Audition d’Arnaud Rérolle directeur de Périclès

Dans cette audition marquante à l’Assemblée nationale, Antoine Léaument interroge Arnaud Rérolle, directeur de Périclès, sur les objectifs réels, les méthodes d’action et les financements de cette structure privée qui affirme vouloir peser sur les élections à venir.

La commission d’enquête parlementaire, présidée par Antoine Léaument, s’intéresse ici à un acteur récent du champ politique : Périclès, organisation fondée par le milliardaire Pierre-Édouard Stérin, et dirigée par Arnaud Rérolle. Celle-ci revendique un positionnement à droite, voire « libéral-conservateur », et un objectif clair : structurer un écosystème d’idées et de cadres pour influencer le débat public… et les élections.

Dès l’introduction, Antoine Léaument pose le cadre : Périclès n’est pas un parti, mais soutient des initiatives, des médias, des formations, des viviers de candidats. Selon des documents révélés dans la presse, l’objectif affiché est d’obtenir des victoires électorales, à travers l’usage du big data, des médias, des ressources humaines… Un projet assumé de conquête idéologique et politique.

Le cœur de l’audition porte sur plusieurs points sensibles :
Périclès a distribué 8 millions d’euros en 2024, et prévoit 20 millions pour 2025, à une cinquantaine d’initiatives. Arnaud Rérolle affirme ne financer directement aucun candidat. Pourtant, certaines de ces initiatives visent explicitement à former, soutenir ou conseiller des candidats potentiels, ce qui pourrait relever d’un financement indirect, en contradiction avec le code électoral.

Un document interne de Périclès, révélé par L’Humanité, évoque une stratégie de soutien au RN pour les municipales de 2026, validée lors des universités d’été du parti. Arnaud Rérolle admet en être l’auteur, mais minimise aujourd’hui la portée de ces ambitions. Il affirme que certaines idées ont été abandonnées. Pourtant, les parlementaires insistent : quel statut réel occupe Périclès ? Est-ce une pépinière d’influence, ou un quasi-parti politique parallèle, échappant à toute régulation ?

Une autre partie du document mentionne un “tableau d’influence” : des personnalités politiques classées selon leur degré de proximité ou de potentiel à être “activés”. Parmi elles, Bruno Retailleau, Éric Ciotti, Marine Le Pen, Marion Maréchal… Antoine Léaument demande si ces relations existent toujours, et si Périclès agit via des “hommes de confiance”. Rérolle botte en touche, parle d’échanges d’idées, nie toute influence directe, mais reconnaît des contacts.

Malgré l’engagement affiché à la transparence, seuls 23 projets sont listés publiquement sur le site de Périclès, alors que 90 auraient été financés. Le directeur invoque la loi pour ne pas dévoiler tous les bénéficiaires, tout en assurant respecter le cadre légal. Léaument insiste : la loi interdit aussi les avantages en nature, et tout appui matériel à des candidats par une personne morale.

Le fond du débat reste là : Périclès s’insère-t-il dans un angle mort du droit électoral ? En structurant des formations, des outils, des influenceurs, tout en échappant aux obligations imposées aux partis politiques, cette organisation ne bénéficie-t-elle pas d’un levier d’action disproportionné, sans contrôle démocratique ? Antoine Léaument en appelle à la vigilance et à une éventuelle évolution législative pour protéger l’équité électorale.

Partager cet article

Newsletter

Pour recevoir des infos sur mon actualité ou mes déplacement en France, inscrivez-vous ici.

Les dernières vidéos

Retour en haut