Florian Philippot (FN) : menteur et faux nigaud.

En parcourant le web politique de bon matin, je suis tombé par hasard sur un communiqué du Front national, rédigé par Florian Philippot, et intitulé : « Pas d’encadrement des rémunérations du grand patronat : la finance véritable alliée, et non ‘adversaire’, de Hollande ! ». Ayant suivi de très près les propositions des différents candidats pendant la campagne présidentielle, je me suis dit que soit j’avais loupé quelque chose, n’ayant jamais entendu Marine Le Pen parler de limiter les rémunérations du grand patronat, soit il y avait du nouveau dans les propositions du parti frontiste.

J’ai donc lu le communiqué en question pour comprendre de quoi il retournait. Surprise : il commence par un énorme mensonge puisqu’il est écrit que « Pierre Moscovici vient d’annoncer l’enterrement d’une autre promesse de campagne du candidat Hollande, concernant l’encadrement de la rémunération des grands patrons ». Là encore, je me suis demandé si je n’avais pas loupé quelque chose : dans mon souvenir, François Hollande avait parlé de limiter la rémunération des patrons d’entreprises publiques sans avoir jamais évoqué celles du privé (or, les déclarations récentes de Pierre Moscovici concernaient ces dernières et ces dernières uniquement). Après vérification, il s’est avéré que mon souvenir était bon, le candidat Hollande ayant écrit dans son programme (proposition 26) qu’il « [imposerait] aux dirigeants des entreprises publiques un écart maximal de rémunérations de 1 à 20 ». Rien n’est dit, à aucun moment, sur les entreprises privées.

Je doute sincèrement que Florian Philippot, énarque de formation, puisse ignorer la différence qui existe entre une entreprise privée et une entreprise publique ; quand il commence son communiqué en parlant de « l’enterrement d’une (…) promesse de campagne concernant l’encadrement de la rémunération des grands patrons », il sait donc pertinemment qu’il est en train d’écrire un gigantesque mensonge – mensonge d’autant plus honteux et risqué que François Hollande a bien mis en œuvre sa 26e proposition[1]. On peut évidemment regretter que le Président de la République ait choisi de limiter cette mesure aux seules entreprises publiques, mais on ne peut en aucun cas lui reprocher d’enterrer une promesse qu’il n’a en réalité jamais faite.

Un peu plus loin dans le communiqué, Florian Philippot se fend d’un second mensonge. Le vice-président du FN écrit en effet : « Stock-options, parachutes dorés, retraites chapeaux ; l’encadrement des rémunérations rejoint donc la liste des promesses qui ne seront pas respectées ». Après une recherche un peu approfondie, il s’avère qu’il y a là un nouveau mensonge : la suppression des stock-options est bien une proposition du candidat Hollande[2], mais la question des parachutes dorés et des retraites chapeau a en fait été posée par… Nicolas Sarkozy. Encore une fois, on peut regretter que le Président de la République ne mène pas telle ou telle politique mais on ne peut pas l’accuser de ne pas respecter des promesses qu’il n’a jamais faites. Il y a donc là un deuxième mensonge de la part du vice-président du FN.

Problème politique supplémentaire : Florian Philippot se sert de ces mensonges pour faire passer l’idée que le Front national combat la finance. Le plus ironique, d’ailleurs, c’est que les propositions du parti frontiste dans ce domaine sont exactement une fusion des propositions faites par Nicolas Sarkozy et François Hollande pendant la campagne : « interdiction des retraites chapeaux, encadrement strict des stock-options et interdiction des parachutes dorés ». En d’autres termes, ceux qui disent combattre l’« UMPS » ne vont pas plus loin que l’UMP et le PS dans les mesures qui visent à lutter contre la finance. A trop faire le nigaud, Philippot se tire donc une balle dans le pied. Rappelons ici, juste pour rire un peu, que cet homme est chargé de la stratégie et de la communication au sein du parti frontiste. Mensonge et fausse nigauderie comme stratégie et comme communication, ça promet…

Pour lutter contre la finance, le Front de Gauche est en réalité la seule force politique de premier plan à avancer des mesures ambitieuses, qui sont les seules à pouvoir être efficaces : face à un ennemi puissant, il faut frapper bien et il faut frapper fort ! Aussi, nous proposons (entre autres) :

– L’instauration d’un salaire maximum dans toutes les entreprises : pas d’écart de rémunération de plus de 1 à 20 entre le salaire le plus faible et le salaire le plus élevé au sein d’une même entreprise ;

– Le revenu maximum à 360 000 euros par an ;

– La taxation différentielle, pour lutter contre l’évasion fiscale ;

– La création d’un pôle financier public, pour sortir le financement de l’économie réelle des mains du marché ;

– Le placement sous contrôle social des banques privées qui ne respecteraient pas la nouvelle réglementation en matière de lutte contre la spéculation et la financiarisation de notre économie ;

– Le blocage des échanges avec les paradis fiscaux ;

– La taxation des revenus financiers des entreprises ;

– La réforme des statuts de la BCE pour qu’elle puisse prêter directement aux Etats ;

– La démocratie dans l’entreprise ;

– L’interdiction des licenciements boursiers.

Voilà ce que sont des mesures fortes et efficaces pour lutter contre la finance ! Le reste, c’est du vent, car il ne consiste qu’à s’appuyer sur l’actualité et à ne s’intéresser qu’aux problèmes évoqués par les médias (stock-options et parachutes dorés, notamment), sans jamais s’attaquer aux problèmes de fond. Aussi, quand Florian Philippot écrit que François Hollande est du côté de la finance parce qu’il se refuse à limiter les salaires des patrons des entreprises privées, il oublie de préciser que le Front national n’a jamais fait une telle proposition.

Qu’on juge qui sont les ennemis avérés de la finance par leurs mots et par leurs actes : la deuxième partie de notre programme s’intitulait « Reprendre le pouvoir aux banques et aux marchés financiers », nous avons manifesté en septembre 2012 contre le TSCG, nous sommes aux côtés des salariés en lutte chaque fois que nous le pouvons, nous nous sommes battus contre l’Accord national interprofessionnel (que nous avons renommé « accord made in Medef », pour en révéler la teneur), nous nous battons en ce moment contre le projet de grand marché transatlantique et avons publié un livre pour que chaque citoyen puisse se saisir pleinement de cet enjeu complexe, nous nous battons d’ores et déjà contre le projet de réforme des retraites que François Hollande s’apprête à faire… J’en oublie sûrement, mais des faits objectifs sont là pour le prouver : nous agissons jour après jour pour combattre la finance et les marchés financiers. Récemment encore, Jean-Luc Mélenchon proposait d’ailleurs d’entrer dans un rapport de force avec les paradis fiscaux, rapport de force sans lequel tous les vœux pieux de l’Union européenne resteront lettre morte.

Qu’on se le dise : Florian Philippot est un menteur et un faux nigaud. Enarque de formation, il ne peut ignorer que ce qu’il raconte est un tissu de mensonges destiné à masquer un fait dérangeant pour le FN : sur la lutte contre la finance (et sur bien d’autres points), le parti frontiste ne va pas plus loin que l’« UMPS » qu’il critique.



[1] Voir ici pour plus d’informations.

[2] Proposition 7 : « Je supprimerai les stock-options, sauf pour les entreprises naissantes ».

 

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