Ce mercredi 28 février 2018, le journal Le Monde publie un article intitulé : « Fin de vie : 156 députés font pression pour une nouvelle loi ». En effet, plusieurs députés, pour l’essentiel issus de « La République en Marche », signent ce même jour une tribune demandant « une nouvelle loi » sur ce sujet. Une demande bienvenue mais qui soulève l’étonnement…
En effet, il y a tout juste un mois, le 1er février 2018, la France insoumise utilisait sa « niche parlementaire » (un jour réservé à l’opposition à l’Assemblée) pour déposer une proposition de loi sur le sujet. Or, « La République en Marche » avait déposé sur le texte de la France insoumise une motion de renvoi en commission. Manière de chercher à enterrer poliment cette proposition sans en débattre en séance.
La journée parlementaire s’étant terminée avant même le vote sur cette motion, le texte de la France insoumise sur la fin de vie pourrait donc potentiellement être étudié prochainement… ne manque en réalité que la volonté politique de le mettre à l’étude en séance. Et le courage des députés de « La République en Marche » pour ne pas voter leur propre motion de renvoi en commission et accepter de débattre d’une loi portée par un autre mouvement qu’eux.
Pour Le Monde, la France insoumise n’existe pas
Mais pour Le Monde, cette proposition de loi de la France insoumise n’a carrément jamais existé ! Aussi incroyable que cela puisse paraître, l’article n’évoque pas une seule fois cette proposition. Et la France insoumise n’est citée qu’une seule fois dedans… et encore : entre parenthèses ! Voici la phrase : « Le sujet, qui touche à des convictions très intimes, pourrait rallier des voix de députés de gauche (La France insoumise, communistes et PS) et de droite ». Une manière de minorer le rôle moteur de cette formation politique sur le sujet !
Et ce n’est pas fini. Car l’article précise : « La question de la fin de vie n’a pourtant eu de cesse de s’inviter dans les premiers mois [du mandat d’Emmanuel Macron]. En septembre 2017 d’abord, avec la médiatisation du combat de l’écrivaine Anne Bert, atteinte une pathologie neurodégénérative évolutive et incurable, en faveur d’un droit à décider de sa mort. Puis en janvier, lors du lancement pour six mois des Etats généraux de la bioéthique, dont une importante part des débats sont consacrés à la question de la fin de vie ». Et la proposition de loi de la France insoumise lors de sa niche parlementaire ? Pas un mot !
Plus gênant encore : l’expression « Niche parlementaire » sert d’intertitre à l’article. Le lecteur averti des débats de l’Assemblée s’attend donc à ce qu’alors on évoque enfin la proposition de la France insoumise. Loin de là ! L’expression n’est utilisée que pour dire : « [Les députés signataires] estiment également peu probable que le gouvernement porte lui-même une loi sur l’euthanasie. Le dépôt d’un texte à part, émanant des députés eux-mêmes, et proposé dans le cadre d’une niche parlementaire, semble aujourd’hui tenir la corde ». Banane ! C’est déjà le cas ! C’est juste que quand ça vient de la France insoumise, « En Marche » rejette en bloc.
Au total, cet article interroge. S’agit-il d’incompétence ou de malhonnêteté ? Dans les deux cas, c’est grave. Et dans le second plus encore que le premier. Car cet article revient à rendre complètement invisible la France insoumise sur le sujet de la fin de vie… alors même qu’elle a été la force motrice la plus puissante pour amener ce débat dans l’hémicycle. Est-ce parce que Le Monde touche chaque année 5 millions d’euros d’aides publiques qu’il est si docile avec le pouvoir macronniste et si hostile à son principal opposant ? Mystère. Mais la réponse est peut-être dans la question.