Le 5 mai, écrivez l’Histoire avec nous !

Ça se sent, ça se sait : la marche citoyenne du 5 mai sera un grand succès populaire. Partout en France, des bus, des trains et des covoiturages militants ont été réservés. De tous horizons, des individus qui ne supportent plus de voir l’intérêt général piétiné par les politiques d’austérité et la finance ont appelé à la marche : syndicalistes, écologistes, économistes, chercheurs, agriculteurs, étudiants,  travailleurs de la santé, de l’éducation, de la culture, de la justice et du droit. De nombreuses personnalités ont également appelé à cette marche : Charb, Didier Porte, Ridan, Christophe Alévêque, Gerald Dahan, pour ne citer qu’eux. Au niveau politique, l’appel a dépassé le cadre du seul Front de Gauche et s’étend désormais du NPA, à EELV, avec l’appel d’Eva Joly. Qu’on se le dise : trois anciens candidats à l’élection présidentielle marcheront ensemble pour la 6e République ! La France de la Liberté, de l’Egalité et de la Fraternité est rassemblée, et elle battra le pavé le 5 mai pour qu’enfin soient respectées ses valeurs !

Bien-sûr, certains membres du Parti solférinien et certains médiacrates ont fait ce qu’ils ont pu pour tenter de démotiver celles et ceux qui avaient envie de venir. Les premiers, qui savent que beaucoup de militants de chez eux sont encore socialistes et qu’ils seront à nos côtés le 5 mai, ont tenté de minimiser l’importance du mouvement de fond auquel ils ne peuvent qu’assister les bras ballants, responsables qu’ils sont d’avoir cajolé la finance pendant un an après avoir dit au Bourget qu’ils la combattraient. Les seconds, de leur côté, ont utilisé tous les procédés habituels qui sont les leurs, et que l’on peut répartir en trois grands groupes :

1)      La rhétorique 21-avrilesque. Calquant leurs interrogations sur celles du parti solférinien, les journalistes ne se lassent pas de nous poser cette sempiternelle question : « N’avez-vous pas peur de faire le jeu de l’extrême droite ? ». La rhétorique 21-avrilesque vise évidemment à effrayer les petits solfériniens en herbe qui se disent qu’en allant marcher pour la 6e République et contre la finance et l’austérité le 5 mai, on s’oppose à la politique du gouvernement et que, par voie de conséquence obscure sur laquelle ils ne se sont jamais posé de questions, on favoriserait la montée de l’extrême droite. Pourtant, en réfléchissant un peu, on peut légitimement se demander pourquoi les mêmes médias n’ont jamais posé à Marine Le Pen la question suivante : « En critiquant la politique de Nicolas Sarkozy, n’avez-vous pas peur de provoquer une montée du Front de Gauche ? ». Ça fait tout drôle, n’est-ce pas ? C’est normal : c’est parce que cela révèle l’incohérence et l’inconsistance de la question de départ. Que les choses soient dites une bonne fois pour toutes : le seul élément qui provoque une montée de l’extrême droite, c’est l’uniformisation des politiques économiques du PS et de l’UMP, car elle provoque conséquemment une légitimation du « tous pareils » et du « UMPS » de Marine Le Pen. Camarades socialistes, si vous voulez vraiment lutter contre la montée de l’extrême droite, il vous faut au contraire montrer qu’il existe encore une alternative à gauche ; il vous faut montrer qu’il existe une gauche écosocialiste qui place l’intérêt général de l’humanité avant tout le reste. Cette gauche, c’est celle qui sera dans la rue le 5 mai et nous serons heureux de vous voir la rejoindre.

2)      L’évaluation aléatoire des forces. Comme notre manifestation tombe juste après le 1er mai, les médias ont pu comparer à loisir la mobilisation syndicale et la mobilisation frontiste. Alors qu’il y avait à peine 3 000 nationalistes à saucisson rassemblés à Paris contre 100 000 syndicalistes partout en France (et encore, je prends les chiffres de la police, car il y en avait 160 000 selon les organisateurs), tout a été fait dans les médias pour donner l’impression du contraire : plusieurs chaînes de télévision ont retransmis en direct le discours de Marine Le Pen et de nombreux reportages ont mis en avant une supposée dynamique du Front national que personne n’est capable de vérifier ; à l’inverse, la mobilisation syndicale a été présentée comme faible et tout a été fait pour minimiser l’importance de ce mouvement. Le message envoyé était clair et se rattache au premier point : « l’extrême droite se porte bien, la gauche se porte mal : soyez solidaires avec le gouvernement sinon ça va 21-avriler à nouveau ». Blablabla : toujours la même rengaine inconsistante et injustifiée pour démotiver les troupes. La vérité est que le 1er mai 2013, comme tous les ans, c’est la gauche et la gauche seule qui était dans les rues, c’est la gauche et la gauche seule qui a montré qu’elle était la plus mobilisée, c’est la gauche et la gauche seule qui a gagné le rapport de forces. Et vous savez quoi ? Elle va remettre ça le 5 mai ! (Et bien d’autres fois encore.)

3)      L’injonction du nombre. Plus pernicieux encore, le dernier procédé vise à préparer l’après 5 mai en intimant à chacun des nôtres de fixer un chiffre dès avant la marche. C’est le fameux « à partir de combien diriez-vous que c’est un succès » ou, parfois, plus perversement, « en dessous de combien considéreriez-vous que cette marche est un échec » ? L’objectif est double. Premièrement, l’espoir est que nous surévaluions la capacité de la gauche à se rassembler et à se mobiliser pour pouvoir dire ensuite : « c’est un échec ». Secondement, l’idée est de nous pousser à fixer un nombre piégeur : si nous disons trop petit, la mobilisation attendue se délite parce que tout le monde s’attend à un flop et se dit que « ça ne sert à rien » ; si nous disons trop grand, tout le monde s’attend à une réussite et la mobilisation souffre du phénomène du « passager clandestin », c’est-à-dire du fait que certaines personnes favorables au message de la marche se disent que d’autres auront fait le déplacement et décident par conséquent de ne pas faire leur part de l’effort collectif. Evidemment, tout ceci permet en outre de brasser de l’air sur les chaînes d’info en continu, en attendant que la marche démarre et montre à tous que la Bastille est bel et bien rouge de monde, de drapeaux, de banderoles et de balais, et qu’il s’agit d’une mobilisation sans précédent.

Jusqu’au dernier moment, tout aura été fait pour démotiver le peuple de gauche. Mais, comme à chaque fois, tous ces efforts seront restés vains car nous avons la tête dure, que nous savons ce que nous voulons (la Constituante, la fin de l’austérité et la lutte contre la finance) et que, depuis toujours, quand nous voulons quelque chose nous le disons en foulant le pavé des rues et en les remplissant de nos voix fortes et de nos couleurs bigarrées. Ami, camarade, où que tu sois en ce moment, si tu partages nos idées et nos valeurs, rejoins-nous demain place de la Bastille à 13h30. Avec toi, nous poursuivrons ensemble la longue et belle tradition de la gauche qui ne baisse pas les yeux devant les puissants et les possédants ; avec toi, nous montrerons que les citoyens français sont vigoureux et qu’ils n’acceptent pas de s’en laisser compter par la misérable Troïka que constituent le FMI, la Commission européenne et la BCE ; avec toi, nous écrirons une nouvelle page de l’Histoire du peuple qui a toujours été et sera toujours en lutte pour le triomphe de la Liberté, de l’Egalité et de la Fraternité.

Allez, camarade, rejoins-nous ! Demain, il fera grand soleil sur Paris. Dans le ciel, dans la rue et dans nos cœurs.

 

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