À l’Assemblée nationale, Antoine Léaument (LFI) affronte Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur et président des Républicains. Il dénonce une politique fondée sur la xénophobie, l’injustice, et l’indignité.
Dans ce discours incisif, Antoine Léaument commence par accuser Bruno Retailleau d’être à la fois un « mauvais ministre de l’Intérieur » et un « mauvais républicain ». Il lui reproche de se contenter de plateaux télévisés et d’utiliser systématiquement l’étranger comme bouc émissaire, au lieu d’agir concrètement.
Il cite les propos de Retailleau selon lesquels « l’immigration n’est pas une chance pour la France » et évoque sa déclaration sur des personnes qui « régresseraient vers leur origine ethnique ». Pour Antoine Léaument, ces déclarations sont xénophobes et racistes.
Il rappelle ensuite que la France a été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme pour contrôle au faciès. Pourtant, Retailleau persiste à nier l’existence du racisme, y compris dans les institutions. Léaument fustige cette attitude et dénonce l’instrumentalisation du drame de Philippine, utilisé comme justification pour des lois discriminatoires.
Le député insoumis défend une conception républicaine de la justice : la loi doit être la même pour tous, Français ou étrangers. Il rejette les centres de rétention administrative, et compare le projet de Retailleau à une résurgence des lettres de cachet d’Ancien Régime : des décisions arbitraires du pouvoir exécutif, désormais réservées aux seuls étrangers.
En citant la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, Antoine Léaument martèle que tous les êtres humains naissent libres et égaux en droits, et que ce principe est aujourd’hui bafoué. Il affirme que les personnes qui commettent des crimes doivent être jugées, mais qu’il faut des moyens pour la justice et la police, non des campagnes de peur.
Il accuse ensuite le ministre d’utiliser les étrangers pour masquer les violences intra-familiales et d’invisibiliser les vraies causes de l’insécurité. Il conclut : « Honte à vous, monsieur Retailleau, qui salissez ce drapeau. »
Face aux attaques de Retailleau, qui accuse LFI de soutenir l’antisémitisme ou de mépriser le drapeau français, Antoine Léaument réplique. Il rappelle son soutien à Boualem Sansal, et explique que le drapeau tricolore, né de la Révolution, signifie que le peuple encadre le pouvoir exécutif.
Il poursuit : « Il y a ici la France qui sait ce qu’elle doit à l’immigration, aux combattants de la liberté, à ceux qui ont débarqué en Provence. » Il accuse Retailleau d’être dans une boucle d’amalgames : « Une fois les Algériens, une fois les insoumis, une fois les musulmans, une fois les étrangers… et puis on recommence. »
Enfin, il conclut sur une note mémorielle et politique forte : « Vous nous trouverez toujours en travers de votre route quand vous ferez la politique du camp d’en face, celui des héritiers des collabos et des bas-fonds SS. Nous, nous nous souvenons des Manouchian. Nous, nous savons ce que nous leur devons. »