La remise du rapport Gallois sur la compétitivité ce lundi 5 novembre était très attendue. Initialement prévue pour la mi-octobre, celle-ci a été repoussée après quelques ballons d’essais lancés par l’Elysée dans Le Monde daté du 3 octobre, officiellement pour « laisser du temps à la concertation ». Plusieurs éléments invitent cependant à penser que le calendrier qui a finalement été adopté ne doit rien au hasard.
Reprenant l’essentiel des mesures du rapport Gallois, le Premier ministre a annoncé hier, mardi 6 novembre, que la TVA serait portée à 20% en 2014, alors qu’il s’était engagé en septembre à ne pas l’augmenter. Le hasard faisant bien les choses, la réélection de Barack Obama, qui fait la « une » de tous les grands journaux, éclipse aujourd’hui complètement l’incohérence totale de la politique économique du gouvernement.
Comment avoir la naïveté de croire, alors que les principales mesures du rapport Gallois étaient connues dès le début du mois d’octobre, que la date du 5 novembre (veille des élections américaines) a été choisie au hasard ? Comment continuer à faire confiance à un gouvernement qui désavoue jour après jour les promesses de campagne du candidat Hollande ? Comment croire encore que le Président de la République a conservé l’ambition de remettre l’argent « à sa place, qui est celle d’un serviteur et non d’un maître », quand lui-même courbe l’échine face aux exigences du Medef et du patronat ?
Autre hasard du calendrier, le rapport Gallois aurait dû être rendu public entre les deux tours de l’élection du nouveau premier secrétaire du Parti Socialiste. Quelqu’un, quelque part (à l’Elysée ou à Matignon, par exemple), aurait-il pressenti que le fait de prendre des mesures objectivement de droite aurait pu porter un coup violent à la motion « à vocation majoritaire » conduite par Harlem Désir et soutenue par Jean-Marc Ayrault ? Là encore, il me semble que les hasards du calendrier n’en sont pas, et que si l’élection du nouveau premier secrétaire du Parti Socialiste devait avoir lieu aujourd’hui, Monsieur Maurel obtiendrait bien plus que les 27,5% qu’il a obtenus à la mi-octobre.
Comme beaucoup de citoyens qui ont mis un bulletin « François Hollande » dans l’urne au second tour, je me sens désormais trahi par un gouvernement que j’ai eu la naïveté de croire « de gauche ». J’avais l’espoir réel d’un changement de politique, certes s’inscrivant toujours dans un cadre libéral, mais au minimum social à défaut d’être socialiste. Je m’aperçois aujourd’hui avec amertume de mon erreur, et je suis convaincu qu’un grand nombre de citoyens qui avaient placé un bulletin « François Hollande » dans l’urne dès le premier tour ont désormais le même sentiment que moi. Et les étranges lapsus du premier ministre n’arrangeront rien à la chose.