Mardi 30 janvier 2018 à l’occasion de la séance de questions au gouvernement, le député insoumis François Ruffin a vivement interpellé la ministre de la Santé Agnès Buzyn sur la situation catastrophique des EHPAD. Les personnels de ces établissements d’accueil des personnes âgées dépendantes manifestaient d’ailleurs le même jour pour dénoncer le manque de moyens qui conduit à une véritable maltraitance institutionnelle. La députée insoumise Caroline Fiat, était dans la rue à leurs côtés (vidéo ci-dessous).
C’est cette situation dramatique qu’a décrite François Ruffin dans son intervention, en élargissant le sujet à la question des hôpitaux. Il a pris pour exemple la situation d’une femme de 90 ans amenée à l’hôpital d’Amiens après une chute et qui ne pouvait pas se nourrir seule ; son plateau repas lui était bien amené, mais il restait intact. Non pas parce que les personnels de santé ne voulaient pas s’en occuper mais parce qu’ils n’en avaient pas les moyens humains, temporels, physiques. C’est à dire les moyens financiers. Réponse d’un député En Marche à cette évocation : « Quand finirez-vous ces effets de théâtre ? »…
Et François Ruffin d’expliquer la souffrance de cette dame. Mais aussi celle des soignants. « Souvent, cette vieille femme pleurait. Mais elle n’était pas la seule : les soignantes, elles aussi, pleuraient. ». Et lors des réunions de service, la réponse à la souffrance était la même : « On pleure et ils nous parlent de budget ».
Parce que ce qui fait défaut, dans les hôpitaux, dans les EHPAD et dans le service public d’une manière générale, c’est bien l’argent. Macron nous dit qu’il n’y en a plus, mais François Ruffin a parfaitement expliqué que le problème ne venait pas du manque d’argent mais des choix politiques qui favorisent toujours les ultrariches au détriment du grand nombre :
« Madame la ministre des solidarités et de la santé, c’est une scène ordinaire des hôpitaux et des EHPAD français. Partout, à Paris, à Bordeaux, à Marseille, à Strasbourg, les hôpitaux craquent. Les médecins s’alarment. Qu’avez-vous à leur offrir ? De la compassion, ça oui, vous en avez, et, je l’admets, cela vaut mieux que le mépris. Mais que prévoit, concrètement, votre budget de la Sécurité sociale ? Zéro création de poste et 1,6 milliard d’économies, alors que, rappelons-le, il faut toujours le rappeler, et nous comptons bien vous le rappeler durant cinq années, cet automne, vous avez trouvé 5 milliards en toute urgence. Mais c’était pour les riches, afin de supprimer leur impôt sur la fortune. »
Et François Ruffin de résumer, à propos de la décision d’Agnès Buzyn de donner seulement 50 millions d’euros pour les EHPAD :
« Pour les pauvres, c’est toujours en millions, pour les riches, en milliards. Alors, madame Buzyn, nous vous le demandons : délaissez un instant les belles paroles. Ne me répondez même pas – pas un mot, pas une phrase, je n’en serai pas outré. Faites simplement un geste : sortez le carnet de chèque pour les patients de ce pays. »
C’est là tout le nœud du problème : quand il s’agit de dégager des milliards pour les ultrariches, nos gouvernants trouvent toujours les moyens. « Bouclier fiscal » de Nicolas Sarkozy, « CICE » de François Hollande, suppression de l’impôt sur la fortune et mise en place d’une « flat tax » qui diminue l’impôt sur les revenus de la spéculation financière par Macron : on ne compte plus les cadeaux faits à ces parasites ultrariches. Et à chaque fois, on nous dit ensuite : « il n’y a plus de sous ». Plus de sous pour les EHPAD, plus de sous pour les hôpitaux, plus de sous pour les prisons, plus de sous pour les lycées, plus de sous pour les universités…
Des sous, il y en a. On sait d’où ils partent (nos poches) et on sait où ils vont (les poches des riches). Le ruissellement promis par Macron fonctionne bien… mais il se fait à l’envers ! Pour une raison simple : le seul ruissellement qui tienne la route est celui que fait l’État par l’impôt dont le rôle premier, aujourd’hui oublié, est de permettre une redistribution de la richesse. Les ultrariches doivent payer plus d’impôts, pas moins. Il est temps que la « solidarité nationale » qu’on nous demande à tout bout de champ dès qu’il s’agit de « faire des économies » soit aussi appliquée par les ultrariches qui se gavent et qui désertent le pays chaque fois qu’il s’agit de… « sortir le carnet de chèque » !