Arrêtez avec vos « ferme ta gueule » et soyez poli ! – Discours à l’Assemblée nationale

Monsieur Ciotti, vous êtes ridicule !

Vous voulez inscrire dans notre Constitution quelque chose qui s’y trouve déjà, à savoir le fait que ni la religion ni l’origine ne puissent permettre de se soustraire aux lois de la République.

Félicitations, monsieur Ciotti ! Vous avez inventé un principe majeur : la loi doit être respectée !

C’est brillant ! On se demande comment personne n’a eu l’idée avant vous !

La vérité, c’est que vous voulez encore faire un texte “coup de com” pour cibler les étrangers et nos compatriotes qui ont une “origine” ou une “religion”, comme vous dites, qui ne vous conviennent pas.

Vous savez, M. Ciotti, en ce moment, nombre de nos compatriotes me disent : “merci, vous me donnez envie de rester en France”. Et s’ils me disent cela, c’est donc qu’ils ont la tentation de la quitter. Pourquoi ? Parce qu’ils ne l’aiment pas ? Non ! Au contraire ! Ils l’aiment plus que vous ! Mais ils ont l’impression de ne plus la reconnaître et s’y sentent de moins en moins chez eux.

Monsieur Ciotti,

Vous êtes ridicule !

Vous voulez inscrire dans notre Constitution quelque chose qui s’y trouve déjà, à savoir le fait que ni la religion ni l’origine ne puissent permettre de se soustraire aux lois de la République.

Félicitations, monsieur Ciotti ! Vous avez inventé un principe majeur : la loi doit être respectée !

C’est brillant ! On se demande comment personne n’a eu l’idée avant vous !

La vérité, c’est que vous voulez encore faire un texte “coup de com” pour cibler les étrangers et nos compatriotes qui ont une “origine” ou une “religion”, comme vous dites, qui ne vous conviennent pas.

Vous savez, M. Ciotti, en ce moment, nombre de nos compatriotes me disent : “merci, vous me donnez envie de rester en France”. Et s’ils me disent cela, c’est donc qu’ils ont la tentation de la quitter. Pourquoi ? Parce qu’ils ne l’aiment pas ? Non ! Au contraire ! Ils l’aiment plus que vous ! Mais ils ont l’impression de ne plus la reconnaître et s’y sentent de moins en moins chez eux.

Pourquoi ? Est-ce à cause de l’immigration ? Non ! C’est à cause du racisme !

Ces compatriotes ont “une origine” ou “une religion” comme vous dites. Ils ont un nom, un prénom ou une couleur de peau qui fait qu’on les renvoie souvent à cela. Dans les contrôles de police, à l’école, dans les études, sur les plateaux télé, lorsque vous, Le Pen ou Zemmour ouvrez la bouche, ou lorsqu’ils cherchent un travail ou un logement.

Mais voyez-vous, ils sont Français. Et ils aiment la France, parce que c’est leur pays. Ils y ont grandi, ils y ont leurs amis, leurs parents, leurs enfants, leurs souvenirs et leur futur. Vous cherchez ailleurs leurs racines mais elles sont ici.

Oui, ils aiment la France ! Pas celle des rois et des tyrans que la Marseillaise appelle à chasser. Pas celle des capitalistes égoïstes qui laissent mourir des enfants dans la rue. Pas celle des impérialistes qui pillent le continent africain en disant “oui” à l’immigration de ses matières premières mais “non” à l’immigration de ses ressortissants. Pas celle des groupuscules fascistes qui répandent la haine et la violence.

Non, la France qu’ils aiment, c’est celle de la Révolution et de la République sociale. Celle de la devise : Liberté, Égalité, Fraternité. Celle des Droits de l’Homme et du Citoyen. De l’abolition de l’esclavage. De la laïcité. De l’école gratuite et obligatoire. Des congés payés. De la Résistance et du débarquement de Provence. Du suffrage universel. Du salaire minimum. Du droit à l’IVG. De l’abolition de la peine de mort. De la retraite à 60 ans et du mariage pour tous.

Qu’est-ce que la France, monsieur Ciotti ?

Est-ce le territoire exigu de l’Hexagone ? Non ! Et nos compatriotes des Outre-mer le savent, eux qui réclament que la France soit toujours à la hauteur des promesses de la République.

Est-ce une religion ? Non ! Elles existent toutes chez nous et la moitié de nos compatriotes n’en ont aucune.

Est-ce une langue ? Non plus. 29 pays du monde ont le Français pour langue officielle. Et ce n’est pas en France mais en République Démocratique du Congo qu’on parle le plus notre langue commune.

Est-ce une couleur de peau ? Non ! Nous les avons toutes. Notre peuple est divers et métissé. Et c’est une bonne nouvelle ! Car cela veut dire que les Français se fichent de la couleur de peau quand ils font des enfants : ils ne pensent qu’à une chose : l’amour ! Oui, l’amour et non la haine !

Alors, qu’est-ce que la France, monsieur Ciotti ?

C’est un peuple et une Histoire qui se définissent l’un et l’autre par la rupture de 1789. Car c’est de la Révolution que naît la France d’aujourd’hui. Avant 1789, il n’y a ni Marseillaise, ni drapeau tricolore, ni République. Cette nouvelle France naît en opposition à tout ce qui la précède : le servage, les privilèges, les rois, les nobles, la mainmise de l’Église. Elle les envoie à l’abîme. Elle prend la Bastille. Elle change le monde.

Notre peuple est celui qui devient Nation en affirmant sa souveraineté. C’est un peuple politique. Un peuple révolutionnaire, rebelle et insoumis. Il était celui des Sans-Culotte et des Communards. Il est celui Gilets jaunes, des Soulèvements de la Terre, des manifestations contre la retraite à 64 ans et des révoltes urbaines de juin.

Voilà la France ! Celle des centre-villes, des banlieues et des campagnes. Celle des étudiants et des retraités, des salariés du public et du privé, des travailleurs et des chômeurs, des ouvriers et des cadres. Celle qui se fiche de la religion ou de la couleur de peau du voisin. Celle qui chante “Macron démission” et “Allons enfant de la patrie”. Celle qui ne baisse jamais les yeux.

Cette France reste fidèle aux principes de la 1ère République. Elle garantissait l’égalité “par la nature et devant la loi” et le “droit à l’insurrection”. Elle fixait comme objectif “le bonheur commun”. Elle disait que pouvait être citoyen français celui qui était né sur notre sol ou l’étranger qui y vivait depuis un an. Elle garantissait le droit d’asile et faisait du peuple français “l’ami et l’allié des peuples libres”.

Avouez-le : on dirait du  Mélenchon, pas du Larcher ou du Ciotti ! Car lui n’a pas choisi, comme vous, de privatiser le nom “Républicain” : il a choisi d’en suivre le programme. Et il tient en trois mots.

Ce n’est pas “Ferme ta gueule”.

C’est “Liberté, Égalité, Fraternité”, et c’est Robespierre qui a inventé cette devise.

Pourquoi ? Est-ce à cause de l’immigration ? Non ! C’est à cause du racisme !

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