Depuis maintenant 7 mois, on assiste à un bashing médiatique anti-insoumis en général et anti-Mélenchon en particulier qui a de quoi laisser songeur compte tenu de la prétendue « neutralité » des médias dominants. De l’épisode de l’ALBA avant le premier tour de l’élection présidentielle jusqu’à une « dépression » inventée ces derniers jours en passant par le Venezuelaaaaa, l’« islamo-gauchisme » et les insinuations honteuses autour de Marine Le Pen, le système médiatique semble s’arc-bouter pour dégoûter (et donc démobiliser) autant que possible celles et ceux qui ont voté pour Jean-Luc Mélenchon et L’Avenir en commun. Passage en revue des épisodes les plus marquants de ce bashing médiatique.
Sommaire :
– Mélenchon = dictateur | L’ALBA
– Mélenchon = Le Pen | Le second tour
– Mélenchon = violent | Cazeneuve et Rémi Fraisse
– Mélenchon = méprisant | Le matheux
– Mélenchon = antipatriote | Vive la France !
– Mélenchon = irrespectueux | Les cravates et François de Rugy président de l’Assemblée
– Mélenchon = gauchiste (et aussi Lénine, Trotski, extrémiste…) | Le Figaro Magazine
– Mélenchon = démagogue | Des pâtes au Palais Bourbon
– Mélenchon = machiste | Insoumeetic
– Mélenchon = dictateur (de type sanguinaire) | Le Venezuelaaaaa
– Mélenchon = abruti (comme ses 7 millions d’électeurs) | Éric Brunet
– Mélenchon = indigne | La rue et les nazis
– Mélenchon = islamo-gauchiste | Les complices médiatiques de Manuel Valls
– Mélenchon = anti-européen | Le drapeau
– Mélenchon = insultant | Valls, ouvrez les guillemets, « nazi » ?
– Mélenchon = malhonnête | Logements
– Mélenchon = méchant | La vérité sort de la bouche des enfants
– Mélenchon = déprimé | Avoir le point
– Mélenchon = en panne | L’essence précède l’existence
– Mélenchon = raciste | Le PIR
– Conclusion
Mélenchon = dictateur | L’ALBA
Souvenez-vous : à 15 jours du premier tour de l’élection présidentielle, le grand sujet du moment était… L’ALBA ! Cette alliance sud-américaine que le programme L’Avenir en commun propose de rejoindre dans son point 62 intitulé « Construire des coopérations altermondialistes et internationalistes ». Parmi d’autres propositions, il est écrit que la France insoumise veut « Instaurer une politique de codéveloppement avec l’Amérique latine et les Caraïbes en adhérant à l’ALBA (Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique) ».
La charge médiatique commence le 10 avril dans l’émission « C à vous ». Le journaliste Patrick Cohen interpelle Alexis Corbière de manière neutre et objective : « Vous sortez des traités européens, vous sortez de l’OTAN, vous sortez de l’OMC mais la France ne reste pas seule puisque, chapitre 62 : “nous adhérons à l’Alliance bolivarienne”, dont les principaux pays membres sont Cuba et le Venezuela et les pays observateurs la Russie et l’Iran ».
Quelques jours plus tard, rebelote sur le plateau de Jean-Michel Aphatie (tout à fait neutre et objectif également). L’invitée du jour est Clémentine Autain. L’extrait de l’échange entre Cohen et Corbière est diffusé puis Aphatie interroge, non sans mépris : « Alors ça, l’Alliance bolivarienne, faut avouer… fallait y penser hein (…). Avec l’Iran, c’est moche quand même hein (…). L’Iran… La Russie… (il fait une grimace) ». Immédiatement, l’extrait est partagé par le compte Twitter de France info avec ce commentaire : « Malaise de la porte-parole de Mélenchon à l’évocation du point 62 du programme et l’adhésion de la France à l’alliance bolivarienne ».
C’est ensuite l’emballement de la machine à buzz avec de multiples articles sur le thème de l’Alliance bolivarienne « Qu’est ce que l’Alliance bolivarienne, dont parle Mélenchon dans son programme? » titre BFMTV, « Qu’est-ce que l’Alliance bolivarienne que souhaite rejoindre Mélenchon ? » titre Libération avec une photo non orientée de Nicolas Maduro où l’on voit Chavez et Castro en fond, genre « coucou les amis des dictateurs ».
La chose va assez loin pour que le 20H de TF1 s’en fasse l’écho le 14 avril alors que Jean-Luc Mélenchon est l’invité de la chaîne pour l’émission « Demain président ». Et la question est toujours orientée de la même manière par Anne-Claire Coudray : « Tout ça nous amène à l’Europe : vous voulez éventuellement quitter l’Union européenne si vous n’arrivez pas à la changer. Vous voulez aussi sortir de l’OMC, de l’OTAN et en même temps adhérer à l’alliance bolivarienne, c’est dans votre programme… L’Alliance bolivarienne a été crée par Hugo Chavez et Fidel Castro, les États observateurs sont la Syrie et l’Iran, quel intérêt les Français auraient-ils à s’allier avec ces régimes ? ». Le rire de Jean-Luc Mélenchon, ce soir-là, était la réponse la plus juste qu’on pouvait faire à ce genre de farce (voir à partir de 13:22).
Cette campagne médiatique avait un but clair. Associer la France insoumise à des pays et des dirigeants politiques présentés comme « moches quand même hein » pour reprendre les mots de Jean-Michel Aphatie et incruster dans la tête des gens l’équation Mélenchon = dictateur. Tout ceci à dix jours du premier tour de l’élection présidentielle. Sur ce sujet, la France insoumise a publié un « désintox » pour remettre les pendules à l’heure sur le sujet, mais il n’a bien sûr pas pu connaître une audience similaire à celle d’une campagne de désinformation menée par l’ensemble des médias…
Mélenchon = Le Pen | Le second tour
Le premier tour passé et le résultat espéré par toute l’oligarchie survenu (un deuxième tour entre le candidat du Medef et la candidate de l’extrême droite), les médias n’ont pas pour autant lâché Jean-Luc Mélenchon. Bien au contraire.
Entre les deux tours de l’élection présidentielle, la France insoumise a donné une ligne : « pas une voix pour le Front national ». Pour le reste, chacun pouvait agir suivant ses opinions et ses convictions. Une consultation en ligne a d’ailleurs été ouverte pour permettre aux insoumis de dire ce qu’ils allaient choisir entre le vote Macron, le vote blanc et l’abstention. Pas pour donner une consigne ; pour donner un point de vue.
Cette manière d’agir entièrement nouvelle n’a pas été supportée par la sphère médiatique. Pour les médias, il aurait fallu cotiser pour le système. Il aurait fallu « appeler clairement » à voter Macron pour « faire barrage » à Marine Le Pen. Il ne leur était pas venu à l’esprit, bien sûr, qu’ils pouvaient agir avant le premier tour comme l’a fait Jean-Luc Mélenchon en décryptant, dans ses discours, le programme du Front national et les mensonges de sa candidate.
Une intense campagne médiatique de second tour a donc consisté à mettre Jean-Luc Mélenchon sur le même plan que Marine Le Pen, à dire que « son silence » était « coupable », « complice », « en disait long », « faisait le jeu » de Marine Le Pen. Les castors de la vingt-cinquième heure se découvraient soudainement une passion pour les barrages après avoir précédemment rigoureusement fait s’effondrer toutes les digues en dédiabolisant le Front national et sa candidate, comme je l’avais expliqué dans une vidéo publiée à ce moment-là.
Le fait que Jean-Luc Mélenchon n’ait pas été silencieux, qu’il ait donné une consigne claire contre l’extrême droite en appelant à ne pas voter pour Marine Le Pen et qu’il ait expliqué sa démarche n’était pas pris en compte. Seul comptait un objectif : mettre une nouvelle fois Jean-Luc Mélenchon sur le même plan que Marine Le Pen, suivant la vieille logique du dessin de Plantu publié par L’Express en 2012. Avec là encore le même but : dégoûter et démobiliser son électorat nombreux de la présidentielle.
Mélenchon = violent | Cazeneuve et Rémi Fraisse
Une fois le second tour de l’élection passée et Macron-Jupiter devenu président, on aurait pu croire que la caste se détendrait un peu. Loin de là. Elle connaît l’importance des élections législatives dans le système électoral français et voulait se retrouver avec le moins possible de députés insoumis à l’Assemblée (on comprends pourquoi, compte tenu de leur pugnacité dans l’hémicycle et en commissions). Tous les propos de Jean-Luc Mélenchon ont donc été intensément scrutés pour y trouver quelque chose à monter en épingle.
Ce quelque chose a été finalement trouvé dans l’un de ses discours prononcé à Montreuil le 24 mai pendant la campagne législative. La troisième prise de parole de Mélenchon de la journée, la hutième en trois jours. Et dans ce discours, à un moment donné, le porte-parole de la France insoumise parle du « gars qui s’est occupé de l’assassinat de Rémi Fraisse » à propos de Bernard Cazeneuve dont il cherchait le nom la seconde précédente.
La caste jubile : une caméra de « C politique » trainait par là. Immédiatement, l’extrait est coupé, diffusé, amplifié. La machine à buzz se met en marche. Et Cazeneuve s’engouffre dans la brèche : il se dit blessé et veut porter plainte. Voilà le porte-parole de la France insoumise repeint en violent pour un mot dans un meeting tandis que le vrai violent, celui qui était ministre de l’intérieur quand Rémi Fraisse est mort, devient la triste victime du méchant Mélenchon. À ce dernier, on demande « des excuses », on demande s’il « regrette ses propos » ; au premier, rien.
Évidemment, « Quotidien » saisit immédiatement la balle au bond et essaie de créer un incident avec les méthodes habituelles qu’on lui connaît désormais : provocations, montages et présentation malhonnêtes que j’avais d’ailleurs dénoncés dans une série de tweets ainsi que dans un article… Série de tweets qui m’avait valu d’être à mon tour pris pour cible par « Quotidien ». Et comme le droit de réponse que j’avais demandé ne m’avait pas été accordé, j’avais fait la réponse sur YouTube en expliquant les méthodes malhonnêtes de l’émission de Yann Barthès et les mensonges dits sur le plateau ce soir-là.
Il reste qu’à quelques jours du premier tour des élections législatives, cette campagne médiatique très large contre le « violent » Mélenchon n’a pu agir que dans le sens d’une démobilisation de l’électorat insoumis. Personne, par contre, n’a demandé à Bernard Cazeneuve s’il « regrettait » la mort de Rémi Fraisse et si Jean-Luc Mélenchon ne pointait pas quelque chose de juste dans son discours. Silence complice. À la fin, on penserait presque que c’était Jean-Luc Mélenchon le ministre de l’Intérieur au moment de la mort de Rémi Fraisse…
Mélenchon = méprisant | Le matheux
Après le second tour des élections législatives, la campagne médiatique contre les insoumis a non seulement continué mais elle s’est en plus amplifiée. Le moindre mot a continué à être scruté pour être monté en épingle. Ainsi lorsque Jean-Luc Mélenchon, parlant du mathématicien Cédric Villani (désormais député « En Marche ») l’a qualifié de « matheux ». La sphère médiatique a immédiatement fait monter la polémique sur le thème « Mélenchon attaque », « Mélenchon s’en prend à » Villani.
Évidemment, l’occasion a été rapidement saisie par Cédric Villani qui a répondu à Mélenchon dans un tweet. Nouvelle occasion pour la sphère médiatique de faire du buzz sur « le clash » avec une présentation des faits neutre et objective, comme dans cet article de LCI : « Le leader de La France Insoumise voulait se moquer ce mardi du mathématicien Cédric Villani, nouveau député de La République en Marche. Ce dernier l’a taclé avec le sourire dans un tweet qui fait le bonheur des internautes… ». Article qui présente ensuite une sélection de tweets allant tous dans le même sens, du genre : Mélenchon est méchant, méprisant, etc.
Mais si « matheux » est une insulte, on peut du coup se demander pourquoi des journalistes l’ont utilisé pour parler de Manuel Bompard, directeur de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon, qui se trouve être mathématicien. Ainsi Slate qui l’a utilisé dans un portrait. Ainsi Fabien Namias qui l’a utilisé pour présenter Manuel Bompard sur son plateau, comme l’a rappelé ce dernier avec humour dans un tweet.
Fabien Namias m’insulte en direct sur #Europe1. Je suis choqué. Que font les journalistes ? #matheux #franceinsoumise #MelenchonBashing pic.twitter.com/y5Ktk1Wk3j
— Manuel Bompard (@mbompard) 23 juin 2017
Bref : on voit que, pour la sphère médiatique, ce mot n’a de sens péjoratif ou agressif qu’en fonction de la bouche qui le prononce. Et là encore, l’objectif était clair : faire de Mélenchon une personne méprisante, pas sympa ou « méchante » pour reprendre un titre du Magazine du Monde en 2013.
Mélenchon = antipatriote | Vive la France !
« Avec votre parcours, d’être devenue députée, vous dites : “Vive la France !” ? ». C’est par cette question étrange qu’a commencé le 21 juin 2017 une nouvelle cabale médiatique contre les insoumis. En mode : les ennemis de la patrie. Arrêtons-nous un instant sur cette question. Elle est bizarre, non ? Imagine-t-on un présentateur radio la poser à n’importe qui ? Bien sûr que non. D’où la réponse assez logique de Danièle Obono, à qui on la posait : « Pourquoi “Vive la France” ? ». Réponse embêtée d’Alain Marschall : « Non mais je… pour euh… bah, “Vive la France” parce que c’est la démocratie et que vous êtes députée ». Tu parles d’une question ! Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire, exactement, une question pareille ?
La vérité est que ce jour-là, un piège médiatique a été tendu à Danièle Obono : lui faire dire « Vive la France ! » tout en lui demandant, en toute innocence : « ben alors dans ce cas pourquoi vous soutenez les gens qui disent “nique la France” ? », à propos d’une pétition pour la liberté d’expression (et non pas pour « niquer la France ») qu’elle avait signée cinq ans plus tôt, aux côtés de Noël Mamère et d’autres responsables politique à qui on n’a jamais demandé de crier « Vive la France ! » sur un plateau de radio. Sauf que, voilà, Danièle a interrogé la question avant d’y répondre. Et ça, ça a un peu fait foirer le piège. Mais RMC a quand même trouvé le moyen de lancer une polémique sur le mode : « La députée France Insoumise qui hésite à dire “vive la France” ! ». Commentaire dans le texte : « Alain Marschall lui demande alors si en tant que nouvelle élue, elle pourrait prôner l’expression populaire “vive la France !”. Une question qui va laisser place à une hésitation embarrassante… ». Pas un mot, évidemment, sur l’« hésitation embarrassée » d’Alain Marschall pour répondre à la question de Danièle Obono ; forcément, puisqu’une réponse honnête de sa part aurait nécessairement montré le caractère raciste de l’interpellation.
Quand une polémique comme ça se présente, la sphère médiatique jubile. Surtout celle de droite. Jean-Michel Aphatie saute sur l’occasion avec un tweet : « Entendre Nique la France la gêne moins que dire Vive la France. Elle est pas mal l’Insoumise… ». Ce n’est pas du tout ce qui s’est passé sur le plateau, ni ce qu’a dit Danièle, mais ce n’est pas grave ! On peut se lâcher, c’est une insoumise ! D’ailleurs, la biographie Twitter d’Aphatie est honnête puisqu’elle dit : « Le journalisme, ce n’est pas l’objectivité, c’est la maîtrise de la subjectivité ». Le mensonge, on va dire que c’est de la subjectivité bien maîtrisée, n’est-ce pas ?
Le Figaro embraye : « Une députée Insoumise défend le droit de dire “Nique la France” et soulève une bronca ». Avec une illustration bien comme il faut où on voit Danièle Obono et Jean-Luc Mélenchon ensemble (procédé utilisé sans relâche contre ce dernier pour embarquer systématiquement le porte-parole des insoumis dans toutes les polémiques). Le Figaro, sans doute un peu conscient du ressort sur lequel s’appuie son article, écrit tout en bas : « Avertissement de modération : Nous vous rappelons que vos commentaires sont soumis à notre charte et qu’il n’est pas permis de tenir de propos violents, diffamatoires ou discriminatoires. Tous les commentaires contraires à cette charte seront retirés et leurs auteurs risquent de voir leur compte clos. Merci d’avance pour votre compréhension. ». C’est pas joli-joli d’être obligé de préciser ça, hein ?
Bref, une fois encore, c’est un même procédé qui est utilisé : monter un élément en épingle pour en faire une polémique qui salit les députés insoumis. Mais, la main sur le cœur, tous ceux qui participent à la création de ces polémiques médiatiques diront que c’est « leur devoir d’informer », « en toute indépendance ». Le fait de s’appuyer sur la fachosphère pour que les articles soient relayés ne pose bien sûr aucun problème aux castors d’entre les deux tours de l’élection présidentielle.
Mélenchon = irrespectueux | Les cravates et François de Rugy président de l’Assemblée
Le 27 juin, la nouvelle Assemblée nationale faisait sa rentrée. Au programme : pas grand chose, sinon l’élection du nouveau président. Mais la sphère médiatique a trouvé deux occasions de taper sur les insoumis. La première, c’est que les députés étaient entrés sans cravate dans l’hémicycle ; la seconde, c’est qu’ils sont restés assis au moment où l’élection de François de Rugy à la présidence a été annoncée.
Dans les salles de rédaction, ça a dû flairer le buzz facile. Pas de cravate et pas de standing ovation pour le renégat de l’écologie, c’était trop pour la bonne société. Alors les articles se sont enchaînés pour dénoncer le « manque de respect » pour l’institution et, même, pour « les citoyens ». Monsieur Barbier lui-même s’en est offusqué ! La cravate, dit-il, ce n’est pas si grave, mais alors ne pas se lever pour applaudir en cadence, ça c’est carrément « un faux-pas », « inquiétant », « impardonnable », « un comportement de gougnafier irrespectueux ». Oui, il a vraiment dit ça.
Vous avez saisi l’idée ? Elle est simple : quand on tient un insoumis, avec n’importe quoi, on ne le lâche pas. On saisit la moindre occasion pour lui taper dessus, comme Christophe Barbier. Et on se lâche, on y va, on dit tout ce qui nous passe par la tête tant que ça tape, que ça cogne et que ça salit.
Notez que le même cirque a recommencé un mois plus tard avec la chemise de François Ruffin qui n’était pas tout à fait dans son pantalon. Comme quelques remarques de cour d’école ont fusé depuis les bancs de la droite, la presse neutre et objective s’est fait un devoir de rapporter cette « information » capitale pour la compréhension de la vie à l’Assemblée nationale. Pour une chemise pas tout à fait dans le pantalon, ce sont au moins huit sites d’information qui ont écrit un article et/ou publié une vidéo : BFMTV, Le Huffington post, Valeurs Actuelles, LCI, 20 Minutes, Sud Ouest, L’Express et Speech. La palme du titre le plus pourri pour L’Express : « VIDÉO. Ruffin débraillé, l’Assemblée déraille ». La palme du titre le plus proche de la réalité pour Speech : « En plein débat sur la loi de moralisation, les députés n’ont retenu que la tenue de François Ruffin ». Dommage que Speech n’ait pas aussi appliqué cette lecture des choses à ses confrères : « En plein débat sur la loi de moralisation, les journalistes n’ont retenu que la tenue de François Ruffin », ça aurait eu de la gueule comme titre !
Mélenchon = gauchiste (et aussi Lénine, Trotski, extrémiste…) | Le Figaro Magazine
Ce n’est pas souvent que Mélenchon fait la « une » du Figaro Magazine. Et quand il la fait, ça se voit de loin ! Une belle couverture rouge-sang dans laquelle on voit Lénine, Trotsky et Mélenchon. Tous les trois le doigt tendu, bien sûr. Et ce titre : « Aujourd’hui à l’Assemblée, demain dans la rue ? LE RETOUR DES GAUCHISTES ». Paf, prenez-vous ça dans la tronche, les insoumis : votre leader, c’est un COMMUNISTE ahaha ! Boum, tremblez, bourgeois : les bolchéviks sont dans l’Assemblée et demain ils seront sous vos fenêtres pour vous faire les poches. Léger, quoi.
Et à l’intérieur, ça y va (c’est moi qui souligne) : « Ce sont les arrière-petits-enfants de Léon Trotski. De lui et de Lénine, ils ont hérité le refus de la démocratie libérale, ainsi que la haine du capitalisme et de son économie de marché » ; « Plongée dans cette étrange sphère politique nourrie par les extrémismes et les radicalismes » ; « trotskiste dans sa jeunesse » ; « les mots utilisés empruntent au vocabulaire le plus extrême » ; « des expressions qui ne vont pas manquer de chauffer à blanc ses sympathisants et ses supporters, au risque de les entraîner vers des débordements » ; « Jean-Luc Mélenchon parle sans précaution de “coup d’État social”. Difficile de mener un débat serein quand [il] évoque d’emblée une prise de pouvoir illégale ! » ; « les forces de l’ordre ont du souci à se faire » ; « la violence dans les cortèges » ; « personne n’a oublié les images de ces policiers sortant de leur véhicule en feu et pris à partie par des casseurs » ; « haine anti-flics » ; « Jean-Luc Mélenchon utilise des mots pour provoquer » ; « il légitime en quelque sorte la contestation, voire les violences » ; « classique de l’extrême gauche » ; « il ne pourra pas manquer de commémorer les 50 ans de la mort de Che Guevarra, le 9 octobre » ; « similitudes entre certaines des propositions des amis de Mélenchon et le programme des socialistes révolutionnaires russes de 1917 ».
Si après ça vous n’avez pas les miquettes, on ne sait pas ce qu’il vous faut. Peu importe ici de savoir que Mélenchon a toujours condamné les violences, d’où qu’elles viennent, et qu’il ait clairement dit qu’il condamnait avec la plus grande fermeté le fait de mettre le feu à une voiture de police. Tout ça, Le Figaro Magazine n’en dit pas un mot dans la caricature qu’il dresse du combat des insoumis. Mais bien sûr, ce n’est pas de la propagande, n’est-ce pas ? C’est de l’information neutre et objective.
Mélenchon = démagogue | Des pâtes au Palais Bourbon
Les 17 députés insoumis arrivés à l’Assemblée, il a rapidement fallu se rendre à l’évidence pour la caste : composer avec eux pendant cinq ans ne va pas être une partie de plaisir. Parce qu’ils ont apporté une manière de faire nouvelle, qui consiste à porter le débat parlementaire hors du seul hémicycle. Avec des méthodes spectaculaires, comme celui d’articuler le travail parlementaire avec la mobilisation populaire, comme dans le cadre de la bataille sur les ordonnances. Ou encore en amenant l’équivalent d’un panier de courses de 5 euros pour dénoncer la baisse des APL.
Alors, évidemment, il a fallu trouver une manière négative de qualifier ce genre de pratiques, largement soutenues par la population si l’on en croit les divers commentaires et messages reçus à ce moment-là. Et le mot a rapidement été trouvé par Gerald Darmanin, ensuite rapidement repris en cœur par certains journaux : « démagogie ». Avec toujours ce double objectif : premièrement, disqualifier la méthode pour ne pas répondre au fond de la critique ; deuxièmement, faire des élus insoumis un repoussoir là où eux cherchent à porter des revendications populaires légitimes.
Mélenchon = machiste | Insoumeetic
La bataille menée par les 17 députés insoumis contre les ordonnances sur le code du travail et leurs méthodes de travail spectaculaires comme celle évoquée ci-dessus ont dû quelque peu déstabiliser en haut lieu. D’autant que, dans le même temps, les bourdes à répétition des députés « En Marche » ont commencé à donner l’impression d’une majorité « godillot », aux ordres de Jupiter. Alors, en plein cœur de l’été, la caste a trouvé un nouveau jouet pour taper sur Mélenchon et les insoumis : Insoumeetic et les propos machistes qu’on pouvait y lire.
Qu’est-ce qu’« Insoumeetic » ? Un groupe Facebook tenu par quelqu’un qui se dit insoumis, si l’on en croit les articles de presse, et sur lequel des gens célibataires s’échangent des messages pour tenter de trouver l’âme sœur (si j’ai bien compris). Et dans ce groupe, des propos « beaufs », « machistes », « sexistes » sont tenus sans qu’une modération appropriée soit effectuée pour les supprimer et les interdire, ce qui est clairement un problème.
Il n’en faut pas plus à de nombreux médias pour sauter sur l’occasion et repeindre immédiatement cette initiative en « groupe de rencontre de la France insoumise », comme s’il s’agissait d’un outil officiel. Avec deux angles principaux : premièrement, « c’est sectaiiiire », deuxièmement, les insoumis sont tous des beaufs machistes. Alors entre le 10 et le 17 août, toute la presse s’y met : Le Point, Libération, BFMTV, 20 Minutes, Le Figaro, Le Journal du dimanche, L’Obs, LCI, Le Dauphiné libéré… La palme des titres dégueulasses revenant incontestablement à France info pour « Entre commentaires graveleux et remarques sexistes, le groupe Facebook des “insoumis” dédié aux rencontres dérape », suivi de très près par Atlantico avec « Comment dit-on “est-ce que tu baises ?” dans la langue des Insoumis ? Comme en français ! »
Voilà le niveau d’information et d’investigation auquel est capable d’arriver toute la presse française : aller chercher les commentaires les plus graveleux, les plus machistes, les plus sexistes pour leur donner une audience qu’ils n’auraient pas eus sans eux. Une pratique qui n’a donc absolument rien à envier aux machistes, graveleux et sexistes qui laissaient ce genre de commentaires sur ce groupe Facebook. Mais souligner cela, j’imagine que c’est être « populiste », n’est-ce pas ?
Mélenchon = dictateur (de type sanguinaire) | Le Venezuelaaaaa
Après l’été, la sphère médiatique est revenue à la charge. Avec ? Le Venezuelaaaaa ! Et oui : si ça a servi avant le premier tour, on ne voit pas pourquoi ça ne pourrait pas servir après, n’est-ce pas ? Au milieu de l’été, la député En Marche Aurore Bergé et Le Huffington Post avait tenté de lancer un buzz, mais ça avait foiré. Pourtant le titre était bien violent comme il faut : « Après l’élection ensanglantée au Venezuela, ce vieux tweet de Jean-Luc Mélenchon déterré ». Mais non, le flop.
Alors après les vacances, ils sont revenus à la charge. Sauf erreur, c’est l’indépendant Laurent Joffrin dans l’indépendant journal Libération (qui avait fait une « une » indépendante ayant pour titre : « Faites ce que vous voulez mais votez Macron) qui a ouvert le bal. Avec un titre bien comme il faut : « Mélenchon et le Venezuela : l’inquiétant déni ». Paf ! Ça c’est envoyé ! Il y a « inquiétant », il y a « déni », on peut en faire quelque chose.
Et immédiatement, tout le monde embraye. Le Venezuelaaaaa est de retour sur la scène nationale. Avec toujours cette présentation sans nuance : des morts qui sont la responsabilité du pouvoir en place. Qu’importe si l’opposition utilise des cocktails Molotov ou des armes à feu artisanales. Qu’importe si le processus constituant a reçu un soutien populaire en dépit de l’appel de l’opposition à boycotter. La presse française présente les choses en allant toujours dans le même sens : Maduro est un dictateur sanguinaire. Et, par extension, Mélenchon est donc l’ami des dictateurs sanguinaires.
Où était le tollé de critiques médiatiques quand, en plein cœur de l’été, le nouvel ambassadeur de France remettait ses lettres de créances à Maduro (le sanguinaire, le dictateur) en personne ? Pourquoi personne n’a interrogé à ce moment-là le bras droit d’Emmanuel Macron, Emilien Ismaël, qui a participé activement à l’élection de Nicolas Maduro à la présidence du Venezuela, puisqu’il faisait partie de l’équipe d’Havas responsable de sa communication ?
On le voit : l’indignation sur le Venezuela est sélective. Elle est utilisée comme un outil de disqualification politique. Un peu comme la Russie il y a quelques temps (mais depuis, Macron a invité Poutine à Versailles, donc ça marche moins). Une indignation sélective qui ne touche pas, par exemple, l’Arabie saoudite. Sinon, on demanderait probablement à François Hollande ce qu’il pense du fait que les armes vendues à ce pays sous son mandat servent peut-être aujourd’hui à faire appliquer un blocus contre le Yemen dénoncé par l’ONU comme pouvant provoquer une famine qui causerait « des millions de morts ». Indignations sélectives.
Mélenchon = abruti (comme ses 7 millions d’électeurs) | Éric Brunet
À propos d’indignations sélectives, on peut se demander une chose. Pourquoi la sphère médiatique n’a-t-elle pas dénoncé les propos d’un de ses membres, Éric Brunet, lorsqu’il a traité les électeurs de Jean-Luc Mélenchon de « 19% d’abrutis qui pensent que Hugo Chavez ou Maduro peut sauver la France » ? La réponse tient dans la question : la sphère médiatique ne s’indigne jamais pour les « outrances », « éructations », « insultes », etc. d’un de ses membres.
Et quand Jean-Luc Mélenchon a répondu à Éric Brunet dans une de ses notes de blog pour dire qu’il fallait que cesse ce genre d’insultes attisant la haine contre les insoumis, au risque de les mettre physiquement en danger, un journaliste du Canard enchaîné ayant lu ladite note en diagonale s’est mis à dire que Mélenchon en appelait à la violence contre les journalistes ! Pourquoi ? Parce qu’il avait lu cette phrase : « je mets en garde solennellement : la hargne contre les insoumis et leurs porte-paroles pourrait un jour mal tourner et inspirer des violents ». Phrase tirée de l’extrait suivant, très clair sur le sens dans lequel pèse la menace :
En fait, monsieur Brunet s’est laissé entraîner. Il a perdu son sang-froid. C’est un effet de foule. Dans une horde médiatique glapissante écumante de haine, il a été emporté ! Je suis prêt à comprendre et même à pardonner puisqu’on ne doit pas excuser de tels comportements. Mais je mets en garde solennellement : la hargne contre les insoumis et leurs porte-paroles pourrait un jour mal tourner et inspirer des violents. Je suppose que les plus orduriers diront alors que nous l’aurons bien cherché. Mais je crois connaître assez bien nombre de ceux qui nous attaquent, et en ont bien le droit, pour savoir que ce n’est pas ce que tous veulent. Alors je leur dis : pas comme ça, pas avec ces mots, pas avec cette violence. Ça va trop loin ! Depuis la quinzaine qui a précédé le premier tour de l’élection présidentielle, tous les coups sont permis contre « La France Insoumise » dans les médias. Non seulement il n’y aura pas eu un jour de pause mais, dorénavant, non seulement la violence mais les provocations ont monté d’un cran.
Mélenchon = indigne | La rue et les nazis
Pendant son discours du 23 septembre qui faisait suite à la marche contre le coup d’État social, Jean-Luc Mélenchon a répondu a Emmanuel Macron, qui avait déclaré : « la démocratie, ce n’est pas la rue ». Le porte-parole de la France insoumise a rappelé ce jour-là combien, dans l’Histoire de France, la rue avait joué un rôle politique progressiste. Et au milieu d’exemples qu’il donnait sur ce thème, il a déclaré : « c’est la rue qui a abattu les nazis ». Ces quelques mots, ont été immédiatement tirés de son discours et montés en épingle suivant la même méthode étudiée plus haut à propos de Bernard Cazeneuve. Avec deux grands angles : premièrement, dans son énumération, Mélenchon aurait mis sur le même plan Juppé et les nazis (ben voyons !) ; deuxièmement, ce serait faux historiquement.
Les articles se sont donc multipliés sur le mode « Mélenchon suscite l’indignation » avec des articles citant abondamment des membres du gouvernement : « honteux », « indigne », « choquant », « déshonorant », etc. Le Figaro a par exemple fait un article qui se résume à peu de choses près à un communiqué de différents membres du gouvernement (qui n’avaient évidemment aucun intérêt à disqualifier le message porté par la marche contre le coup d’État social, n’est-ce pas ?). D’autres articles ont quant à eux fait intervenir « des historiens » qui « condamnaient les propos » de Jean-Luc Mélenchon.
Sauf qu’assez rapidement, certains ont fini par se rappeler qu’effectivement, il y avait eu en France ce qu’on appelait « la Résistance », que celle-ci avait participé activement aux combats et sabotages de la Libération, qu’elle avait lancé l’insurrection populaire dans de nombreuses villes et zones de notre pays, à commencer par sa capitale Paris (« libéré par lui-même, libéré par son peuple » selon les mots du général de Gaulle), et que si la France était assise à la table des vainqueurs au moment de la capitulation nazie, c’était grâce à l’action de cette Résistance.
La « polémique » s’est donc assez rapidement retournée contre ses différents initiateurs qui se sont mis à devoir expliquer que c’étaient les Américains (mais pas les Russes) qui nous avaient libérés et même que c’était la rue qui avait amené les nazis au pouvoir, comme l’a fait Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO. Charlie Hebdo est même allé jusqu’à représenter un Mélenchon halluciné avec un brassard de FFI en train de tondre une femme, manière de résumer l’action libératrice de la rue à ces seuls actes punitifs déshonorants. Ignorer ou salir l’action de la Résistance dans un but politique contemporain… il n’y a pas à dire : quand il s’agit de taper Mélenchon, certains sont vraiment prêts à tout.
Mélenchon = islamo-gauchiste | Les complices médiatiques de Manuel Valls
Avant d’attaquer sur cette question, je me permets un petit retour dans le temps. Le 27 juin 2017, j’étais l’invité de LCI. On discutait de l’effondrement de Manuel Valls et de sa disparition de la vie politique. Ce jour-là, sur le plateau, l’une des invités avait dit : « [Manuel Valls] aura toujours sa place, sa liberté de parole… à condition que les médias lui accordent cette place, cette caisse de résonance ». J’avais répondu : « C’est les médias qui doivent aider Manuel Valls à rebondir ? Vous avez exactement défini ce qui va sans doute se passer » (voir à 07:10).
Et ça n’a pas loupé. Trois mois plus tard, voici Manuel Valls invité de RTL, le 3 octobre 2017. Et il se lâche. La discussion porte sur le projet de loi antiterroriste. Et Manuel Valls se lance dans des insinuations douteuses : « Je mets de côté la France insoumise » dit-il. Relance de la journaliste : « Pourquoi ? ». Réponse : « Parce qu’ils sont irresponsables, dans leurs discours, dans leurs pratiques concernant l’islam radical il y a beaucoup heu… ». Relance : « Il y a de la complaisance ? ». Réponse : « Il y a de la complaisance, il y a de l’ambiguïté en tout état de cause ». Relance (neutre et objective) : « De l’islamo-gauchisme ? ». Réponse : « Oui, je pense que c’est un discours islamo-gauchiste ». Et RTL de titrer la vidéo : « Manuel Valls sur RTL : la France insoumise porte « un discours islamo-gauchiste » ».
Voilà le buzz lancé et repris en cadence pas tous les « confrères » désireux de relayer cette « information ». La France insoumise « islamo-gauchiste ». Le « clash » Valls-Mélenchon. Voilà de quoi faire vendre du papier tout en salissant Mélenchon et ses potes. En plus sur une question comme ça, vous pensez si ça va buzzer : il y a toute la droite et surtout l’extrême droite qui est prête à relayer sur les réseaux sociaux, n’est-ce pas ?
Pourquoi l’extrême droite ? Parce que Manuel Valls a repris presque mot pour mot le vocabulaire de Marine Le Pen. Là où lui parle d’islamo-gauchiste », la présidente du Front national parle d’« islamo-trotskistes ». Pourquoi la presse neutre, libre et indépendante n’a pas titré : « Manuel Valls parle comme Marine Le Pen » ? Pour une raison simple : le but n’est pas d’informer, il est de taper sur les insoumis et si possible d’en tirer un revenu conséquent. À la fin, à force de répétitions, restent les mots, blessants : France insoumise = islamo-gauchisme. Où est l’information là-dedans ? Nulle part. Juste une insulte relayée et amplifiée par la « caisse de résonance » qu’évoquait l’invitée du plateau de LCI que j’avais face à moi en juin.
Mélenchon = anti-européen | Le drapeau
C’est une série en deux épisodes. Premier épisode à l’Assemblée nationale le 21 juin 2017. Voyant le drapeau européen à la tribune, Jean-Luc Mélenchon dit : « Franchement, on est obligés de supporter ça ? C’est la République française ici, c’est pas la vierge Marie ». Une allusion au fait que le drapeau européen a été conçu en référence à ce personnage de la religion chrétienne. S’il y a eu à ce moment-là une première série d’indignations médiatiques, la chose est globalement restée sans suite. Il faut dire qu’à ce moment-là, les médias avaient déjà trop de sujets de polémique ouverts entre les cravates, de Rugy et « vive la France ». Même la sphère médiatique a ses limites sur le nombre de fronts qu’il est possible de tenir en même temps.
Puis ils ont pu se saisir du sujet une nouvelle fois. Début octobre, la France insoumise déposait un amendement demandant le retrait du drapeau européen de l’Assemblée nationale pour deux raisons : premièrement, c’est un symbole confessionnel incompatible avec une république laïque ; deuxièmement, il s’agit d’un symbole qui a été rejeté par le peuple français avec le « non » du référendum de 2005 et que le traité de Lisbonne n’a pas introduit depuis. Il n’a donc rien à faire dans l’Assemblée du peuple français. J’ajoute, puisque les médias n’en ont presque pas parlé, que l’amendement proposait, quitte à mettre un symbole, d’installer à la place le drapeau de l’ONU.
Immédiatement, les médias se sont saisis de l’occasion pour transformer cela en buzz. D’autant qu’Emmanuel Macron a déclaré qu’il allait « reconnaître officiellement le drapeau européen »… quoi que cela ne soit pas en son pouvoir et qu’il faille pour cela modifier la Constitution. Mais l’occasion était tout de même trop belle de dire que Mélenchon « renforçait » son « discours anti-européen » pour conquérir les « souverainistes ». Là encore avec un objectif assez simple : essayer de dégoûter les gens qui avaient voté Mélenchon en faisant passer une critique légitime pour quelque chose d’autre qui flirterait avec du nationalisme. Bien sûr, pour qui a lu L’Avenir en commun, il est impossible de se faire avoir. Mais avec ce genre de polémiques inventées, les médias jouent ici sur ce qu’ils pensent être une frange démobilisable de l’électorat insoumis, en se faisant les complices de la stratégie du président de la République. En toute indépendance, bien sûr.
Mélenchon = insultant | Valls, ouvrez les guillemets, « nazi » ?
C’est l’histoire d’une insulte qui n’a pas été prononcée. Et pourtant, elle se retrouve dans Le Canard Enchaîné. Mélenchon aurait traité Valls de… « nazi ». Mais si, mais si, on a la preuve : c’est le député PS David Habib qui le dit. Même si lui n’a pas entendu le mot, il le sait de source sûre, c’est à dire de la bouche de son « ami Manuel Valls »…. Lequel Valls dit, lui, sur Europe 1, qu’il n’a pas entendu Mélenchon dire ça mais qu’« il l’a dit, suivant différents témoins ». « Témoins ? », lui demande le présentateur. « Oui, bien sûr, bien sûr », répond Valls, sans donner plus de précisions.
Bref, c’est l’histoire de l’ami de l’ami de l’ami du mouton qui dit qu’il a vu le loup. Et quoi que Jean-Luc Mélenchon ait clairement démenti cela dans un tweet déclarant : « Je n’ai dit ni ne pense que Valls soit nazi. Il est en perdition politique. », les articles ont continué sur le thème : « le clash entre Mélenchon et Valls » (décidément, ça doit faire vendre du papier)…
La palme du titre pourri pour France info qui titre : « “Nazi”, “islamo-gauchiste”… La guerre Mélenchon-Valls en cinq actes ». Vous avez bien lu : « la guerre ». Et vous avez bien lu aussi le mot « nazi », entre guillemets, comme une citation, comme un mot prononcé… alors même que l’article précise que personne n’a entendu « le mot fatidique », comme ils disent. Donc au final, dans le titre, seule une insulte a bien été prononcé : « islamo-gauchiste », par Valls, contre Mélenchon. Bref : encore un article basé sur du vent, pour créer le buzz et vendre du papier en faisant dire à Mélenchon ce qu’il n’a pas dit.
Mélenchon = malhonnête | Logements
Pour la sphère médiatique, les histoires de logement, c’est beaucoup plus fascinant quand il s’agit de trainer dans la boue des insoumis que quand il s’agit de parler de la politique de Macron sur les APL, le HLM ou de ses tentatives de supprimer le crédit d’impôt portes et fenêtres, n’est-ce pas ? Avec Alexis Corbière, Raquel Garrido puis Danièle Simonnet, ils ont pu s’en donner à cœur joie. Pendant des jours et des jours, on a eu droit à « ces trois insoumis », « aux gros revenus », «qui occupent des logements sociaux », blablabla… pour finir par un gros « pchiiiit ».
Il aura fallu une forte mobilisation en ligne des insoumis pour qu’un journal daigne finalement mettre les points sur les « i ». Et, une fois n’est pas coutume, c’est Libération qui s’est collé à la « désintox » sur le sujet. Où l’on voit que la réalité est bien loin des « affaires » que certains médias peu scrupuleux ont essayé de coller sur le dos de ces trois insoumis, avec l’objectif désormais évident de laisser croire que « derrière les belles paroles », finalement, « ce sont tous les mêmes ». Je reproduis ci-dessous, et au cas où vous ne l’auriez pas lu, le « pour résumer » publié par Libération. Il vaut son pesant de cacahuètes compte tenu de l’assaut médiatique qu’il aura fallu endurer sur le sujet :
Pour résumer :
– Danielle Simonnet profite aujourd’hui d’un appartement de la RIVP et d’un loyer inférieur au marché, mais n’habite pas dans un HLM. Sa situation est légale, et ne déroge pas aux règles «déontologiques» de la RIVP qui ne lui a pas demandé de partir.
– Alexis Corbière, lui, vivait dans un «HLM», même si l’immeuble n’avait pas ce statut au moment où l’élu insoumis y était entré. Sa situation était également légale. Mais elle dérogeait aux règles déontologiques de la RIVP, qui lui a demandé de partir en raison de son élection comme député aux dernières législatives. Ce qu’il a fait, sans y être contraint juridiquement.
Mélenchon = méchant | La vérité sort de la bouche des enfants
Dans l’objectif de salir Mélenchon à peu de frais, certains sont vraiment prêts à tout. C’est le cas de « C à vous » qui, à l’occasion de la sortie d’un nouvel épisode de « Au Tableau ! » avec Edouard Philippe, a invité des enfants qui avaient participé à la première édition (7 mois plus tôt) pour dire du mal du porte-parole de la France insoumise. Dans ce qui ressemble à un jeu d’acteurs d’une mauvaise série B, plusieurs adultes interrogent « innocemment » les deux enfants : « Alors, il était heu… sympathique ? », demande l’un ; « [Mélenchon], c’est pas ton meilleur souvenir, je crois », dit un autre; « pas ton meilleur souvenir ? Pourquoi », dit le troisième. Réponses au poil des enfants : « il nous respectait pas », il était « méchant », « sévère ». Autour de la table, hilares devant le spectacle qu’ils ont eux-mêmes provoqués : les mélenchonnistes bien connus Ali Badou et Jean-Michel Aphatie.
Bien sûr, la presse indépendante, neutre et objective a immédiatement coupé l’extrait et l’a publié avec des titres bien accrocheurs : « Mélenchon n’a pas laissé un bon souvenir aux enfants d’“Au tableau !” », écrit Paris Match ; « “J’ai trouvé qu’il ne nous respectait pas” : Jean-Luc Mélenchon n’a pas laissé un bon souvenir aux enfants d’“Au tableau !” », écrit Atlantico. La palme du titre le plus pourri pour RTL : « “Au tableau !” : les enfants ont un bien mauvais souvenir du “méchant” Mélenchon ». Et voilà comment avec deux enfants, on a transformé Mélenchon en « méchant » et en « mauvais souvenir » pour tous les enfants qui ont participé à l’émission.
Sauf que voilà, 7 mois plus tôt, une autre participante de l’émission avait elle un tout autre avis sur le sujet. Interrogée par CNews (sans question orientée), voici ce qu’elle disait : « ils étaient tous très gentils. Après, peut-être que le plus gentil, c’était peut-être monsieur Mélenchon. (…) Monsieur Mélenchon, il m’a pas mal impressionné parce que d’habitude on dit qu’il est souvent en colère, dans ses meetings, tout ça tout ça, et là il était très calme et très gentil et je pense qu’il aime bien les enfants vu qu’il a été professeur de français ». Dommage : encore un buzz anti-Mélenchon inventé par les médias qui fait pchiiit…
#CaVous en flagrant délit de manipulation d’enfants… pic.twitter.com/GWhNzc22CB
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 1 novembre 2017
Mélenchon = déprimé | Avoir le point
Mélenchon déprime-t-il ? Voilà la question qui agitait de manière insoutenable le monde médiatique à l’approche du mois de novembre. Pourquoi ? Parce qu’à l’occasion d’un déplacement en Grèce, le porte-parole de la France insoumise avait déclaré que « pour l’instant, Macron a le point » concernant les ordonnances sur le code du travail. Une analyse qu’il avait déjà tirée sur TF1 et sur son blog et qui concerne non pas tant « l’avantage » accordé à Macron que la faiblesse de la lutte depuis que la France insoumise a décidé de tendre la main aux syndicats pour que ces derniers se placent en tête de l’action.
En quelques articles, le « pour l’instant » a disparu. Puis c’est devenu un « coup de blues ». Puis une « déprime ». Je renvoie sur ce point à l’excellent article d’Acrimed qui étudie parfaitement comment « les médias se donnent le mot » sur cette histoire. Je souscris entièrement à l’analyse tirée par son auteur :
« Pour l’instant, c’est lui qui a le point. » C’est en ces termes que Jean-Luc Mélenchon concédait le 29 octobre 2017 un avantage à Emmanuel Macron, notamment dans sa capacité à imposer ses réformes libérales. Aussi courte soit-elle, cette phrase de 40 signes représentait une opportunité trop belle pour une poignée de journalistes impatients : l’occasion de diagnostiquer une dépression au leader de la France Insoumise et en filigrane, d’annoncer l’échec des mobilisations face à la politique du gouvernement. Et tant pis si rien ou presque ne permet d’étayer ce bilan.
J’ajoute un mot. Les médias ont déjà fait le coup de la déprime de Mélenchon. C’était en 2014. De la même manière, ils avaient tiré quelques mots d’une interview pour les monter en épingle et en faire une histoire. Ils n’ont décidément même pas le bon goût d’être innovants dans leurs inventions.
Mélenchon = en panne | L’essence précède l’existence
C’est le truc bête. Mélenchon n’avait pas mis assez d’essence dans sa mélenchon-mobile à stratégie politique. Du coup, il est tombé « en panne de stratégie politique » si l’on en croit la « une » du Figaro du 6 novembre 2017. En plein scandale des « Paradise Papers », le journal choisit de faire un numéro entièrement à charge contre le porte-parole de la France insoumise avec une belle double page et une photo bien sombre à l’intérieur. Depuis, on a appris que le groupe Dassault, qui détient Le Figaro, était lui aussi visé par les « Paradise Papers ». C’est beau, cet art de la diversion.
Et les articles sont gratinés ! Florilège : « il peine à s’imposer », « faute de soutien populaire », « son impuissance », « rien ne va plus pour Jean-Luc Mélenchon, qui peine à mobiliser la rue et l’opinion publique », « le leader de la France insoumise a lui-même reconnu sa défaite face à Emmanuel Macron », « essoufflement », « la machine s’est comme enrayée », « faux plat », « enrouée », « las », « peste-t-il » (oui, parce qu’il est en colère, d’une manière générale, ne l’oubliez jamais), « un succès jusque là très relatif ».
Les tireurs dans le dos habituels du PCF abondent. Ceux qui ont envoyé une bien maigre « délégation » pour la marche du 23 septembre contre le coup d’État social ont eu à l’évidence beaucoup plus d’énergie à consacrer aux bavardages avec Le Figaro. Dès qu’il s’agit de taper sur Mélenchon, on répond présent chez Colonel Fabien : « il se fiche de faire échouer Macron » dit un communiste qui préfère rester anonyme. Heureusement, le PCF prépare de son côté un gros truc pour lutter contre Macron. Ce sera en février 2018. Ils feront « des cahiers ». Pour « recueillir et faire converger des propositions ». Si avec ça Macron ne tremble pas de trouille, c’est qu’il y a une panne de stratégie politique.
Je ne m’étends pas plus. La presse est friande de ce genre de « dossiers » construits avec du vent. En 2013, Le Magazine du Monde avait fait comme ça un gros « dossier » qui s’intitulait sobrement « Le grand MÉCHANT Mélenchon » avec des photos truquées pour ramener inconsciemment Mélenchon à Hitler. Et puis, plus récemment, un autre « dossier » qui s’appelait « qui est vraiment Mélenchon ? » et qui allait jusqu’à mobiliser l’enterrement de François Delapierre pour qualifier les proches du porte-parole de la France insoumise de « groupe sectaire » et de « clan homogène très radicalisé ». Rien que ça. Avec toujours cette méthode : trouver de faux « proches », le plus souvent « anonymes », qui déversent un flot de bile contre Jean-Luc Mélenchon. Mais c’est de « l’information » neutre et objective et non pas de la propagande, n’est-ce pas ?
Mélenchon = raciste | Le PIR
Au début du mois de novembre, la sphère médiatique a trouvé un nouveau sujet de polémique contre les insoumis. Suivant la technique dite du « Vive la France », bien connue désormais dans le monde des médias, des propos de Danièle Obono ont été isolés concernant le PIR, parti des indigènes de la République. Plutôt que de demander à la députée de préciser ce qu’elle disait, le nouveau président de la Licra, Mario Stasi, a préféré interpeller publiquement Jean-Luc Mélenchon sur Facebook en lui demandant de « de clarifier publiquement sa position et celle de son parti à l’égard de ce groupuscule extrémiste, animé par une doctrine exclusivement vertébrée par le racisme et son obsession des Juifs ». Et il précisait, d’une manière un peu étrange qui rappelle clairement le discours de Manuel Valls : « il est urgent de sortir de l’ambiguïté, fût-ce au détriment d’une stratégie électoraliste faite sur le dos des valeurs les plus essentielles de notre République ».
Quoique la députée insoumise ait rapidement publié sur sa page Facebook une mise au point parfaitement claire indiquant « Je ne suis pas et n’ai jamais été membre du PIR. Je suis en profond désaccord avec leurs thèses. », quoique Jean-Luc Mélenchon ait très rapidement répondu au président de la Licra par un courrier très clair affirmant « vous me trouverez toujours à vos côtés dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme » puis « je vous confirme que je suis en totale opposition politique avec le PIR depuis son origine, et sachez que celui-ci me le rend bien », condamnant ensuite les propos de sa présidente, les médias ont de nouveau cherché à créer une polémique.
Ainsi France info, le lendemain de ces diverses mises au point, titrait : « De “Vive la France” à Houria Bouteldja, les propos polémiques de la députée insoumise Danièle Obono ». Toujours le lendemain, Le Figaro titrait : « Petit rappel de la litanie raciste d’Houria Bouteldja à une Insoumise amnésique ». Il se trouve que l’auteur de l’article concerné était aussi invité de l’émission de LCI du 27 juin dont j’ai parlé plus haut et qu’il ne tarissait pas d’éloges sur Manuel Valls… pas étonnant, donc, qu’il en partage la ligne politique et la stratégie politique consistant à placer la France insoumise en dehors République.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit ici. Certains voudraient pouvoir appliquer à la France insoumise une sorte de « cordon sanitaire » consistant à la présenter comme un repoussoir de manière à en éloigner les électeurs. On voit, d’ailleurs, que ce sont les mêmes qui ont dédiabolisé le Front national à grand coups de lepénisme médiatique et de politiques reprenant ses idées, comme lors de l’épisode de la déchéance de nationalité, qui sont aujourd’hui les plus prompts à s’essayer à ce genre de stratégie. Heureusement, ces pratiques honteuses dégoûtent une frange toujours plus large de la population qui ne s’en laisse plus compter et rejette le vieux monde politique et médiatique.
Conclusion
Voilà maintenant plus de 7 mois que la France insoumise subit un bashing médiatique quasi continu et d’une violence rarement atteinte dans le passé. Comme ces attaques se font par vagues successives, plus ou moins étalées dans le temps, on a souvent du mal à en saisir le tableau d’ensemble et à en comprendre la logique de fond. C’est à cela que sert cet article, que je complèterai au fur et à mesure que de nouveaux bashings se présenteront : permettre d’avoir enfin ce « tableau d’ensemble ».
Car à la lumière de l’accumulation des attaques médiatiques contre Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise, le plus souvent créées de toutes pièces à partir d’éléments montés en épingles puis amplifiés par des logiques de buzz, on est en droit de s’interroger. Pourquoi une telle violence ? Et surtout : est-ce vraiment le rôle des médias ? Bien sûr, ils sont désormais inscrits dans un système capitaliste où la course aux clics est devenue en soi un objectif. Il leur faut donc attirer les lecteurs par des titres rocambolesques et des photos accrocheuses. Mais est-ce leur rôle ? Est-ce là la fonction que nous voulons confier aux médias dans notre société ?
Pourquoi ces attaques contre la France insoumise se multiplient-elles et gagnent-elles en intensité ? Et s’il s’agit, pour des médias liés au pouvoir politique et économique, de combattre la seule opposition qui propose encore de sortir du système capitaliste, pourquoi le faire en essayant de disqualifier cette opposition plutôt qu’en analysant ses idées et ses propositions ? Au moment où j’écris cet article, les députés de la France insoumise ont signé, depuis le début de leur mandat, 1347 amendements, soit à eux seuls 42,5% des 3170 amendements signés par l’ensemble des députés ! Pourquoi, dès lors, ne pas en parler ou ne le faire que sur un mode polémique comme avec l’amendement sur le drapeau européen ? Pourquoi essayer systématiquement de réduire la France insoumise à une opposition stérile qu’il faut mettre à l’écart ? Est-ce bien là le rôle des médias ? Est-ce bien là de « l’information », cette tâche si noble qui consiste à éclairer le peuple ?
Je ne le crois pas. Je crois au contraire que désormais il devient évident qu’une bonne partie du monde médiatique agit comme la deuxième peau du système capitaliste. Le devoir d’information a disparu au profit (c’est le cas de le dire) d’une logique de soutien du pouvoir en place, quel qu’il soit… tant qu’il ne propose pas de sortir du système capitaliste. Il faut dire que dans un pays où 90% de la presse est contrôlée par neuf milliardaires, il n’y a dans cela rien d’étonnant.
Même l’association « Reporters sans frontières » s’en inquiète. Elle place la France au 39e rang dans son classement mondial de la liberté de la presse. Et elle indique : « Le paysage médiatique français est largement constitué de groupes dont les propriétaires ont d’autres intérêts que leur attachement au journalisme. Cette situation entraîne des conflits qui font peser une menace sur l’indépendance éditoriale ». On ne saurait malheureusement dire mieux.
Comment penser, dès lors, que des journaux détenus par des milliardaires vont laisser parler sans réagir des gens qui prônent le partage des richesses et qui pointent du doigt la responsabilité sociale et environnementale des ultrariches dans la crise que traverse notre pays et notre planète ? Comment penser que ces médias vont informer de manière « neutre et objective » sur des députés qui proposent des choses nuisibles aux intérêts financiers de leurs propriétaires ? C’est bien sûr impossible. Le tout est simplement de le savoir et surtout de l’avoir bien en tête quand on lit un article.