Antoine Léaument, député de La France Insoumise, était l’invité de BFMTV pour réagir aux négociations autour du budget et à la “taxe Zucman”, au cœur du bras de fer entre le gouvernement, le Parti socialiste et la gauche. Face à une majorité fracturée et un Premier ministre en difficulté, il défend une ligne claire : faire contribuer les plus riches, refuser les compromis qui vident les réformes de leur sens et rappeler la nécessité d’un changement politique profond.
Dès le début, il rappelle que l’année précédente, l’Assemblée nationale avait réussi à voter un budget augmentant les recettes de 60 milliards d’euros sans recours au 49.3. “Quand on laisse faire le Parlement, il trouve des solutions. C’est quand on bloque le débat qu’on appauvrit le pays.” Aujourd’hui, déplore-t-il, le gouvernement tente d’éviter un nouvel échec en négociant “jour après jour” avec le Parti socialiste, quitte à faire des compromis “étranges” qui n’apporteront rien au peuple.
Antoine Léaument dénonce la “fausse suspension” de la réforme des retraites, présentée comme une concession du gouvernement, mais qui, selon lui, n’est qu’un trompe-l’œil : un décalage de trois mois pour certaines générations, représentant à peine 100 millions d’euros. “C’est une mesure cosmétique, un coup de com’ budgétaire, rien d’autre.” Pour sortir de cette impasse politique, il plaide pour une élection présidentielle anticipée, seule issue selon lui à la crise institutionnelle actuelle.
Le député insoumis consacre ensuite une large partie à la “taxe Zucman”, mesure phare de la gauche visant à imposer un minimum fiscal aux ultra-riches. Il en rappelle le principe : 2 % d’impôt minimum sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros, sans échappatoire. Il accuse le Parti socialiste d’avoir trahi l’esprit de cette réforme en introduisant une “version light” qui exonère les “entreprises familiales”, ce qui permettrait à des fortunes comme celles de Bernard Arnault ou Vincent Bolloré d’y échapper. “C’est une blague. Il suffira à Arnault de racheter 1,8 % de LVMH pour devenir une entreprise ‘familiale’. Ce n’est plus de la justice fiscale, c’est de la complicité avec les riches.”
L’économiste Gabriel Zucman lui-même, promoteur de la taxe originale, abonde dans son sens : toute exonération ouvre la porte à l’optimisation fiscale. Léaument appuie cet argument : “Les ultra-riches ont des armées d’avocats pour contourner les règles. Si on veut de la justice, il faut une taxe sans échappatoires.” Il rappelle aussi que la création de 60 milliards d’euros de recettes n’avait été possible que grâce à la présence et à la détermination des députés de gauche. Aujourd’hui, dit-il, “le rapport de force ne permet pas de refaire le même exploit, car la droite, le centre et le RN se liguent pour protéger les grandes fortunes”.
Face aux objections des commentateurs qui affirment qu’un gouvernement insoumis serait lui aussi contraint à des compromis, il répond sans détour : “Oui, on négociera, mais pas pour maintenir le système. On négociera pour changer la politique du pays, pas pour sauver les riches.” Il estime que seule une élection présidentielle anticipée permettrait de clarifier le rapport de force et de relégitimer les institutions, bloquées depuis des mois.
Sur la question du budget, il critique violemment la ligne du gouvernement, accusé de “taxer les malades plutôt que les banques”. Pour lui, les priorités sont claires : rétablir l’impôt sur la fortune, mettre fin aux cadeaux fiscaux aux multinationales et investir dans les services publics. “On nous parle de rigueur pendant qu’on supprime 200 millions d’euros dans les hôpitaux. Ce n’est pas un budget, c’est une punition collective.”
Enfin, il conclut sur la ligne de La France Insoumise : arracher chaque victoire possible dans un rapport de force défavorable. “Nous savons qu’on ne peut pas faire un budget de gauche avec cette assemblée. Mais chaque euro repris aux riches, chaque recul imposé au gouvernement, c’est déjà une bataille gagnée.” Léaument réaffirme que la FI continuera de se battre pour un budget juste, un État social fort et un vrai partage des richesses : “Notre boussole, c’est la justice. Tout le reste, c’est du marchandage.”
