Droitisation de l’UMP : attention à l’effet boomerang

La campagne que mènent Messieurs Copé et Fillon pour la présidence de l’UMP donne lieu à un florilège de petites phrases plus droitières les unes que les autres. Si l’épisode du pain au chocolat en est assurément l’élément le plus emblématique, on peut relever, chez les deux candidats, de nombreuses remarques qui vont d’une critique violente et radicale de l’action du gouvernement à la stigmatisation de certaines catégories de la population française.

Ces éléments de langage répondent à une logique précise : la conquête du poste de président passe nécessairement par une droitisation du discours, quand on sait que 64% des électeurs de Nicolas Sarkozy souhaitaient une alliance avec le Front National pour les législatives de 2012. Jean-François Copé et François Fillon le savent : pour emporter l’adhésion des militants, il leur faut donc reprendre une partie du discours lepéniste (même s’ils feignent parfois d’oublier que les militants UMP et les électeurs de Nicolas Sarkozy sont deux groupes distincts et socialement très différents).

Ce que semblent toutefois négliger les deux candidats, c’est qu’il y aura un après. Une fois l’élection à la présidence de l’UMP terminée, les petites phrases les plus radicales ne seront pas oubliées et, si elles semblent indispensables pour obtenir la victoire aujourd’hui, elles risquent fort de se transformer en boulets dérangeants demain. De deux choses l’une : soit MM. Copé et Fillon le savent et ont une stratégie de « recentrement » de l’UMP dans leurs cartons pour la période post-électorale, soit ils sont intimement persuadés qu’une droitisation pérenne de l’UMP est nécessaire pour emporter les élections de 2014.

Il me semble malheureusement qu’il faille pencher pour la deuxième solution. Si c’est bien le cas, MM. Copé et Fillon n’ont de toute évidence rien appris de l’histoire récente des élections françaises. Certes, en 2007, Nicolas Sarkozy est parvenu à assécher l’électorat de Jean-Marie Le Pen, en tenant un discours droitier qui a marginalisé le parti frontiste ; en 2012, il semble toutefois que ce soit l’effet inverse qui s’est produit, le discours droitier de Nicolas Sarkozy légitimant cette fois celui de Marine Le Pen.

Après la campagne pour la présidence de l’UMP, quel qu’en soit le vainqueur, si la droitisation du parti continue sur la même lancée que celle que nous observons aujourd’hui, il y a fort à parier que l’effet boomerang d’une telle stratégie se fera rapidement sentir. D’abord parce que les Français de droite préfèreront l’original à la copie et se tourneront vers Marine Le Pen (sur ce point, voir l’analyse que Gaël Sliman proposait en 2011) ; ensuite, parce qu’en campant ainsi sur des positions droitières, l’UMP se coupera définitivement de ses électeurs modérés, dans un contexte où le lancement réussi de l’UDI leur offre une alternative plus que crédible. L’hémorragie électorale s’effectuera donc autant par la droite que par la gauche, et renforcera le Front National plutôt que de l’affaiblir.

Il est encore temps d’arrêter les frais. Si les candidats à la présidence de l’UMP aiment la France autant qu’ils se plaisent à le dire, ils devraient mesure le poids que les mots qu’ils utilisent aujourd’hui auront dans quelques mois. Dans leur luttes d’égos, c’est une partie de la République de demain qui est en jeu. Notre travail à tous est de lutter contre la haine de l’autre. Pas de l’attiser.

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