magazine du monde mélenchon

Le magazine du «Monde» vomit (encore) sur Mélenchon

Pour la deuxième fois en quatre ans, M, le magazine du Monde a décidé de consacrer sa « une » à Jean-Luc Mélenchon. Et, pour la deuxième fois en quatre ans, il s’agit de tenter de salir celui qui a réuni plus de 7 millions de voix à l’élection présidentielle autour du programme L’Avenir en commun.

Souvenez-vous. Il y a quatre ans, M avait fait une couverture ignoble. On y voyait un montage réalisé à partir de photos de Jean-Luc Mélenchon elles-mêmes trafiquées. Des photos qui, mises ensemble, n’étaient pas sans rappeler le montage qu’Heinrich Hoffmann avait réalisé sur Hitler. Sur la « une » s’étalait aussi ce titre : « Le grand MÉCHANT Mélenchon ». À l’intérieur, pas mieux : tout était fait pour diaboliser le tribun avec l’utilisation d’un champ lexical ramenant tout à des éléments psychologisants (sa « rage », sa « susceptibilité », sa « colère », etc.). J’avais écrit à l’époque un article pour en faire la liste. Et il y avait enfin le moment de la publication de ce numéro de M, qui ne laissait rien au hasard : le 4 mai 2013, c’est à dire la veille (la veille !) de la marche pour la 6e République qu’avait organisée Jean-Luc Mélenchon et qui avait réuni 130 000 personnes à Paris.

mélenchon hitler
À gauche, la «une» du magazine du Monde du 4 mai 2013. À droite, les montages d’Heinrich Hoffmann.

Aujourd’hui, rebelote. Le magazine du Monde consacre de nouveau sa « une » et un long « portrait » (ils appellent ça « portrait » parce que ça fait plus sérieux que « dégommage en règle ») à Jean-Luc Mélenchon. En « une », une photo du tribun. Il est jeune, il a de grosses lunettes, et sur le bas de son visage s’étale ce titre : « QUI EST VRAIMENT JEAN-LUC MÉLENCHON ?». Voilà que l’honnête bourgeois frémit : il va enfin tout savoir, « vraiment », sur le diable rouge. Frisson garanti. Et puis, sur les autres pages, il pourra trouver toutes les publicités nécessaires au bon choix de sa prochaine montre de luxe.

« Lignes de failles ». C’est comme ça que commence l’article d’Ariane Chemin, « grande reporter » au Monde, sur Jean-Luc Mélenchon. Tout l’article est écrit sur un mode psychologisant qu’affectionnent particulièrement les journalistes branchouille. C’est pratique parce que ça permet de disqualifier quelqu’un sans parler de ses idées politiques (mais enfin, c’est normal, c’est un por-trait, on vous dit). Voici une liste des mots utilisés pour qualifier Mélenchon :

« Jean-Luc » s’est replié / calme et impénétrable / Pas de colère noire ou blanche, feinte ou sincère, pas de « vermine », de « parasites », de « crevards ». Pas de « show », comme il dit. « Tout s’est passé dans sa tête » / Personne ne connaîtra jamais la force de la tempête qui se lève sous son crâne ce soir-là, la collusion des sentiments muets qui produira une réaction chimique bizarroïde / «Méluche» a pris un masque de samouraï. / ll voyait déjà son portrait sur les murs de toutes les mairies de France. / la bouche de Jean-Luc Mélenchon tombe un peu plus que d’habitude / On guette ses mots comme autant de consignes et d’oracles. / Un long tuto à la Ponce Pilate / Quelle relation étrange, presque perverse, entre lui et les élections présidentielles ! Quand il perce, son moral plonge. / Mélenchon, pourtant, fait la gueule / il boude, ronchonne / Si furieux, si déçu / Il avait pourtant touché le fond / Sa nostalgie croise enfin un chagrin personnel / Une grosse déprime le saisit. / C’est la culture communiste, celle des moines-soldats. La sphère privée se confond avec l’action publique ; le militantisme s’emmêle insidieusement avec la vie personnelle. / son mental, les logiques de ses éclats borderline, ses failles et ses forces, la part de mauvaise foi dans sa bonne foi, qui les perce à jour ? / La voix hésite comme toujours entre la fureur et les larmes, et finit, loin des micros, des télés et des tréteaux, par tomber cette fois du côté de l’émotion. / chez Jean-Luc Mélenchon, l’immigration est triste et l’exil toujours malheureux / Marseille: là où le candidat de La France insoumise a tenu, le 9 avril, son meeting le plus fervent – un régal pour un psy. / Comme beaucoup de Narcisses contrariés, Mélenchon a du mal avec son image. / Il veut qu’on l’aime, puisque lui ne s’aime pas. S’il vit violemment ses échecs électoraux, c’est qu’il craint qu’on ne veuille pas – qu’on ne veuille plus? – de lui.

Et voilà ! Maintenant vous savez tout, « vraiment », sur Mélenchon, n’est-ce pas ? Passons sur les références sur le parcours de Jean-Luc Mélenchon (« trotskyste », « lambertiste », etc.) disséminées un peu partout dans l’article. C’est pour situer le diable rouge et faire frémir le bourgeois. Bon, bien sûr, nous autres, on s’en fout : on a l’habitude de lire ou d’entendre ça depuis des années. La caste est tellement bête et sans imagination qu’elle est en général incapable d’inventer de nouvelles trouvailles.

Pourtant, cet article innove dans l’abjection. Cette fois-ci, ils sont allés chercher jusqu’à des funérailles pour nous inventer des tares. Et pas n’importe quelles funérailles : celles de François Delapierre. Il était le bras-droit de Jean-Luc Mélenchon. Et un éclaireur politique et intellectuel pour nombre d’insoumis d’aujourd’hui engagés depuis des années à leurs côtés à tous les deux. François est décédé en juin 2015 d’une tumeur au cerveau foudroyante qui l’a diminué physiquement mais jamais intellectuellement, comme le montrent les éditoriaux qu’il a continué à écrire puis à dicter à Charlotte Girard, sa compagne, qui l’aidait à accomplir le travail.

Aussi, quand François Delapierre est décédé, nombre de gens ont voulu lui rendre un dernier hommage à la hauteur de ce qu’ils lui devaient. Alors, pour ses funérailles, nous avions mis nos écharpes rouges et porté des oeillets. Le premier est l’un des symboles que l’on porte en tant que membre du Parti de Gauche ; le second est une fleur qui fait référence à la révolution au cours de laquelle le peuple portugais s’est débarrassé du fasciste Salazar. C’était une idée de François de se saisir de ce symbole. Nous avons écouté, ce jour-là, les discours poignants de Charlotte Girard et de Jean-Luc Mélenchon. Nous avons chanté « Grandôla Vila Morena », le chant de la « Révolution des Oeillets » (encore une idée de François). Puis nous avons formé une chaîne humaine en mettant la main droite sur l’épaule droite de celui ou celle qui se trouvait devant nous. La main qu’on posait devant réconfortait celui ou celle qui avait son épaule dessous ; la main qu’on avait sur l’épaule était un réconfort pour soi. Un acte de camaraderie au sein d’une cérémonie qui, aujourd’hui encore, laisse un souvenir ému à toutes celles et ceux qui l’ont vécue. Un dernier hommage rendu et bien rendu à un camarade que l’injustice de la mort avait fauché trop tôt.

Mais ce n’est pas comme ça qu’Ariane Chemin, « grande reporter » du Monde, voit les choses. L’ignominie de l’article atteint son paroxysme au « récit » de la cérémonie. Un « membre de l’assistance d’alors (…) aujourd’hui encore un peu glacé » (bien sûr, il témoigne anonymement) décrit, paraît-il, un « groupe sectaire ». Et il ajoute qu’il y aurait là « tous les codes pour maintenir un clan homogène et très radicalisé ». Les mots sont blessants. Ils cherchent à salir une cérémonie pour laquelle chaque personne qui y a participé en souhaitant rendre un hommage sincère à François Delapierre conserve, aujourd’hui encore, l’émotion qu’elle contenait. Qui est ce témoin anonyme ? Était-il vraiment là pour rendre hommage à François ou pour se moquer des personnes endeuillées ? De quel droit se permet-il de qualifier ainsi une cérémonie laïque dont les codes ont été inventés pour célébrer la mémoire d’un défunt ? Se rend-il chez les chrétiens, les juifs, les musulmans pour commenter les bizarreries que tous leurs rites contiennent si on les regarde d’un œil extérieur au culte ? Est-il plus étrange de passer devant un cercueil en ayant la main sur l’épaule de la personne de devant que de jeter de l’eau dessus avec un objet métallique ? Non, bien sûr. Mais voilà que les médiacrates ne reculent plus devant rien et vont jusqu’à utiliser nos morts pour nous jeter des insultes à la figure. Bien sûr ce ne sont pas eux qui le disent, n’est-ce pas ? Ce sont des témoins anonymes. Mais qui tient la plume au moment d’écrire ?

Et ce n’est pas tout, car les « conséquences » de cet article ne s’arrêtent pas là. Dans sa « revue de presse » sur France Inter, la journaliste Hélène Jouan se délecte et répète les mots. « Groupe sectaire », « clan homogène très radicalisé », se délecte-t-elle à l’antenne. Ah ! Ah ! On casse du Mélenchon à peu de frais n’est-ce pas ? Et après ça fait les étonnés, ça fait les surpris, ça fait les indignés quand on leur dit qu’on n’a pas envie de leur parler. C’est qu’on doit être trop radicalisés, sans doute, pour trouver que tout se vaut et qu’on doit sourire comme des benêts quand on reçoit les coups.

Ce jour-là, au bout de l’antenne, il y avait les filles de François qui écoutaient, il y avait Charlotte, et les ondes véhiculaient des mots qui étaient des coups de couteau dans la plaie.

Mais bien sûr, Hélène Jouan et Ariane Chemin font leur travail n’est-ce pas ? Ce sont des journalistes, au plus près de l’info, pour nous permettre d’avoir un avis éclairé sur les grands sujets de notre temps, n’est-ce pas ? C’est le hasard si, à deux semaines du premier tour des élections législatives, sort un article qui traite les insoumis de « groupe sectaire », de « clan homogène très radicalisé », n’est-ce pas ? Et puis, après tout, ce ne sont pas elles qui le disent, n’est-ce pas ? C’est « un membre de l’assistance d’alors (…) aujourd’hui encore un peu glacé », n’est-ce pas ?

Foutaises. Tout cela est politique et, heureusement, les citoyennes et citoyens voient de plus en plus clair dans le rôle de maintien de l’ordre établi confié à la sphère médiatique. D’ailleurs, j’ai entendu de source sûre, de la part d’un témoin anonyme fiable, que les médiacrates se comportent de plus en plus comme un « groupe sectaire qui ne supporte pas la critique » (ce sont ses mots). Il explique (un peu glacé) qu’ils réagissent comme un « clan homogène très radicalisé » dès qu’on leur dit que 9 milliardaires détiennent 90% des médias. Il souligne qu’il a constaté que la « sacro-sainte et intouchable corporation vendeuse de papier » (il n’y va pas de main morte) n’accepte pas qu’on lui dise qu’elle fait mal son travail. Il précise que la moindre remarque négative « déclenche une réaction stupide et bornée d’automates abrutis par leur fatuité » (il en frémit encore) qui se résume par « la répétition d’un mantra sur la presse-garante-des-libertés dont ils ne savent même plus ce qu’il signifie tant ils sont fanatisés » (fichtre). Le même dit avoir eu Ariane Chemin en personne au téléphone et assure qu’elle « cherchait l’incident » (une formule qui en dit long) et « posait des questions absurdes pour essayer de [lui] faire dire des choses qu’il ne pensait pas » (c’est dire s’il était remonté après l’appel).

Bref, avec cet odieux article, le magazine du Monde montre une fois de plus qu’il ne recule devant aucune ignominie dès qu’il s’agit de salir Jean-Luc Mélenchon et ses proches. La dernière fois, ils avaient trafiqué des photos pour le transformer en Hitler, à la veille d’une grande marche populaire ; cette fois-ci, ils sont allés cherchés d’opportuns témoins anonymes de funérailles, à deux semaines du premier tour des élections législatives… « Jamais deux sans trois », dit le proverbe. Qu’est-ce que ce sera la prochaine fois ?

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