Jeudi 14 février, l’Assemblée nationale étudiait une convention fiscale entre la France et le Luxembourg. À la tribune, pour le groupe de la France insoumise : Jean-Luc Mélenchon. Il a transformé son intervention sur le sujet en un véritable plaidoyer contre l’évasion fiscale, rappelant notamment que son coût, 80 milliards d’euros par an, était plus important que la totalité du déficit public français ou équivalent à un an et demi de fonctionnement de toutes les écoles, collèges et lycées du pays.
Les héros et les « traitres »
Le Luxembourg est pointé comme étant au centre d’un « système de contournement de l’impôt » dans l’Union européenne. Le troisième homme de la dernière présidentielle a rappelé le scandale des « luxleaks » qui a éclaté en 2014. À l’époque, deux lanceurs d’alerte avaient fait fuiter des documents qui montraient comment le gouvernement de cet État s’arrangeait avec 240 multinationales pour leur faire éviter l’impôt. Coût pour les finances des autres États : 50 milliards d’euros. Il a évoqué le sort des deux lanceurs d’alerte, Raphaël Halet et Antoine Deltour et de leur persécution judiciaire alors « qu’ils mériteraient que la France leur remette la Légion d’honneur ».
Devant la représentation nationale, Jean-Luc Mélenchon s’est montré très offensif contre les entreprises multinationales coupables de ces montages : « Je cite à nouveau des entreprises ayant bénéficié de rescrits : Apple, Amazon, Ikea, Heinz, Deutsche Bank (…) Il y a aussi cinquante-six entreprises françaises qui trichent avec leur pays et n’éprouvent aucune honte à se comporter ainsi, en partant au Luxembourg pour ne pas contribuer à l’effort de la patrie pour tous ses besoins : les écoles, les routes, les hôpitaux ! Elles vont se cacher puis viennent nous faire la leçon sur la manière de bien gérer l’argent public, auquel elles refusent de contribuer ! Celles-là sont des traîtres ! Il faut les nommer : Axa, LVMH, la Caisse d’Épargne, la Banque Populaire, BNP-Paribas, CNP Assurances ! ».
Un thème central de la France insoumise pour les élections européennes
Le président actuel de la Commission européenne et ancien Premier ministre du Luxembourg, Jean-Claude Juncker en a également pris pour son grade. Pour le leader de la France insoumise, « il ment » lorsqu’il affirme n’avoir rien à voir avec les arrangements fiscaux du Luxembourg. Les traités européens, visés dans le discours, ont été accusés d’organiser ce « racket » en empêchant toute harmonisation fiscale. Rien d’étonnant à ce que Jean-Luc Mélenchon ait analysé ce sujet du point de vue européen puisque la France insoumise a décidé de faire de la lutte contre l’évasion fiscale un thème centrale de sa campagne pour les élections européennes. On le trouve dans les « 12 combats » qui résument le programme « L’Avenir en commun : en Europe aussi » et la tête de liste, Manon Aubry, était jusque récemment en charge de ces questions auprès de l’ONG Oxfam.
[divider]
Cet article vous a intéressé ? Abonnez-vous à la Newsletter en cliquant ici.