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Crédit photos : Gouvernement français (à g.), Claude TRUONG-NGOC (à d.)

Macron et Gattaz : la haine de classe au grand jour

Coup sur coup en moins d’une semaine, le ministre de l’Économie Emmanuel Macron et le patron du MEDEF Pierre Gattaz ont révélé au grand jour leur haine de classe.

Macron et son costard 

Le 27 mai dernier dans les rues de Lunel, Emmanuel Macron est interpellé par deux citoyens. Le débat s’engage. L’un des citoyens dit : « On en a marre ! On en a marre ! J’ai 21 ans, je me retrouve à faire une formation… On en a marre ! Moi, j’ai pas les sous pour me payer un costume comme ça ! ». L’échange continue, le ministre répond :

« Et maintenant, non mais attendez. Moi maintenant, vous savez monsieur, la meilleure façon de se payer un costard c’est… Vous allez pas me faire pleurer avec votre T-shirt. La meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler. »

Sous-entendu : le citoyen en face de lui est paresseux et s’il n’a pas assez d’argent, c’est de sa faute. Loupé. Réponse en face : « Depuis l’âge de 16 ans, je travaille, monsieur ». Mais Macron n’écoute pas. Il continue à réciter, et en remet une couche : « Là, je viens de voir des jeunes qui ont envie de travailler, qui ont envie de réussir, et qui sont pas en train de dire ça ».

Voilà toute la haine de classe d’Emmanuel Macron révélée au grand jour et captée dans une vidéo. Pour lui, qui n’a jamais eu à galérer en enchaînant des petits boulots mal payés, la vie est facile. Énarque, inspecteur des finances puis banquier d’affaires chez Rothschild, il devient millionnaire lors d’une opération de rachat d’une filiale de Pfizer par Nestlé. Il est ensuite nommé (n’oubliez pas : nommé, jamais élu) secrétaire général adjoint à la présidence de la République puis ministre de l’Économie. Voilà le parcours de celui qui se permet de donner des leçons à ceux qui ne gagneront jamais en une vie ce qu’il a gagné en une seule opération financière.

Mais ce n’est pas tout. Car Emmanuel Macron en a rajouté quelques jours plus tard, déclarant : « on ne tutoie pas un ministre, on ne l’invective pas », lui qui ne s’est pas gêné pour « invectiver » ces deux citoyens. Voilà résumé tout l’esprit de caste et de haine de classe qui habite le ministre de l’Économie. Un esprit nécessairement renforcé par l’ambiance d’impunité qui règne au sommet de l’État, puisqu’on vient d’apprendre que le chouchou des médias avait triché sur son ISF. La baudruche médiatique est en train de se dégonfler et pleurniche désormais sur son sort en disant qu’on « essaie de le salir ». Évidemment, les insultes ne sont pas sorties de sa bouche et ce n’est pas lui qui a rempli sa déclaration d’impôts, n’est-ce pas ?

Gattaz et le terrorisme

Pierre Gattaz, c’est un peu l’athlète olympique de la haine de classe : « plus haut, plus vite, plus fort ». Chaque sortie médiatique du patron du MEDEF est l’occasion d’un petit mot à l’adresse des travailleurs. Ça n’a pas loupé cette semaine. Dans une interview au journal Le Monde, il déclare :

« Faire respecter l’État de droit, c’est faire en sorte que les minorités qui se comportent un peu comme des voyous, comme des terroristes, ne bloquent pas tout le pays. »

Un peu plus loin, il ajoute que « le sigle CGT est égal à chômage ». Mieux vaut en rire : on attend toujours le million d’emplois qu’il avait promis, portant si fièrement un badge à la boutonnière de son costume.

Mais ce n’est pas tout : il déclare que ceux qui veulent le retrait de la loi El Khomri sont « des minorités qui se comportent un peu comme des voyous, comme des terroristes ». Peu lui importe que selon un sondage, 70% des Français veulent le retrait de la loi El Khomri et considèrent que c’est le gouvernement qui est responsable des blocages. C’est donc la majorité du peuple que monsieur Gattaz insulte, dans un pays qui ne sait que trop bien ce qu’est le terrorisme. Le comble, c’est que lui qui ne représente qu’entre 3% et 10% des entreprises ose parler comme s’il le faisait au nom d’une quelconque majorité.

Monsieur Gattaz nous traite de « voyous ». Il devrait réfléchir. Nous avons la mémoire du temps long. Nous ne sommes pas aussi bêtes qu’il le voudrait. Nous n’avons pas oublié que son entreprise à lui, Radiall, a fait passé son impôt sur les société de 25% à 3% tout en empochant 876 000 euros de crédit d’impôt compétitivité-emploi (CICE), c’est à dire d’argent public. Nous n’avons pas oublié qu’alors qu’il empochait cette somme, son entreprise ne payait que 202 000 euros d’impôts. Nous n’avons pas oublié qu’il s’est servi du pactole empoché pour augmenter les dividendes de sa boîte à 2,6 millions d’euros. Mais dites donc, monsieur Gattaz, combien d’emplois aurait-on pu créer avec cet argent public et avec vos dividendes si vous aviez accepté de partager un peu ?

Gattaz et Macron : les deux faces d’une même pièce qui s’appelle l’oligarchie

Les masques tombent. Chaque jour grandit le nombre des citoyens qui ne sont plus dupes des manigances de ces deux-là et qui entrent en insoumission contre le système global qu’on appelle « oligarchie ». Ce système des gens qui se tiennent par la main dans les sphères économique, politique et médiatique ; qui passent de l’une à l’autre et se fréquentent dans les soirées mondaines et sur les bancs des mêmes écoles.

Regardez comme monsieur Gattaz apprécie monsieur Macron. Il le dit tout net dans son interview au Monde. Et en le disant, il se dévoile. Il dévoile la vision de l’entreprise qu’il ne supporte pas parce qu’elle lui met des bâtons dans les roues. Lisez bien, imprégnez-vous des mots de monsieur Gattaz, gravez-les dans vos esprits :

« J’ai toujours dit qu’Emmanuel Macron apporte une compréhension et une acceptation de l’économie de marché. Il connaît l’entreprise de l’intérieur. Il transcende le clivage politique gauche-droite, ce qui me va très bien. La France souffre de la croyance selon laquelle l’entreprise serait un lieu de lutte de classes, d’abus de pouvoirs qu’il faudrait contrer par le rapport de forces systématique. »

Voilà dans un même paragraphe révélé tout l’esprit de classe de monsieur Gattaz. D’un côté, il défend son chouchou Macron ; de l’autre, il affirme que la lutte des classes n’existe pas et qu’il n’y a pas de rapport de forces dans l’entreprise.

Macron qui « connaît l’entreprise de l’intérieur » ? Quelle farce ! Il n’en connaît que ce qu’il a vu chez Rothschild : de la découpe de parcelles d’entreprises qu’on revend à d’autres entreprises en considérant les travailleurs comme une « masse salariale ». Il faut dire que le patron du MEDEF n’y connaît pas grand chose non plus, lui qui a hérité de l’entreprise de son père.

Selon Gattaz, il n’y aurait pas de lutte des classes et pas d’abus de pouvoirs contre lesquels il faudrait lutter par le rapport de forces. Croit-il que nous avons déjà oublié le 49.3 ? Ou bien nous prend-il simplement pour des imbéciles ? Il y a une lutte des classes. Et s’il ne croit pas Marx, peut-être croira-t-il le milliardaire Warren Buffet qui affirmait : « Il y a une lutte des classes, bien sûr, mais c’est ma classe, la classe des riches qui mène la lutte. Et nous sommes en train de gagner ».

Lutte des classes et insoumission du peuple

La lutte des classes existe bien. Pas que dans l’entreprise[1]. Elle traverse la société. C’est ainsi qu’on voit un président et un gouvernement défendre des lois dont l’unique objectif est de servir les intérêts des plus fortunés. Et il ne le fait pas n’importe comment. Il le fait avec le 49.3, c’est à dire par un « abus de pouvoir », pour reprendre les mots de monsieur Gattaz. La lutte des classes existe : elle est une lutte entre un système dominant (pour l’instant) qu’on appelle l’oligarchie et un système dominé (pour l’instant) qui s’appelle le peuple.

Warren Buffet a raison : il y a un camp, celui des dominants, qui mène la bataille. Tout le désarroi de messieurs Macron et Gattaz est le suivant : la portion du peuple qui a décidé à son tour de mener la bataille et d’entrer en insoumission à l’ordre établi ne cesse de s’agrandir.


[1] On pourrait même ajouter : « pas toujours dans l’entreprise » puisqu’il existe des entreprises qui, soit par leur taille soit par leur organisation, sont davantage des collectifs de travail que des lieux de domination des uns sur les autres (les SCOP, par exemple).


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