Dans ce débat du 8 octobre sur BFMTV, Antoine Léaument, député La France Insoumise, affronte les représentants du Parti socialiste et de la majorité présidentielle sur la crise politique ouverte par la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon. Il dénonce la mascarade des “castings” pour désigner un Premier ministre sans contenu politique et appelle à la clarté : si la gauche veut gouverner, elle doit le faire sur un programme de rupture, pas en se compromettant avec le macronisme.
Il commence par rappeler que le problème n’est pas de savoir qui gouvernera, mais pour faire quoi. Derrière les discussions d’appareils et les négociations de postes, il pose la seule question qui vaille : quelle politique pour les retraites, pour les salaires, pour la justice sociale ? Léaument rappelle que François Hollande et Emmanuel Macron ont tous deux reculé l’âge de départ à la retraite, et demande si le Parti socialiste veut vraiment continuer cette logique ou revenir à la retraite à 60 ans, comme prévu par le programme du Nouveau Front Populaire.
Il élargit le débat en attaquant le double discours du Rassemblement national. Il raconte que, quelques heures plus tôt, lors du bureau de l’Assemblée nationale, les députés RN ont bloqué l’examen de la motion de destitution contre Emmanuel Macron, alors qu’ils prétendent vouloir son départ. Pire encore, certains d’entre eux ont voté sur un bulletin commun avec les macronistes pour renouveler le bureau. Pour Léaument, ces manœuvres prouvent qu’il existe une alliance tacite entre le RN et la majorité présidentielle pour empêcher tout changement politique réel.
Revenant sur la crise institutionnelle, il rappelle que seule une élection présidentielle anticipée permettrait de sortir du blocage. Dissoudre à nouveau l’Assemblée ne ferait que reproduire le même équilibre politique, alors qu’une nouvelle élection présidentielle donnerait enfin la parole au peuple. Il accuse Emmanuel Macron de se cramponner au pouvoir et d’entretenir volontairement le chaos pour diviser la gauche et préparer le terrain à Marine Le Pen.
Face au socialiste Arthur Delaporte, qui évoque la possibilité d’un Premier ministre de gauche, Antoine Léaument réplique avec ironie : “Mais pour faire quoi ? Pour continuer la politique d’Emmanuel Macron ?” Il affirme qu’un gouvernement rassemblant macronistes et socialistes ne serait pas un gouvernement de gauche, mais une continuité du quinquennat actuel.
Le député insoumis insiste : la question n’est pas de savoir s’il faut censurer ou non un futur gouvernement, mais d’examiner le contenu du budget. Si ce budget ne prévoit pas de hausse des salaires ni de taxation des riches, La France Insoumise votera contre, quel que soit le nom du Premier ministre. Il fustige les socialistes qui refusent de rencontrer les insoumis malgré la main tendue pour réaffirmer ensemble le programme du Nouveau Front Populaire signé l’an dernier.
Antoine Léaument rejette aussi les accusations de sectarisme. Il rappelle que La France Insoumise a proposé une réunion commune à toutes les forces de gauche pour discuter des priorités sociales et écologiques. Ce sont les socialistes, dit-il, qui ont refusé de s’y rendre. Il appelle à l’unité sur la base d’un programme clair, pas d’arrangements électoraux. “Ce n’est pas une question de places, mais de principes”, martèle-t-il.
Interrogé sur la perspective d’une nouvelle dissolution, il explique que cela ne ferait que prolonger la paralysie. Une fois l’Assemblée dissoute, il est impossible de recommencer pendant un an : le pays serait donc condamné à un an de blocage institutionnel. Pour lui, la seule issue raisonnable est la démission ou la destitution d’Emmanuel Macron, suivie d’une élection présidentielle permettant de refonder le pouvoir sur une légitimité populaire.
En conclusion, Antoine Léaument répond avec humour à la question d’un journaliste sur ce qu’il ferait si Jean-Luc Mélenchon était président et faisait face à des manifestations. “Je doute qu’il y ait des mobilisations de masse contre la retraite à 60 ans”, ironise-t-il, avant d’ajouter : “Mais si ce sont les grands patrons du CAC40 qui descendent dans la rue, nous les écouterons avec attention.” Il termine en rappelant que la politique doit servir le peuple, pas les puissants, et qu’après des années de 49.3 et de mépris social, le pays a besoin d’un sursaut démocratique, pas d’un énième marchandage entre ceux qui l’ont mené dans cette impasse.
