mélenchon méchant bfmtv

Sur Twitter, BFMTV choisit ses images pour valider l’équation Mélenchon = Méchant avec les journalistes

Après les montages malhonnêtes de Quotidien sur Jean-Luc Mélenchon et la réponse malhonnête de Quotidien aux critiques reçues, c’est maintenant le compte Twitter de BFMTV qui sélectionne consciencieusement des images du leader de la France insoumise pour ne montrer qu’une partie du réel. En effet, le 20 juin 2017 à 12h13, le compte Twitter officiel de BFMTV publie un tweet indiquant : « Jean-Luc Mélenchon arrive à l’Assemblée et exige de l’ordre chez les journalistes ». Sous-entendu : « il est quand même un peu méchant avec les journalistes ». Une vidéo accompagne le tweet.

Dans la vidéo, on voit Jean-Luc Mélenchon pousser un micro et dire : « Non, mettez-vous de l’autre côté, vous ne mettrez pas votre bras du côté de la tête de cette dame. Non, monsieur. Un peu moins de machisme ça vous ferait du bien ». Puis, alors que le journaliste replace son micro hors champ, Jean-Luc Mélenchon ajoute : « Non plus, là il y a encore quelqu’un, vous allez encore changer de place ». Puis à un•e autre : « Vous aussi, vous aussi ». Devant l’absence de mouvement, il déclare ensuite : « Bon, la conférence est terminée ». Les journalistes râlent et Jean-Luc Mélenchon revient vers eux en disant : « Alors demandez à vos collègues de se tenir, s’il vous plaît, dans le respect des député•e•s ». Puis, à l’adresse d’un de ceux auxquels il a fait une remarque : « Donc, vous changez de place… Passez là, BFM, vous êtes raisonnables d’habitude. On va prendre le temps que vous soyez bien installés ». L’extrait coupe ici.

De cette vidéo et compte tenu du commentaire qui l’accompagne, on peut avoir une impression très négative de la situation. D’ailleurs, les commentaires en réponse au tweet de BFMTV vont pour beaucoup dans le même sens : « Il est insupportable, imaginez-le président. » dit l’un ; « Il y a d’autres manières de se faire entendre. Il est juste intolérant et caractériel. La politique doit se parer de diplomatie. » dit un autre. Bref : le tweet de BFMTV ouvre la boîte de Pandore de l’insulte facile envers Jean-Luc Mélenchon.

Dans l’extrait diffusé et si je fais fi du commentaire qui l’accompagne, je vois, moi, Jean-Luc Mélenchon en train d’essayer d’organiser la cohue. En fait, le commentaire n’est pas inexact en soi : c’est le bordel, les journalistes ont l’air d’écrabouiller les personnes qu’ils sont censés interroger et il y a bien du « désordre » auquel le leader de la France insoumise demande de mettre un terme. Sauf que de la manière dont les choses sont présentées, le problème vient de lui… et non pas de ceux qui sont la cause du « désordre ». Mais apparemment, demander à un journaliste de ne pas mettre son micro dans le nez d’une députée, c’est une atteinte autoritaire à la liberté de la presse.

Blague à part, s’il y a quelque chose de rageant et de malhonnête ici, ce n’est pas tant le commentaire mis avec la vidéo que l’extrait sélectionné par BFMTV qui coupe brutalement au milieu de la scène. Et il ne s’agit pas d’une limite technique qui exigerait que la vidéo ne dure pas plus de 38 secondes. Il s’agit d’un choix éditorial délibéré. Car que se passe-t-il après ? Un internaute a retrouvé la vidéo sur une autre chaîne et l’a diffusée dans un tweet.

Dans la vidéo, Jean-Luc Mélenchon dit, à l’adresse d’une journaliste : « Venez madame, passez de l’autre côté. Nous prendrons le temps que vous puissiez travailler correctement. Venez, venez. Chacun d’entre nous… pardon madame… chacun d’entre nous a des obligations, comprenez-le. Voilààà ». Puis, une journaliste dit : « Les députés d’un côté, la presse de l’autre » ; Jean-Luc Mélenchon répond : « Oui, absolument, absolument, nous ne sommes pas le même nombre ». Elle ajoute : « Tout le monde est bien installé… ». Réponse de Jean-Luc Mélenchon : « Absolument ». Et à une autre qui est encore à l’arrière : « Venez, venez, madame, êtes-vous à votre aise ? Êtes-vous à votre aise, BFM ? Parce qu’ils [BFM] ont suivi la discipline, on ne va pas les pénaliser. Vous y êtes, madame ? Votre caméra est là ? Ça va pour vous ? Voilà ». Puis, à l’adresse des député•e•s de la France insoumise : « On va se mettre de trois quarts de cercle. Eux, ils ont été sérieux. On ne va pas les pénaliser. Voilà ». Puis, tout le monde étant bien en place, à l’adresse des journalistes : « Alors, qu’est-ce que vous me voulez, maintenant ? ». Et la conférence de presse débute alors.

Dans cet extrait, malheureusement non sélectionné dans le tweet du compte officiel de BFMTV, on voit Jean-Luc Mélenchon veiller à la fois au confort de travail des journalistes, à leur égalité de traitement et à la bonne mise en place des député•e•s de la France insoumise. Rien d’offensant, rien d’autoritaire, rien de méchant avec les journalistes – bien au contraire. Juste la mise en place d’une organisation plus rationnelle que la cohue qui prévalait jusqu’alors afin que chacun (député•e comme journaliste) puisse travailler dans des conditions normales, sans être écrabouillé alors qu’il fait 35°C. Bref : une réaction humaine, rationnelle et même – c’est mon avis – plutôt sympathique.

Rien à voir, donc, avec l’extrait choisi par BFMTV sur Twitter. Rien à voir non plus avec le « exige de l’ordre » du commentaire qui va avec et qui donne une impression autoritaire. On voit avec les images relevées par l’internaute que « l’ordre » est nécessaire pour que tout le monde puisse faire son travail correctement (et, ironie, on voit d’ailleurs que Jean-Luc Mélenchon fait en sorte en particulier que BFMTV puisse être bien installé) et que cela ne se fait pas tant dans « l’exigence » que dans la concorde et la bonne volonté collective des journalistes comme des député•e•s.

Bref : la réalité, une fois de plus, était plus complexe que le petit extrait qui cherche le buzz…

Partager cet article

Newsletter

Pour recevoir des infos sur mon actualité ou mes déplacement en France, inscrivez-vous ici.

Les dernières vidéos

Retour en haut

Recevez ma newsletter

Pour recevoir des informations sur mon actualité ou mes déplacements en France, inscrivez-vous ici.