luc Mélenchon à la tribune de l’Assemblée nationale que si la France insoumise assumait pleinement son rôle d’opposition à la politique d’Emmanuel Macron et aux exigences de Bruxelles (qui sont en réalité une seule et même chose), elle était aussi et d’abord une force qui propose une alternative à cette politique et qui a pour cela des propositions concrètes, construites, cohérentes plaçant au-dessus de tout la souveraineté du peuple.

Troisièmement et dernièrement, parce que dès qu’il s’agit de l’Union européenne, tout débat est immédiatement réduit par nombre de commentateurs à une opposition stérile du type « soit on est pour l’Europe, soit on est nationaliste, chauviniste, populiste (et tout autre mot en “-iste” qui effraie le nanti) ». Pourtant, on peut être contre l’Europe actuelle mais pour l’idée européenne… bien qu’il faille désormais développer des talents d’imagination pour réussir à imaginer comment (re)construire la solidarité entre des peuples qu’on a dressé dans une logique de compétition les uns contre les autres depuis des années dans le cadre du marché unique. C’est tout le sens de la dialectique entre le « plan A », qui est une suppression des logiques de compétition au sein de l’Union européenne, et le « plan B », qui est la reconstruction de logiques de coopérations européennes sur d’autres bases que celles de l’Union actuelle, si elle refuse de changer. C’est d’ailleurs l’idée exprimée par Jean-Luc Mélenchon à la tribune de l’Assemblée nationale :

« Ce qui tue l’Europe, c’est d’avoir rendu impossible l’expression d’un intérêt général européen, c’est-à-dire d’avoir empêché son peuple, ses peuples de constituer ensemble un intérêt général, qui est nécessairement un intérêt social. Les traités européens interdisent l’harmonisation sociale, ils interdisent l’harmonisation fiscale. Ils ne connaissent qu’une règle : la concurrence libre et non faussée, c’est-à-dire la compétition de chacun contre tous à l’intérieur des nations et entre les nations. (…) Voilà ce qui tue l’Europe plus que tout autre égoïsme, plus que toute autre construction bureaucratique incompréhensible. Il faut donc changer de cap. Ce sera l’objet de cette élection [européenne], du moins c’est ce que je souhaite ; et cela doit apparaître aussi clairement que possible. (…) Il faut changer de cap, il faut rendre possible l’harmonisation sociale et fiscale entre les peuples d’Europe. »

Douze ans après le « NON » du peuple français au référendum de 2005, il est temps pour notre pays d’avoir un débat serein mais sérieux sur l’Union européenne et de trancher collectivement les grandes questions géopolitiques, économiques et démocratiques qu’elle pose. Pour ou contre l’harmonisation sociale et fiscale (et si oui, par le haut ou par le bas) ? Pour ou contre la mise en place d’un protectionnisme solidaire ? Pour ou contre les traités de libre-échange ? Pour ou contre la fin de l’indépendance de la Banque centrale européenne ? Pour ou contre la sortie du marché carbone ? Pour ou contre une taxe sur les transactions financières ? Pour ou contre le règlement de la question de la dette par une conférence des dettes souveraines et la possibilité d’un rachat de ces dettes par la BCE ?

Toutes ces questions sont déjà là. Elles seront posées de nouveau au peuple français à l’occasion des élections européennes de 2019, avec, pour une fois, une alternative claire : pour on contre cette Europe-là ? La position de la France insoumise est claire : contre. Et ses propositions alternatives sont sur la table. On attend celles des autres !

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