Dans ce discours prononcé à l’Assemblée nationale, Antoine Léaument alerte sur la situation dramatique à Mayotte et dénonce la remise en cause du droit du sol, pilier de notre République. Il appelle à la solidarité, à la justice sociale et à la fidélité aux principes républicains.
Il commence par rappeler le traumatisme du cyclone Chido, survenu quatre mois plus tôt à Mayotte, l’une des pires catastrophes naturelles qu’ait connues notre pays. Il rend hommage aux victimes, salue la mobilisation populaire et remercie les députées insoumises qui se sont rendues sur place pour porter un message de fraternité.
Mais ce qui l’alerte profondément, c’est que malgré cette tragédie, aucun effort n’est entrepris pour reconstruire. Aucun plan n’est mis en œuvre pour bâtir des logements dignes, garantir l’accès à l’eau potable, lutter contre la pauvreté, ou encore assurer une éducation pour les 15 000 enfants exclus du système scolaire. Rien non plus pour affronter l’insécurité ou l’épidémie de chikungunya qui frappe le territoire.
Et pourtant, au lieu d’agir pour répondre à ces urgences, le gouvernement choisit de remettre en cause le droit du sol. Antoine Léaument rappelle alors que le droit du sol, c’est la France. C’est la République. Ce principe fondateur ne doit pas être abandonné, surtout pas à Mayotte, territoire qui a voté à quatre reprises pour rester dans la République.
S’adressant directement aux Mahorais, il reconnaît que l’immigration pose des défis réels. Mais il appelle à dépasser les discours idéologiques. L’immigration n’est pas un fantasme, dit-il, c’est une réalité humaine, souvent provoquée par la pauvreté, les conflits, les persécutions ou les conséquences du dérèglement climatique.
Il rappelle un fait essentiel : la France s’est construite avec l’immigration. Aujourd’hui, 20 millions de Français ont au moins un ancêtre étranger. Mayotte, comme l’Hexagone, fait partie de cette histoire nationale. Refuser de voir les causes profondes de l’exil, c’est refuser de regarder en face les inégalités et les ravages du capitalisme globalisé.
Il dénonce le cynisme de ceux qui s’attaquent au droit du sol, en reprenant mot pour mot les propositions historiques de l’extrême droite. Il met en garde contre l’effet domino : ce qui commence à Mayotte pourrait bientôt s’appliquer à toute la France. Et ce que certains croient contenir localement peut très vite devenir le socle d’un projet de société profondément xénophobe.
Dans un appel solennel, il invite ses collègues à réfléchir à leur vote. À penser à leurs ancêtres, à l’unité de la République, à la signification du drapeau tricolore. Il rappelle que l’on ne fait jamais la grandeur de la France en réduisant la République, et qu’on n’expulse pas la misère, on la combat.
Son discours se conclut par une profession de foi républicaine : une République jusqu’au bout, sociale et antiraciste. Une République qui fait de l’égalité et de la fraternité un programme politique. Une République qui combat les idées de Le Pen, au lieu de les imiter.