Invité de RMC le 27 octobre, Antoine Léaument, député insoumis de l’Essonne, revient sur la situation politique du pays, la question des violences policières, la motion de censure contre Sébastien Lecornu et le débat sur la “taxe Zucman”. Dans un échange vif face à Charles Consigny, Barbara Lefebvre et d’autres intervenants, il défend une ligne claire : faire payer les plus riches, protéger les petites entreprises et dénoncer l’hypocrisie du gouvernement comme celle du Rassemblement national.
Il commence par rappeler un souvenir tragique : les 20 ans de la mort de Zyed et Bouna. Pour lui, la France n’a toujours pas réglé la question des violences policières et du racisme systémique. Il évoque aussi les morts récentes dans des contextes similaires, soulignant que ce sujet est encore trop souvent balayé sous le tapis. “Chaque fois qu’on veut en parler à l’Assemblée, on nous dit circulez, il n’y a rien à voir”, déplore-t-il. Léaument insiste : on ne rétablira pas la paix sans reconnaître les discriminations et les réformes nécessaires dans la police.
Le débat s’oriente ensuite vers la situation politique et la fragilité du gouvernement. Antoine Léaument critique la “taxe Zucman light” proposée par les socialistes, qu’il qualifie de “taxe trouée”, car elle permettrait aux ultra-riches d’y échapper. Il explique en détail le principe de la taxe originale : un impôt minimal de 2 % sur le patrimoine supérieur à 100 millions d’euros, sans échappatoire. “Avec leur version, Bernard Arnault ou Bolloré pourraient se rendre non imposables d’un simple jeu d’actions. C’est une blague !”, ironise-t-il.
Léaument démonte ensuite la mécanique des privilèges fiscaux dont bénéficient les grandes fortunes. Il illustre comment des contribuables gagnant plus de 250 000 euros paient en moyenne seulement 20 % d’impôt grâce aux niches fiscales, alors qu’ils devraient en payer 33 %. Il fustige le vote conjoint des macronistes, des Républicains et du RN pour maintenir ces avantages. “Ce n’est pas de l’excès, c’est simplement de la justice. On demande aux plus riches de payer leur part.” Il reconnaît que certaines niches peuvent être utiles — comme celles liées à la rénovation thermique — mais dénonce les dispositifs détournés qui ne servent qu’à contourner l’impôt.
Face à Charles Consigny, qui vante le patriotisme économique de Bernard Arnault et Bolloré, Antoine Léaument réplique sèchement : “Bernard Arnault a commencé sa carrière en fermant des usines en France pour délocaliser. C’est ça, le patriotisme ?” Il rappelle que sans les travailleuses et travailleurs, aucune richesse ne se crée, et que ce sont eux qui doivent être défendus. Il expose ses propositions pour les petites entreprises : un impôt progressif sur les sociétés et une caisse de péréquation inter-patronale, dans laquelle les grandes entreprises contribueraient davantage pour alléger les cotisations des petites. “Ce n’est pas normal qu’une boulangerie paie proportionnellement plus d’impôts qu’Amazon.”
Léaument défend aussi l’idée d’une tranche marginale d’imposition à 70 % pour les revenus supérieurs à 400 000 euros, précisant qu’il ne s’agit pas de taxer tout le revenu, mais uniquement la part dépassant ce seuil. Il démonte les arguments sur “l’exil fiscal” et rappelle que les plus modestes, eux, n’ont pas le choix : “Les pauvres ne peuvent pas partir, et pourtant, ils payent la TVA, les taxes sur l’essence, sur tout.” Il dénonce la politique d’aides massives aux entreprises sans contreparties, comme les 200 milliards d’euros distribués chaque année, citant Sanofi qui touche des crédits d’impôt tout en licenciant.
La discussion s’enflamme lorsqu’il évoque la montée du fascisme et du RN. Léaument rappelle que ce parti a été fondé par des collaborateurs et des SS, et qu’il perpétue une idéologie de division. Il affirme que son combat est celui de l’unité populaire : “Chaque fois qu’on vous fait regarder votre voisin, votre collègue, la personne qui porte un voile ou une kippa, c’est pour vous détourner du vrai problème : l’argent accaparé par les plus riches.” Il dénonce la stratégie de division du RN et de la macronie, qui détournent le débat social vers des querelles identitaires.
Enfin, interrogé sur la cohésion du Nouveau Front Populaire, il admet les tensions avec le Parti socialiste et les écologistes, mais réaffirme sa volonté d’unité.
