Invité sur le plateau de BFMTV, Antoine Léaument, député de La France Insoumise, débat avec le docteur Jean-Paul Hamon et plusieurs éditorialistes sur la question des dépassements d’honoraires et du financement du système de santé. Dans un échange tendu, il défend la position de La France Insoumise : interdire purement et simplement les dépassements d’honoraires, instaurer le 100 % Sécurité sociale et redonner un sens à la promesse d’égalité d’accès aux soins.
Dès le début, il répond frontalement au médecin invité qui refuse toute limitation sur les dépassements d’honoraires. Antoine Léaument rappelle que ces pratiques sont contraires à l’esprit de la Sécurité sociale et qu’elles créent une médecine à deux vitesses : celle des riches, qui peuvent payer, et celle des autres, qui renoncent à se soigner. Il affirme que la taxe proposée par le gouvernement sur les dépassements d’honoraires ne réglera rien : “Ce n’est pas d’une taxe qu’on a besoin, c’est d’une interdiction.” Pour lui, le vrai problème, c’est la privatisation rampante du système de santé, alimentée par les inégalités territoriales et le rôle croissant des complémentaires.
Antoine Léaument expose alors le projet de La France Insoumise : le “100 % Sécu”. Il s’agit d’intégrer les mutuelles dans la Sécurité sociale pour créer un financement unique, universel et solidaire. Ce modèle, dit-il, permettrait d’assurer à la fois une meilleure rémunération des médecins et une prise en charge totale des soins pour les patients. Il rappelle qu’une grande partie des revenus des médecins libéraux est déjà financée par la collectivité à travers la Sécu, mais que le système actuel entretient une illusion de liberté au profit des plus aisés. “On a construit un système où on donne beaucoup aux médecins par la collectivité, sans exiger en retour l’égalité d’accès aux soins. Ce n’est pas acceptable.”
Face à lui, Jean-Paul Hamon justifie les dépassements d’honoraires en expliquant que les tarifs opposables n’ont pas été revalorisés depuis vingt ans. Antoine Léaument reconnaît que ce blocage est un problème, mais rappelle qu’il ne justifie pas une inégalité de traitement entre patients. Il accuse le gouvernement d’avoir abandonné la médecine de ville et d’avoir laissé se creuser le fossé entre les grandes villes et les déserts médicaux. “Ce système pousse les médecins à s’installer là où les patients peuvent payer. Résultat : on vide les campagnes et les quartiers populaires de leurs soignants.”
Lorsque les intervenants évoquent la taxe sur les dépassements d’honoraires proposée dans le budget de la Sécurité sociale, Antoine Léaument souligne que cette mesure ne fera qu’aggraver la situation, car elle risque d’être répercutée sur les patients. “C’est une mesure de bonne conscience. On taxe un peu, mais on laisse le système intact. La seule solution, c’est d’interdire les dépassements et de garantir un tarif unique, juste et revalorisé pour tous.”
Le débat s’élargit ensuite à la question du financement global de la santé. Antoine Léaument critique les choix budgétaires du gouvernement : augmentation du reste à charge sur les médicaments, plafonnement des arrêts maladie, franchises médicales doublées. Il dénonce une logique qui fait peser sur les patients la responsabilité du déficit de la Sécu, pendant que les grandes entreprises continuent de bénéficier d’exonérations massives. “On demande toujours plus d’efforts aux malades, mais jamais aux profiteurs.”
Face à ceux qui dénoncent un projet “irréaliste” ou “trop coûteux”, Antoine Léaument répond que la France dépense déjà des sommes considérables en subventions et en niches fiscales pour les assurances privées. “Le 100 % Sécu, ce n’est pas une utopie, c’est une question de choix politique. Soit on continue à enrichir les mutuelles et à exclure les pauvres, soit on décide que la santé est un droit, pas un marché.”
En conclusion, il réaffirme que le système actuel ne peut plus tenir : “On a une Sécurité sociale financée par tous, mais pas accessible à tous. C’est le cœur de la crise.” Il appelle à reconstruire un service public de santé digne de ce nom, basé sur l’égalité, la solidarité et la revalorisation du travail médical. “On ne défend pas les médecins contre les patients ou les patients contre les médecins. On défend un système juste, où tout le monde puisse se soigner, sans conditions de revenus.”
