Intervention d’Antoine Léaument, député LFI-NUPES, le 25 juillet 2022 à l’Assemblée nationale. Voici la retranscription de son intervention.
– Ce texte propose de « mettre fin aux régimes d’exception » liés la Covid-19. C’est un objectif louable. D’ailleurs, notre présidente Mathilde Panot avait défendu une proposition de loi sur le sujet en janvier 2022. Et vous l’aviez refusée.
Nous nous félicitons que ce nouveau texte abroge les mesures les plus restrictives de liberté de l’état d’urgence, à savoir le pass sanitaire et l’enfermement à domicile du peuple par son confinement généralisé Votre texte ne comporte qu’un seul autre point positif.
Enfin, vous avez accepté l’évidence : le pass sanitaire ne sert à rien pour empêcher la propagation du virus et seul le test permet de savoir qui est contaminé et donc qui peut contaminer les autres. Il était temps ! Pour voyager, désormais, seul le test sera utilisé et c’est une excellente nouvelle.
Voilà pour les bonnes nouvelles. Il nous faut maintenant passer aux mauvaises.
Vous avez donc établi que seuls les tests permettent de savoir si on peut transmettre le virus. Mais vous ne rendez toujours pas ces tests gratuits ! Cela alors même que le Conseil scientifique précise qu’il faut « un accès gratuit au dépistage en autoprescription ».
Par ailleurs, votre texte ignore la volonté de l’Assemblée nationale sur un sujet. Nous avions décidé ici que les contrôles sanitaires ne pourraient pas s’appliquer aux personnes mineures.
Vous avez rétabli le fait qu’ils le seront aux jeunes de 12 à 18 ans. J’ajoute que ce texte aggrave le mépris contre les Outre-Mer. Et pourtant vous savez que ce point est central pour notre groupe et que nous n’acceptons pas qu’une différence de traitement soit faite entre nos compatriotes d’Outre-Mer et ceux de l’Hexagone. Or c’est tout l’inverse qui est fait !
Qu’on en juge par le dispositif. Car c’est en cas d’apparition d’un nouveau variant « susceptible de constituer une menace sanitaire grave » qu’il faudra présenter un test négatif pour aller des Outre-Mer à l’Hexagone. Mais dans l’autre sens, c’est « en cas de risque de saturation du système de santé » qu’il faudra le faire.
Ce texte dit donc que nos compatriotes ultramarins peuvent être un danger pour l’Hexagone avec des variants dangereux mais que l’inverse n’existe pas ! C’est un traitement différencié entre citoyens de la République qu’on ne peut accepter, et nous saisirons le Conseil Constitutionnel sur le sujet !
D’autre part, si la fin des dispositifs Si-Dep et Contact-Covid est confirmée au 31 janvier 2023, un dispositif de conservation de données de santé est maintenu jusqu’en juin 2023. Il aurait pourtant pu être remplacé par la simple délivrance des certificats de tests et de rétablissement. Le droit européen auquel vous vous référez sur ce point ne demande d’ailleurs rien de plus.
Enfin, le texte prétend ouvrir une porte à la réintégration des personnels non vaccinés. Mais le texte laisse la main au gouvernement par décret et la porte ouverte a donc déjà été claquée par le ministre de la Santé qui a dit la semaine dernière qu’il n’était pas pertinent de réintégrer les personnels suspendus.
Au global, ce texte n’est pas à la hauteur. Vous passez à côté de la vraie urgence. Celle d’un hôpital public épuisé par vos mesures libérales. Nous avons vécu par votre faute le crash sanitaire annoncé par Jean-Luc Mélenchon dans un meeting à Châteauroux en avril 2017. Et non seulement vous n’avez rien fait, mais vous avez aggravé les choses en fermant 17 000 lits en 5 ans, dont 5700 pendant la pandémie !
Ce texte est donc l’occasion de faire le bilan désastreux de votre politique sanitaire. Vous avez décidé en Conseil de Défense des mesures qui n’ont fait qu’épuiser nos soignants par votre inaction et votre mépris maquillé derrière des applaudissements. Mais une autre politique est possible !
Voici ce qu’il faut faire : Rouvrir les lits d’hôpitaux fermés Réintégrer les personnels non vaccinés suspendus et demander aux soignants partis à quelles conditions ils seraient revenus, Revaloriser de 10% le point d’indice, Titulariser les contractuels Et recruter les personnels administratifs nécessaires pour libérer du temps aux soignants
Et plus largement : Installer des purificateurs d’air dans les lieux publics fermés, à commencer par les écoles pour protéger nos enfants Rendre gratuits les masques FFP2 et les tests Faire un pôle public du médicament, notamment en nationalisant Sanofi Et vous battre à l’OMC pour obtenir la levée des brevets sur les vaccins contre la Covid-19
Voilà qui aurait été une politique sanitaire efficace ! C’est celle que nous avons proposée avec Jean-Luc Mélenchon dans les campagnes présidentielles et législatives. Bien sûr, nous ne l’avons pas emporté cette fois-ci. Mais les Français savent qu’avec nous, il existe un programme et un recours pour une politique sanitaire réellement efficace.