Dans son édito de septembre 2018, le président de l’association des maires ruraux de France (AMRF), Vanik Berberian, ne mâche pas ses mots contre Macron et sa majorité. Il parle d’une « majorité parlementaires définitivement sourde aux alertes » et d’un « nouveau monde » qu’il est « vain d’attendre ». Le motif de sa colère : le mépris d’Emmanuel Macron pour l’institution républicaine qu’est la commune.
Ce ressentiment n’est pas nouveau. Les relations du président avec les représentants des quelques 36 000 communes du pays sont difficiles depuis le début du quinquennat. Ainsi, il avait été hué pour sa venue au congrès des maires de France en novembre 2017. Et l’association des maires de France (AMF) a boycotté la conférence des territoires du 12 juillet 2018.
«Refuser en bloc ce qui nous est imposé»
Mais le ton semble être monté d’un cran dans le texte du président de l’AMRF qui appelle à « se battre pour refuser en bloc ce qui nous est imposé ». La goutte d’eau qui a fait déborder le vase ? Cet été, le Parlement a entériné le transfert de la compétence « eau et assainissement » vers les intercommunalités. Ce ne seront donc plus, dans l’avenir, les maires et les conseils municipaux – c’est à dire les structures les plus proches des citoyens – qui décideront des politiques en matière de distribution d’eau, de la fixation de son prix ou de son éventuelle privatisation mais des mastodontes technocratiques et opaques.
Une nouvelle mesure qui va dans le sens d’un effacement des communes au profit des agglomérations, des métropoles et des grandes régions. Macron n’a pas enclenché ce processus, il accélère ce que Hollande et Sarkozy ont fait avant lui. Notamment en s’attaquant aux finances. Les municipalités avaient perdu 10 milliards d’euros de subventions de l’État sous Hollande et Sarkozy. Macron compte rajouter 13 milliards de coupes d’ici 2022. Ce sévère coup de rabot se traduira notamment par encore plus de fermetures de services publics locaux.
Voilà donc de nombreuses raisons de s’inquiéter non seulement pour les élus des petites communes mais aussi pour leurs citoyens. C’est bien, comme le note l’AMRF, vers la disparition d’un échelon de proximité qui correspond aux besoins sociaux et aux droits démocratiques des citoyens que l’on s’achemine. En guise de remplacement, Macron compte sur les gigantesques métropoles et les grandes régions, taillées sur mesure pour la finance et les classes favorisées.
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