Dans cette interview musclée avec Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, Antoine Léaument revient sur l’explosion du narcotrafic, les super-prisons, les débats sur la laïcité, l’islamophobie, les violences racistes, l’Eurovision et la situation politique nationale. Un échange dense, engagé, sans langue de bois.
Antoine Léaument commence par réagir aux récentes attaques contre des prisons, probablement liées au narcotrafic. Il exprime son soutien aux personnels pénitentiaires, dénonce l’inefficacité de la politique menée depuis des années contre le trafic de dro/, et pointe la responsabilité de Gérald Darmanin et Bruno Retailleau. Il déplore que l’État concentre ses efforts sur les petits dealers plutôt que sur les « caïds de la dro/ » et souligne l’abandon de la police judiciaire.
Il critique l’état de délabrement des outils de la police, notamment l’absence de logiciel opérationnel malgré 15 millions d’euros investis, et défend le statut de repenti, à condition qu’il soit encadré pour remonter aux vrais responsables du trafic. En revanche, il s’oppose aux « super-prisons » qui mettent en danger les agents en facilitant la corruption et les pressions sur les familles. Il dénonce l’absence de réponses concrètes de Darmanin à ses questions sur la sécurité.
Sur le terrain budgétaire, il s’en prend à François Bayrou qu’il accuse de mentir, notamment en prétendant qu’il n’y a pas de hausses d’impôts à venir. Pour Antoine Léaument, la réalité est que les ultra-riches ne sont jamais mis à contribution, tandis que les travailleurs paient toujours plus. Il réaffirme que les « vrais oisifs », ce sont les milliardaires qui s’enrichissent sans rien produire.
Concernant une possible motion de censure, le député insoumis affirme vouloir renverser le gouvernement mais insiste : pas question de faire des motions symboliques. Il faudra choisir le bon moment, notamment en fonction du calendrier parlementaire et de l’audition à venir de Bayrou dans la commission Bettencourt.
Le débat dérive ensuite sur la fête du travail et le 1er mai. Léaument défend cette date comme jour sanctuarisé pour tous les travailleurs et s’oppose à sa banalisation sous couvert de liberté individuelle. Il met en garde contre une dérive à la carte des jours fériés, manipulée par le capitalisme, et regrette la disparition progressive des temps collectifs dans la société.
Sur les tensions autour de LFI et l’accusation portée par certains élus locaux, Antoine Léaument rappelle qu’il ne peut condamner une action dont il ne connaît ni le contenu exact ni les auteurs. Il en profite pour rappeler que le véritable danger, c’est de « s’habituer au racisme » et de céder progressivement aux idées d’extrême droite.
Dans ce contexte, il défend la création d’une commission d’enquête sur l’islamophobie, visant à étudier le rôle des médias, des réseaux sociaux et des responsables politiques dans la construction de stéréotypes négatifs. Il insiste sur la distinction entre critique des religions (qui est légitime) et attaques contre les croyants (qui relèvent de la haine).
Il rappelle que le droit au blasphème est protégé par la loi, mais qu’aucune religion ne peut servir de prétexte à la haine ou à l’exclusion. Il insiste sur la nécessité de défendre toutes les personnes menacées en raison de leur foi, qu’elles soient juives ou musulmanes, au nom des principes républicains.
Enfin, à propos de l’Eurovision, il estime qu’un État engagé dans des crimes de guerre ne devrait pas pouvoir participer en son nom à ce type de concours, même si le chanteur n’est pas en cause. Il préfère, comme pour les JO, que les artistes se produisent sans porter les couleurs d’un État.
Il conclut sur les liens entre perte de sens, retour vers la foi dans une société capitaliste en crise, et réaffirme son attachement à la laïcité et à la liberté de conscience. Quant à une éventuelle primaire à gauche : il s’y oppose, la jugeant contre-productive et inefficace pour construire une dynamique majoritaire.