Dans cette conférence, Antoine Léaument, député de La France Insoumise, et le sociologue Félicien Faury reviennent sur les dynamiques politiques qui expliquent la montée du Rassemblement National et l’extrême droitisation du débat public.
Félicien Faury commence par rappeler que l’extrême droite prospère sur un sentiment de déclassement et de frustration sociale. Il met en lumière un phénomène qu’il appelle la normalisation par le bas, où le vote RN n’est plus perçu comme un tabou mais comme une option politique légitime au sein de certains groupes sociaux. Cette acceptation progressive du discours d’extrême droite est renforcée par les médias dominants, qui reprennent et banalisent les thématiques du RN comme l’immigration, l’insécurité ou l’identité nationale.
Félicien Faury insiste sur un point crucial : l’extrême droite ne peut être combattue efficacement sans s’attaquer aux racines de son électorat. Il évoque l’impact de la précarité, du mal-logement et de la désindustrialisation sur les classes populaires. Il souligne également comment le RN utilise ces angoisses économiques pour les détourner vers un discours raciste et xénophobe, en désignant l’immigration comme responsable des difficultés rencontrées par les Français les plus précaires.
Un des moments forts de cette conférence est la démonstration d’Antoine Léaument sur l’échec des partis dominants qui cherchent à copier le discours de l’extrême droite. Il cite une étude sociologique menée sur 135 000 personnes dans 26 pays, qui prouve que lorsque les partis traditionnels adoptent un discours anti-immigration, cela ne fait que renforcer le vote pour l’extrême droite au lieu de l’endiguer. Il critique ainsi le gouvernement actuel, qui reprend systématiquement les thèses du RN, notamment sur la remise en cause du droit du sol et la notion de « submersion migratoire ».
Léaument dénonce également la construction d’un climat d’insécurité par les médias et certains responsables politiques. Il rappelle que, contrairement aux discours alarmistes, les statistiques du ministère de l’Intérieur montrent une baisse continue des homicides depuis plusieurs décennies. Pourtant, en martelant l’idée d’une société de plus en plus violente, l’extrême droite parvient à imposer son agenda sécuritaire et à justifier des mesures liberticides.
Enfin, il insiste sur la nécessité d’une contre-offensive culturelle et politique pour faire reculer l’extrême droite. Il défend une approche basée sur la répartition des richesses, la démocratie participative et la lutte contre les inégalités plutôt que sur la division et la stigmatisation de certaines populations. Selon lui, il est impératif que la gauche assume pleinement son projet politique sans céder un pouce de terrain aux idées réactionnaires.