Invité de France Info TV mercredi 29 octobre, Antoine Léaument, député de La France Insoumise, revient sur plusieurs sujets brûlants de l’actualité : les frappes israéliennes à Gaza, le débat budgétaire à l’Assemblée nationale, la question de la justice fiscale, les tensions avec le Parti socialiste et les propositions de la France insoumise sur la sécurité. Fidèle à son ton ferme et précis, il défend une ligne de clarté : paix, justice sociale et égalité républicaine.
Dès les premières minutes, il exprime son émotion face aux nouvelles frappes israéliennes qui ont fait plus de 50 morts, dont 22 enfants, dans la bande de Gaza. Il rappelle qu’à chaque intervention militaire, ce sont les civils, et surtout les enfants, qui paient le prix fort. “J’espère qu’on puisse revenir le plus vite possible à un cessez-le-feu”, insiste-t-il, avant de dénoncer des accords de paix “imposés de l’extérieur par la puissance américaine”, sans prise en compte réelle des peuples concernés. Pour lui, seule une solution politique négociée, respectant le droit international, pourra ramener la stabilité et la sécurité dans la région.
Interrogé ensuite sur la politique fiscale, il s’explique sur le vote des députés insoumis en faveur de la suppression de “l’année blanche” sur le barème de l’impôt sur le revenu. Le gouvernement voulait geler les tranches, ce qui aurait provoqué une hausse automatique des impôts pour 18 millions de Français. “Nous avons refusé que 200 000 personnes supplémentaires entrent dans l’impôt sur le revenu. C’est une question de justice.” Il défend une règle universelle : l’indexation du barème sur l’inflation doit s’appliquer à tous, mais la progressivité de l’impôt doit être renforcée par une taxation accrue des tranches supérieures.
Le député aborde ensuite la “taxe Zucman”, un impôt minimal de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros. Il critique sévèrement la version “light” proposée par le Parti socialiste, qui exonère les détenteurs de plus de 50 % du capital de leur entreprise. “C’est une fausse taxe, une passoire. Bernard Arnault ou Bolloré pourraient s’y soustraire simplement en rachetant quelques parts.” Il dénonce une stratégie de façade : “Les socialistes essaient de faire croire qu’ils s’attaquent aux riches, mais leur texte est conçu pour leur faire plaisir.” Selon lui, seule la version initiale, sans échappatoire, garantirait la justice fiscale et permettrait de récupérer plusieurs milliards d’euros réellement prélevés sur les grandes fortunes.
Face aux accusations de “querelle de famille” à gauche, Antoine Léaument refuse d’assumer la responsabilité des divisions. Il distingue la base militante du Parti socialiste, encore attachée aux idéaux du Front populaire, et sa direction, “engluée dans la compromission avec la macronie”. “Je ne tape pas sur les socialistes, je critique la direction du PS. Les militants, eux, sont nombreux à être déçus de voir leur parti retomber dans le libéralisme.” Il appelle à rester fidèle au programme du Nouveau Front populaire, fondé sur la rupture avec la politique d’austérité et les compromis permanents.
Enfin, interrogé sur la sécurité, Antoine Léaument présente le “Tour de France de la sécurité” lancé par La France Insoumise. L’objectif : exposer les propositions du mouvement sur un terrain où la droite et l’extrême droite monopolisent le débat. “Nous voulons parler de prévention, pas seulement de répression.” Il cite la sécurité routière, la lutte contre l’alcoolisme, la prévention des violences intrafamiliales et l’éducation à la citoyenneté. Pour lui, renforcer la sécurité, c’est d’abord empêcher les crimes avant qu’ils ne surviennent.
Interpellé sur les propos de son collègue Paul Vannier, qui a tweeté “la police tue”, il assume la nécessité de nommer les choses : “Ce n’est pas une essentialisation. Oui, la police peut tuer, parce qu’elle est armée. Depuis Zyed et Bouna, 160 personnes sont mortes dans des interventions policières.” Il rappelle que de nombreux jeunes, notamment issus des quartiers populaires, ne se sentent pas protégés mais menacés. “Quand un jeune me dit qu’il évite une voiture de police de peur d’être arrêté sans raison, c’est un problème de sécurité.” Il appelle à combattre le racisme et les brutalités au sein de la police, tout en renforçant les moyens de la police judiciaire, aujourd’hui exsangue. “Il faut redonner à la police les moyens d’enquêter, pas seulement de réprimer.”
