Dans cette interview, Antoine Léaument, député de La France insoumise, débat avec Ludovic Mendes sur les conclusions de leur rapport parlementaire consacré à l’efficacité de la lutte contre le trafic de stupéfiants. Après 17 mois de travail et plus de 300 pages de recommandations, Antoine Léaument défend un modèle de légalisation régulé par l’État, tandis que Ludovic Mendes plaide pour une approche plus libérale avec des opérateurs privés.
Antoine Léaument rappelle en introduction que la politique actuelle du tout-répressif est un échec complet. La France est le premier pays consommateur de cann.bis en Europe, avec 900 000 usagers quotidiens, et pourtant, elle dispose de l’une des législations les plus répressives. Cette contradiction prouve que la prohibition ne fonctionne pas et qu’il est temps de changer de stratégie.
Pourquoi légaliser le cann.bis ?
Antoine Léaument explique que la légalisation permettrait d’assécher les marchés illégaux, de réduire la criminalité liée au trafic, et de garantir une meilleure prévention et sensibilisation auprès des consommateurs. Il met en avant le modèle québécois, qui a réussi à capter une grande partie du marché illégal, tout en réduisant la consommation chez les jeunes grâce à une régulation stricte et une politique de prévention efficace.
Face aux critiques de Bruno Retailleau, qui affirme que la légalisation renforcerait les réseaux criminels, Antoine Léaument répond avec une démonstration implacable : les dealers ont tout intérêt à pousser les consommateurs vers des produits plus dures comme la c/, car elles génèrent des marges plus importantes. En instaurant des boutiques légales, contrôlées par l’État, les consommateurs n’auraient plus besoin de s’adresser aux trafiquants, ce qui réduirait mécaniquement leur influence.
Un modèle de régulation français.
Antoine Léaument défend un modèle de légalisation où l’État contrôlerait toute la filière : de la production à la distribution, en passant par la fixation des prix et des taux de THC. Selon lui, confier ce marché à des acteurs privés, comme le propose Ludovic Mendes, reviendrait à reproduire les erreurs commises avec l’alcool et le tabac, où la recherche du profit prime sur la santé publique.
Il insiste également sur l’importance de fixer des limites d’âge et des seuils de détention :
- 3 grammes maximum pour les consommateurs en possession sur eux
- 25 grammes maximum pour les achats en boutique
- 4 plants de cann.bis autorisés par foyer
Ces mesures visent à encadrer strictement l’usage tout en garantissant une alternative légale et contrôlée à l’actuel marché noir.
Dépénalisation des autres d/ : une nécessité de santé publique.
Le rapport va plus loin que la simple légalisation du cann.bis, puisqu’il préconise également la dépénalisation de la consommation de d/ dures comme la c/ ou l’ecsta/. Antoine Léaument rappelle que la pénalisation ne réduit pas la consommation, mais qu’elle pousse les usagers vers la clandestinité, les éloignant ainsi des soins et des dispositifs de prévention. Il cite l’exemple du Portugal, qui a adopté cette approche avec succès en réduisant drastiquement le nombre d’overdoses et d’infections liées à l’usage de d/. Un débat politique à trancher par référendum ? Face à l’opposition du gouvernement et des médias dominants, Antoine Léaument défend l’idée d’un référendum sur la légalisation du cann.bis et la dépénalisation des d/ dures. Il estime que le peuple doit avoir son mot à dire sur ces questions de société et que la France ne peut pas continuer à ignorer les recommandations des experts et des pays ayant déjà fait cette transition. Antoine Léaument appelle à une mobilisation citoyenne pour faire pression sur le gouvernement et exiger un débat honnête et transparent sur la politique des d/ en France.