Ce que chacun redoutait au Blanc et dans les environs est en train d’arriver : la maternité restera fermée jusqu’en octobre alors qu’il avait été initialement annoncé que celle-ci ne serait fermée qu’en juillet et en août. Au moment de cette fermeture « temporaire », l’autorité régionale de santé (ARS) indiquait qu’elle prenait cette décision pour des raisons de planning liées aux vacances des personnels de l’hôpital. Les vacances se terminent et la maternité ne réouvre pas. L’ARS a donc menti.
En effet, l’ARS déclare dans un nouveau communiqué que « l’organisation mise en place en juillet-août » va « se poursuivre dans les prochaines semaines ». On se pince à la lecture de cette novlangue de bureaucrate insensible ! Ce qui est appelé « organisation » veut simplement dire « fermeture ». Et cette fermeture signifie au moins une heure de route pour les femmes enceintes qui sont sur le point d’accoucher et qui devront aller à Châteauroux, Châtellerault ou Poitiers. Une heure de route après avoir perdu les eaux ! Avis aux bureaucrates qui prennent les décisions : voilà ce que signifie votre « organisation ».
Langue de bois
Mais l’inquiétude se fait plus grande encore quand le communiqué de l’ARS nous apprend qu’une « mission d’expertise externe et pluri-professionnelle » va être mise en place dès septembre afin de « disposer d’un avis objectif sur les conditions à réunir pour une reprise des accouchements sur le site du Blanc dans un cadre de confiance pour les femmes concernées, et des conditions et mesures spécifiques qui seraient à organiser du fait de l’éloignement géographique ». De la pure langue de bois ! Ce genre de missions à la solde des décideurs n’a en général qu’un objectif : légitimer « scientifiquement » une fermeture définitive.
Cette fermeture définitive, c’est bien sûr ce que craignent tous les habitants du Blanc et des environs. Car l’hôpital subit des attaques depuis 2011 visant à éteindre peu à peu son activité. Ce n’est que grâce à une mobilisation populaire de masse que ces attaques ont pu être repoussée et que l’activité a jusqu’ici pu se poursuivre. Et dans le cas présent, c’est encore la résistance populaire qui reste la seule arme pour lutter contre les projets des têtes d’oeuf qui prennent ce genre de décision sans savoir ce qu’elles signifient pour la population locale.
Honte aux responsables !
Disons-leur tout net ce que cela signifie. Je l’ai dit : cela veut dire faire une heure de route lorsqu’on est sur le point d’accoucher et qu’à la joie d’une naissance à venir se mêle l’inquiétude d’accoucher en cours de trajet, c’est à dire celle de mettre en danger son enfant ou sa propre vie. Mais cela signifie autre chose et envoie un signal plus large : « jeunes couples, ne venez pas vous installer au Blanc ». Et voici comment, de fermeture de service public en fermeture de service public, on en vient à désertifier les campagnes de notre pays. Et les mêmes bureaucrates s’en émeuvent ensuite dans leurs dîners en ville !
Honte aux responsables de ces décisions absurdes et inhumaines ! Honte à eux qui voient dans une maternité des chiffres sur des livres de comptes et des euros sur leur calculette ! Ils ont un nom et une fonction. Nommons-les pour leur mettre la honte ! Dans le département de l’Indre, ils s’appellent Anne Bouygard, directrice de l’ARS Centre-Val de Loire, Evelyne Poupet, directrice du centre hospitalier Châteauroux-Le Blanc, et Gil Averous, président du conseil de surveillance de l’hôpital fusionné Châteauroux-Le Blanc, qui cautionne et soutient. En France, ils s’appellent Emmanuel Macron, François Hollande et Nicolas Sarkozy ; trois noms et trois partis pour une seule et même politique : celle de l’abandon du service public et de la désertification des territoires ruraux.
Certains de ces responsables peuvent être châtiés par les urnes. Cela a été le cas pour Nicolas Sarkozy et François Hollande. Cela pourra être bientôt le cas pour Emmanuel Macron ou Gil Averous, maire de Châteauroux, qui peut craindre les Castelroussins se sentent solidaires des habitants du Blanc et votent en conséquence pour le punir. D’autres responsables ne sont en revanche pas soumis au scrutin universel, comme Anne Bouygard ou Evelyne Poupet. Dans ce cas précis, nommer c’est déjà faire beaucoup, car ces gens sont habitués à prendre des décisions cachés derrière leur organisation ; pas sûr qu’ils trouvent agréable de voir leur nom associé publiquement à leurs décisions. Qu’ils se rassurent : ça reste moins désagréable que de devoir faire une heure de route pour accoucher !
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