Le 12 juillet 2013, Le Plus sélectionne cet article et le publie sur son site. Vous pouvez retrouver cette publication en contexte ici.
Comme chaque année, le magazine Challenges vient de publier son classement des 500 Français les plus riches. Les chiffres sont édifiants : alors que l’immense majorité de la population subit de plein fouet les effets de la crise économique, nous apprenons que ces 500 Français se partagent à eux seuls 330 milliards d’euros (+25% par rapport à l’année dernière). 0,0008% de la population possède donc l’équivalent de 16% du PIB.
Bien sûr, je dis cela pour donner un ordre de grandeur et j’anticipe déjà les critiques des défenseurs des riches-qui-sont-vraiment-trop-taxés : je n’ignore pas que le PIB est un flux annuel qui doit être différencié du patrimoine. Ceci posé, je leur signale, au passage, qu’ils sont bien souvent les premiers à ramener la dette de l’État, dont la durée de vie moyenne est de 7 ans et 11 jours, au PIB (qui est annuel), histoire de faire pétocher un peu les gens sur le mode « il-va-falloir-se-serrer-la-ceinture-parce-que-la-dette-devient-intenable ». Mais d’accord, admettons, soyons justes avec les-riches-qui-n’en-peuvent-plus-du-niveau-de-l’imposition, et prenons d’autres chiffres : selon un article d’RMC, le patrimoine total de la France s’élevait en 2012 à 13 620 milliards d’euros ; si l’on utilise cette source, on peut donc calculer que 0,0008% de la population se partage 2,42% du patrimoine français. Ça fait quand même un sacré écart.
Vous n’êtes toujours pas convaincu ? Qu’à cela ne tienne, j’ai d’autres chiffres à vous donner qui datent, eux, de 2010 (vu qu’il n’y a pas eu de révolution fiscale depuis cette date, je gage que ces chiffres sont sensiblement identiques aujourd’hui). Parlons du revenu annuel : les 50% les plus pauvres de la population adulte se partagent 27% du revenu total (2 fois moins qu’en situation d’égalité réelle) alors que les 10% les plus riches se partagent 31% de cette somme (3 fois plus qu’en situation d’égalité réelle) ; parmi eux, les 1% les plus riches accaparent 11% du revenu total (11 fois plus qu’en situation d’égalité réelle). Sur le patrimoine, les écarts sont encore plus accablants : les 50% les plus pauvres possèdent 4% du patrimoine total (12,5 fois moins qu’en situation d’égalité réelle) alors que les 10% les plus riches se partagent 62% de cette valeur (6,2 fois plus qu’en situation d’égalité réelle) ; les 1% les plus riches accaparent, quant à eux, 24% du patrimoine total (24 fois plus qu’en situation d’égalité réelle).
A part ça, certains vous répètent en boucle que tous les problèmes de la France viennent de l’immigration (qui rapporte 12 milliards d’euros par an), de l’« assistanat » (encore une autre absurdité) ou encore de la fraude aux prestations à la Sécurité sociale (alors que l’immense majorité des fraudes est patronale : 15 milliards sur 17). Autant de mirages destinés à détourner vos yeux du vrai problème : le non partage des richesses.
En effet, jamais dans notre pays, les écarts de richesses entre ceux qui ont tout et ceux qui n’ont rien n’ont été aussi importants : selon une étude de l’Insee, 14,1% de la population française vivait sous le seuil de pauvreté en 2010 (c’est-à-dire avec moins de 964 euros par mois), soit un Français sur sept ; dans le même temps, le revenu des plus aisés n’avait cessé d’augmenter.
Il est urgent d’agir pour régler définitivement la question des inégalités par le partage des richesses. Nous ne devrions pas tolérer, nous ne devons pas tolérer plus longtemps que notre pays, cinquième puissance économique de la planète, compte à la fois plus de 8 millions de pauvres et plus de 2 millions de millionnaires en dollars (ce qui la classe au 3ème rang mondial et au 1er rang européen en nombre de résidents millionnaires). Il ne s’agit pas que d’une question d’économie : il s’agit d’une question d’humanité et de la mise au centre de nos préoccupations du bien-être et du bonheur de l’être humain.
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