Invité de BFMTV ce dimanche 26 novembre 2023, le député et chef du parti « Les Républicains » Éric Ciotti a refusé de condamner les manifestations racistes organisées par l’extrême droite à Romans-sur-Isère. Ces manifestations étaient organisées à l’appel de groupuscules extrémistes après la mort tragique de Thomas, un jeune homme de 16 ans, dans une rixe survenue à Crépol lors d’un bal de village. Depuis sa mort, et plutôt que de respecter la volonté de la famille qui refuse une récupération politique, l’extrême droite n’a cessé d’essayer d’exciter la haine. Avec succès, compte tenu de ce qui s’est passé ensuite. 

Car ce samedi 25 novembre, plusieurs groupuscules d’extrême droite ont répondu aux appels à la haine en se rendant à Romans-sur-Isère, et venant parfois de loin, pour y effectuer un raid aux cris de « Islam hors d’Europe » ou encore « La France nous appartient ». La volonté de s’en prendre à des personnes racisées est avérée puisque certains participants échangeaient des messages visant explicitement à s’en prendre à des « bougnoules » (sic.) et répondaient, au moins pour une partie d’entre eux, aux ordres de quelqu’un qui se fait appeler « gros lardon », un fan d’Hitler et du IIIe Reich selon les révélations de Street Press. Au final, non seulement ces individus se sont battus avec les forces de police dépêchées sur place, mais en plus se sont-ils fait recevoir de manière vigoureuse par les habitants du quartier qui les ont rapidement renvoyés dans leurs cordes. 

Voilà donc ce qu’Éric Ciotti a refusé de condamner ce 26 novembre 2023, préférant pour sa part de nouveau exciter la haine en parlant de la mort de Thomas et en faisant un lien entre cet évènement et l’ensemble des actes de violence qui surviennent dans le pays. Un refus de condamner qui a fait réagir Jean-Luc Mélenchon qui a indiqué dans un tweet que « Cette ambiguïté avec le racisme encourage les pires débordements de violences » et que « Ce refus [de condamner ces actes] est une apologie pour les bandes armées racistes ». Il a conclu en disant : « On voit de mieux en mieux où est le problème dans notre République ».

La réponse d’Éric Ciotti est pour le moins inquiétante. Elle participe d’une logique de guerre civile. La voici : « Monsieur Mélenchon, le danger pour la République, c’est vous ! Depuis des années, vous combattez la France éternelle. Ma France c’est celle de Thomas. Vous préférez ses bourreaux mais vous me trouverez toujours sur votre chemin ! ». Rien ne va dans cette réponse, à commencer par une référence pétainiste à « la France éternelle » (même si de Gaulle a ensuite repris cette formule une fois la victoire acquise pour la retourner contre ceux qui l’avaient utilisée). Mais surtout, Éric Ciotti affirme qu’il existerait deux France : celle de Thomas et celle de ses bourreaux. Inadmissible ! 

Il n’y a qu’une France : celle de la République

Les propos d’Éric Ciotti sont extrêmement graves, particulièrement pour quelqu’un qui est le chef d’un parti nommé « Les Républicains ». Il n’y a pas plusieurs France : il n’y en a qu’une et c’est celle de la République. Et elle affirme dès l’article 1er de sa Constitution que « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances ». Indivisible ! Cela veut dire qu’on ne peut pas la morceler, ni sur le plan territorial, ni sur le plan de l’unité de son peuple. Et tous ceux qui s’engouffrent dans cette voie sont des dangers publics au sens littéral du terme puisqu’on a pu voir à Romans-sur-Isère que certains de nos compatriotes pouvaient être menacés en raison de leur couleur de peau ou de leur religion supposée. 

C’est dans cette ambiance déjà délétère que commence, ce lundi 27 novembre 2023 en commission des Lois à l’Assemblée nationale, l’examen du projet de loi sur l’immigration. Un texte mauvais et dangereux, destiné lui aussi à éveiller le poison du soupçon des « ennemis de l’intérieur ». Son durcissement par la droite au Sénat montre d’ailleurs combien la vision de la République qui est désormais celle des prétendus « Républicains » n’a plus rien de républicain. La haine des étrangers qui transpire dans ce texte est dramatique. Ce qu’ils veulent, finalement, c’est une République version gros lardon. Sachez-le : ils s’en prennent même à l’amour puisqu’ils veulent empêcher ceux qui s’aiment de pouvoir se retrouver. Sachez-le : ils s’en prennent même au patriotisme puisqu’ils veulent empêcher ceux qui aiment la France de devenir Français. Bref : ce texte de Darmanin transformé par les amis de Ciotti au Sénat, c’est la haine de tout ce qui a fait la grandeur de la France et de sa République : sa capacité, justement, à faire France de tout bois.

Les insoumis combattront pied à pied cette vision délétère de ce qu’est la France et de ce qu’est la République, soyez en sûrs. Il n’y a pour nous qu’un seul peuple qui se regroupe autour de sa devise « Liberté, Égalité, Fraternité » quelle que soit la couleur de peau ou la religion des uns ou des autres. Tout cela n’a pas de sens pour nous : ce qui compte n’est pas ce que sont les gens mais ce qu’ils font. Et c’est bien la raison pour laquelle nous sommes à la fois aux côtés de la famille et des amis de Thomas, que nous félicitons les gendarmes qui ont rapidement interpellé les suspects responsables de sa mort, et que nous sommes tout autant aux côtés des habitants de Romans-sur-Isère menacés par les groupuscules d’extrême droite. La France, c’est ça. La République, c’est ça. C’est les mots de Médine : « L’amour des siens, ce n’est pas la haine des autres ». La France de la République, ce n’est jamais la haine. C’est toujours l’amour. C’est la France que nous défendrons jusqu’au bout contre les gros lardons et les Éric Ciotti de tous poils.