Dans cette interview sur BFMTV, Antoine Léaument, député de La France Insoumise, répond aux attaques de François Bayrou, Gérald Darmanin et Marine Le Pen sur la question du droit du sol et de l’immigration. Alors que la crise du pouvoir d’achat, les inégalités sociales et l’urgence écologique sont des enjeux majeurs, le gouvernement choisit de détourner l’attention avec un faux débat sur l’identité nationale.
Antoine Léaument commence par dénoncer la stratégie politique du gouvernement et du Rassemblement National, qui utilisent la situation à Mayotte pour élargir le débat à toute la France et remettre en cause un principe fondamental de la République : le droit du sol. Il rappelle que ce débat n’a pas lieu d’être et que la véritable question est celle des inégalités et de la précarité, qui touchent une grande partie de la population.
Il rappelle que être Français, c’est être républicain, défendre la devise Liberté, Égalité, Fraternité, et que la Révolution française de 1789 a marqué une rupture entre la monarchie et la nouvelle France républicaine. Il évoque également l’histoire du droit du sol en France, adopté dès 1793, qui permettait à tout homme né en France d’être citoyen à 21 ans. À cette époque, un étranger pouvait devenir Français après seulement un an de résidence s’il souhaitait s’intégrer à la vie du pays.
Léaument s’attaque ensuite aux discours de l’extrême droite en dénonçant le parallèle fait avec les politiques de Vichy, qui remettaient en cause les naturalisations et réinstauraient le droit du sang. Il pose une question essentielle : si le droit du sol disparaît, au bout de combien de générations une famille immigrée pourra-t-elle être considérée comme française ? Il rappelle que sous le régime de Pétain, des classifications raciales avaient été établies pour exclure des citoyens en fonction de leurs grands-parents étrangers.
Face à la proposition de référendum de Gérald Darmanin, Antoine Léaument répond qu’il n’a pas peur du vote du peuple, mais qu’il refuse l’amalgame entre immigration et identité nationale. Il rappelle que 20 millions de Français ont au moins un parent ou un grand-parent étranger, et que la xénophobie a toujours existé dans l’histoire de France, ciblant tour à tour les Italiens, les Polonais et les Espagnols avant de viser aujourd’hui d’autres communautés.
Il met également en lumière l’hypocrisie du patronat et des élites économiques, notamment Vincent Bolloré, qui exploitent les richesses des pays africains avant d’instrumentaliser le débat sur l’immigration dans les médias. Selon lui, la xénophobie est un outil utilisé par les riches pour détourner l’attention des inégalités sociales et éviter de partager la richesse.
Antoine Léaument termine en appelant à la vigilance face à ces stratégies de diversion qui empêchent de s’attaquer aux vrais problèmes du pays. Il rappelle que la priorité devrait être le pouvoir d’achat, la démocratie et l’écologie, et non un débat sur « ce qu’est être Français » fabriqué pour diviser.