Antoine Léaument, député La France Insoumise de l’Essonne, intervient sur France Info lundi 29 septembre pour débattre de la condamnation de Nicolas Sarkozy dans l’affaire du financement libyen et du débat qu’elle suscite autour de la justice française. Face à ses contradicteurs, il défend la nécessité d’une justice égale pour tous, qu’il s’agisse des puissants ou des plus modestes, et dénonce les discours hypocrites qui apparaissent lorsqu’un ancien président de la République est condamné.
Dès le début du débat, Antoine Léaument rappelle la gravité des faits : le tribunal a établi l’existence d’un pacte de corruption et d’une association de malfaiteurs autour d’un financement libyen de 6,5 millions d’euros. Il souligne que les sommes ont bien transité depuis la Libye vers la France, via des comptes liés à des proches de Nicolas Sarkozy. Pour lui, il ne s’agit pas d’une simple affaire politique, mais d’une affaire d’État dans laquelle des relations ont été nouées avec des individus comme Abdallah Senoussi, responsable d’attentats ayant coûté la vie à 54 Français.
Antoine Léaument répond ensuite aux critiques sur la sévérité de la peine et sur le mandat de dépôt ordonné contre l’ancien président. Il pointe l’hypocrisie d’une droite qui, d’ordinaire, exige toujours plus de fermeté judiciaire contre les plus pauvres, mais s’indigne lorsqu’un puissant est condamné. Il rappelle que lors des révoltes urbaines, certains jeunes avaient écopé de deux ans de prison ferme pour le simple vol d’une canette, sans que cela n’émeuve la droite. Ce qui choque, dit-il, c’est le deux poids deux mesures : la clémence pour les puissants, la répression pour les faibles.
Le député défend une position de principe : la justice doit être la même pour tous, qu’elle protège ou qu’elle punisse. Il reconnaît que la décision du tribunal peut être jugée dure, mais souligne qu’il ne faut pas avoir deux discours selon la situation sociale du condamné. Là où certains dénoncent une peine trop sévère pour Nicolas Sarkozy, beaucoup de citoyens, explique-t-il, ont au contraire le sentiment que, pour une fois, un puissant rend des comptes devant la justice.
Le débat se poursuit sur la question de la politisation et de la syndicalisation des magistrats. Alors que certains invités demandent de restreindre, voire d’interdire la syndicalisation dans la magistrature, Antoine Léaument s’y oppose fermement. Il juge absurde de vouloir limiter la liberté syndicale des juges alors que personne ne remet en cause la présence d’organisations d’extrême droite au sein de la police. Il rappelle que les syndicats de magistrats dénoncent avant tout le manque de moyens, les retards dans le traitement des affaires et le manque d’effectifs pour lutter efficacement contre la corruption et la fraude fiscale.
Antoine Léaument estime qu’au lieu d’attaquer les magistrats, il faudrait renforcer leur indépendance et leur donner les moyens d’appliquer la loi de manière juste et égale. Il met en garde contre une remise en cause du droit syndical qui affaiblirait la démocratie. Pour lui, le vrai enjeu n’est pas de savoir si les juges sont syndiqués, mais si la justice fonctionne de manière impartiale et respecte les mêmes principes pour tous les citoyens.
En conclusion, il appelle à défendre une conception républicaine de la justice, fidèle à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : une justice indépendante, égale et impartiale, appliquée de la même manière à chaque citoyen, qu’il soit pauvre ou ancien président de la République.
