Narcotrafic : Macron a fait tout à l’envers

Antoine Léaument, député de La France Insoumise, était l’invité de BFMTV jeudi 20 novembre pour débattre face à Laurent Marcangeli, député Horizons, autour de deux sujets majeurs : les déclarations polémiques du chef d’état-major des armées et la lutte contre le trafic de stupéfiants. Dans cet échange tendu, il défend une ligne claire : le respect absolu de la démocratie sur les questions militaires et une refondation profonde de la politique publique contre la drogue.

Interrogé sur les propos du chef d’état-major Thierry Burkhard, qui a affirmé que la France devait “se préparer à souffrir” et à “perdre ses enfants”, Antoine Léaument réagit avec fermeté. Il rappelle que ce n’est pas le rôle du chef d’état-major de tenir un discours politique. “Les armées doivent obéir au pouvoir civil, pas l’inverse”, insiste-t-il. Il explique que chaque séance parlementaire débute par une cérémonie symbolique où les militaires saluent la présidence de l’Assemblée, rappelant ainsi la subordination du pouvoir militaire au pouvoir politique. Pour lui, le général a “outrepassé ses fonctions” en adressant au pays un message d’ordre politique et moral.

Antoine Léaument dénonce ensuite le ton va-t-en-guerre de ces propos. “Si tu veux la paix, prépare la paix”, répond-il à la formule classique si vis pacem, para bellum. Pour lui, la paix ne se construit pas en se préparant à la guerre, mais en menant une diplomatie active et des négociations. “On ne fait pas la paix avec ses amis, on la fait avec ses adversaires”, martèle-t-il, en rappelant que le rôle de la France doit être d’œuvrer à la désescalade internationale. Il s’inquiète d’une “augmentation des tensions et des dépenses militaires” et critique l’alignement automatique de la France sur l’OTAN : “Si la Pologne est attaquée et active les clauses de défense collective, la France serait entraînée malgré elle dans un conflit. C’est précisément pour éviter cela qu’il faut parler de paix.”

Le député distingue également les différences entre les armées d’hier et celles d’aujourd’hui. Autrefois, dit-il, la France reposait sur une “armée citoyenne”, où la formation militaire faisait partie de l’expérience civique. Désormais, elle s’appuie sur une armée de métier, coupée du reste de la population. Il estime que ce changement doit être discuté démocratiquement : “Ce ne sont pas au président seul, ni au chef d’état-major, de décider de l’engagement du pays. Ce sont les citoyens.”

La discussion se déplace ensuite sur la lutte contre le narcotrafic, après un nouveau drame survenu à Marseille. Antoine Léaument rejette la communication politique du gouvernement : “Ce n’est pas en envoyant deux ministres sur place qu’on règle quoi que ce soit.” Il dénonce les “plans successifs” qui n’ont rien changé et appelle à un “changement total de paradigme”. Plutôt que de multiplier les opérations symboliques contre les points de deal, il prône une stratégie visant le “haut du spectre” : démanteler les grands réseaux, lutter contre le blanchiment d’argent et renforcer les douanes. “Il n’y a que sept policiers affectés à la lutte contre le blanchiment, c’est dérisoire”, rappelle-t-il.

Antoine Léaument insiste sur un point central : la lutte contre le trafic d’armes, absente du débat public. “On ne peut pas combattre les trafiquants sans s’attaquer aux 8 millions d’armes en circulation.” Il appelle à donner plus de moyens à la police judiciaire et à l’infiltration des réseaux pour atteindre les véritables chefs du trafic. Mais il affirme aussi que la solution ne peut être seulement répressive : “On ne vaincra pas le trafic sans réduire la consommation.”

Il rejette la déclaration d’Emmanuel Macron qui a récemment accusé “les petits bourgeois” d’alimenter le trafic. “C’est faux. La consommation traverse toutes les classes sociales. On trouve des ouvriers, des cadres, des étudiants, des travailleurs de nuit.

Face à Laurent Marcangeli, qui se dit favorable à des sanctions plus dures contre les consommateurs, Léaument maintient sa position : la répression aveugle ne fonctionne pas.

En conclusion, Antoine Léaument relie les deux sujets du débat : la guerre et la drogue sont pour lui les symptômes d’un même mal politique. “On remplace la raison par la peur, le débat par la communication. Ce qu’il faut, c’est rendre au peuple le pouvoir de décider.” Il appelle à un retour du sens politique et à une République réellement souveraine, où l’État protège et émancipe, au lieu d’agiter la menace pour mieux gouverner.

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