La semaine « Mélenchon-bashing » du « Petit Journal »

La mode médiatique est à la diabolisation mélenchonienne : après l’édition du magazine du Monde datée du 4 mai 2013, le Petit Journal de Canal+ s’est adonné à son tour à cet exercice, pendant toute une semaine. Au passage, avant d’entrer dans le vif du sujet, je note ici qu’on retrouve un élément commun avec ce que j’ai pu analyser dans mon précédent article : la diabolisation de Jean-Luc Mélenchon effectuée par le Petit Journal s’accompagne, comme dans l’édition du magazine du Monde, d’un certain nombrilisme journalistique. Je ne manquerai pas de traiter ce point au cours de mon article, tant il me semble que cet élément participe de l’exercice de diabolisation, en se fondant sur le présupposé erroné que « le média = le peuple » (ce qui, on aura l’occasion de le constater, est contradictoire avec la rhétorique même du Petit Journal). Voyons ensemble quelle a été la stratégie (car il s’agit bien d’une stratégie) d’attaque du Petit Journal tout au long de la semaine.

 

Dimanche 5 mai 2013 : teasing.

Tous les dimanches, le Petit Journal passe une sélection des sujets de la semaine qui ont été jugés les plus intéressants (comprenez « les plus vendeurs ») ; c’est ce qu’ils appellent « le Petit Journal de la semaine ». Ce 5 mai, il ne pouvait donc pas y avoir de réaction « à chaud » de la grande marche citoyenne pour la 6e République qui venait d’avoir lieu dans les rues de Paris. Comment faire pour ne pas passer à côté de l’évènement et envoyer un message du type « ne vous inquiétez pas, on va en parler ! » ? Facile :

Pour l’instant, rien de bien méchant, nous sommes d’accord. Il s’agit simplement de l’utilisation d’une technique commerciale bien connue, qui consiste à maintenir le spectateur en haleine ; le message envoyé ici est : « On y était, on va vous en parler. Manque de bol, c’est dimanche, mais on sera là demain ». Je note quand même qu’il s’agit du premier tweet, depuis la création du compte officiel du Petit Journal[1], où une interaction est recherchée avec Jean-Luc Mélenchon via son compte Twitter officiel (@JLMelenchon). L’élément peut sembler anodin mais ne l’est en rien : au cours de la semaine, le Petit Journal aura effectué six tentatives d’interaction avec le compte officiel de Jean-Luc Mélenchon, alors qu’il n’a à aucun moment essayé de faire la même chose avec Marine Le Pen (ou le Front national) lors de la mise en ligne de cette vidéo, pourtant sacrément gratinée :

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Lundi 6 mai 2013 : faire monter la sauce. Après ce teasing plus ou moins efficace (on peut se demander combien d’internautes ont vu le tweet que j’ai évoqué), on pouvait s’attendre à ce que l’édition du lundi se concentre sur la marche du cinq mai, et ce d’autant plus qu’un nouveau tweet identifiant Jean-Luc Mélenchon avait été publié par le Petit Journal à 08h43.

Fait rare dans cette émission, Yann Barthès a en fait annoncé que l’édition consacrée à la marche aurait lieu le lendemain. Seulement voilà… quand on a commencé à faire du teasing dès le dimanche et qu’on promet une émission sur un sujet précis pour le mardi, il faut faire monter la sauce le lundi. Deux méthodes ont donc été utilisées dans cette optique. La première est la même que celle dont relève le tweet du dimanche ; il s’agit de montrer qu’ils y étaient, tout en montant d’un cran et en annonçant : « vous allez voir, il y a du lourd ! ». Ici, Yann Barthès manie l’ironie pour dire qu’ils n’ont pas pu rentrer dans le carré presse. On peut noter, au passage, que l’on voit Jean-Luc Mélenchon vraisemblablement très énervé sur l’une des seules images où il apparaît[2] (voir la vidéo suivante de 02:04 à 02:25).

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La seconde méthode utilisée pour faire monter la sauce est plus classique et relève de techniques de diabolisation de Jean-Luc Mélenchon qui finissent par devenir habituelles à force d’être ressassées. Il s’agit ici de faire dire ce qu’il n’a pas dit au coprésident du Parti de Gauche (on se souviendra que la méthode avait été employée il y a peu par la Pravda). Quelle forme prend ici cette technique ? Pour le savoir, je vous invite à regarder la vidéo que j’ai insérée ci-dessus de 02:26 à 03:21. C’est fait ? Bien. Vous serez donc d’accord avec moi pour dire que le dispositif incite fortement à penser : « Mais qu’est-ce qu’il nous fait, ce Mélenchon ? Soit il ne sait plus ce qu’il dit (et c’est grave pour quelqu’un qui s’est présenté à la présidentielle), soit c’est un sacré menteur (et c’est tout aussi grave) ! ». Bref : le « grand méchant Mélenchon » est de retour.

Oui, sauf que… quand on écoute bien les deux vidéos qui nous sont présentées et quand on ignore complètement le dispositif qui vise à diriger notre pensée dans une direction donnée, on s’aperçoit que Jean-Luc Mélenchon n’a jamais appelé à une manifestation « contre le gouvernement de voleurs », comme le dit Jean-Jacques Bourdin, citant le journal Le Monde (encore eux !). En effet, que fait le coprésident du Parti de Gauche dans la seconde vidéo, tournée sur TV5 Monde le 21 avril 2013 ? Il déclare la chose suivante : « En France, il y a une kleptocratie, c’est-à-dire ‘le gouvernement de voleurs’. Qui sont les voleurs ? C’est ceux qui vont dans les paradis fiscaux ; c’est ceux qui organisent la loi pour que personne ne puisse contrôler ceux qui vont dans les paradis fiscaux. ».

A bien écouter ce que dit Jean-Luc Mélenchon, on s’aperçoit donc que l’utilisation de l’expression « gouvernement de voleurs » ne vise qu’à définir le mot « kleptocratie » ; mieux : le coprésident du Parti de Gauche définit qui sont les voleurs dont il parle : « ceux qui vont dans les paradis fiscaux [et] ceux qui organisent la loi pour que personne ne puisse [les] contrôler ». A aucun moment il n’est dit que le gouvernement de la France est un gouvernement de voleurs : Jean-Luc Mélenchon ne fait que dénoncer les arrangements entre puissants qui ont permis à des individus comme Monsieur Cahuzac de frauder le fisc (ce qui revient à voler le peuple français). Pour nous, au Parti de Gauche, ces arrangements ne sont pas le fruit d’individus isolés, mais bel et bien la conséquence d’un système, la Ve République, qui déresponsabilise la personne qui se trouve au sommet (le Président) et ouvre la voie à une déresponsabilisation de tous ceux qui se trouvent placés aux échelons inférieurs. C’est d’ailleurs précisément ce que dit Jean-Luc Mélenchon dans l’interview utilisée par le Petit Journal, dont les coupes au montage ne sont évidemment pas innocentes (voir la vidéo de 38:14 à 40:00).


J.-L. Mélenchon à « Internationales » sur TV 5 Monde le 21/04/2013 by Parti de Gauche

 

Mardi 8 mai 2013 : maintenir en haleine.

Tout au long de l’édition du mardi – que j’ai évidemment regardée avec attention pour savoir ce qui allait nous tomber dessus – je me suis demandé si le Petit Journal avait oublié de faire son fameux « reportage » sur la marche du 5 mai, ou si je n’avais pas loupé quelque chose en route… Toute une émission sans un mot sur la question ! Il aura fallu en fait attendre la toute fin de cette édition pour avoir quelques informations là-dessus : « Le dossier Mélenchon c’est demain, car oui : demain on est là et en direct ». Les plus sceptiques pourront aller vérifier (je ne veux pas insérer une nouvelle vidéo mais vous pouvez aller regarder ici) : sur 19 minutes et 12 secondes d’émission, les mots : « Le dossier Mélenchon c’est demain » n’interviennent qu’à 18 minutes et 54 secondes. Le piège est grossier : on a fait monter la sauce pendant deux jours mais on repousse en toute fin de journal l’information que le « dossier Mélenchon » ne sera pas diffusé ce jour, afin que les spectateurs qui ont eu vent de l’existence d’un tel « reportage » (surtout les pros- et les antis-Front de Gauche) aient tout de même regardé l’ensemble de l’émission et avalé benoîtement la publicité qui leur était servie.

Je ne suis ni un historien du Petit Journal ni un spectateur assidu de cette émission mais, de mémoire, je ne crois pas qu’ils aient jamais fait attendre leurs spectateurs trois jours pour diffuser un « reportage » dont nous allons très bientôt étudier la teneur. Il est cependant important de s’arrêter une petite minute sur ce point-ci, car il permet de comprendre en partie la suite des évènements : quel journal quotidien sérieux (télévisé, papier, ce que vous voulez) attend trois jours pour diffuser une information, tout en annonçant chaque jour qu’il va bientôt traiter l’information en question ? Réponse : aucun.

 

Mercredi 8 mai 2013 : le grand Soir.

Puisque le Petit Journal nous a fait l’insigne honneur d’isoler son « dossier Mélenchon » du reste de l’émission, et donc de nous épargner du temps, j’insère ici la vidéo dudit « dossier », afin que vous puissiez au choix la regarder maintenant ou après avoir lu l’analyse que j’en fais juste en dessous.

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Pour que les choses soient plus faciles et plus lisibles, je pense qu’il est préférable de découper l’émission en séquences d’analyse :

1) 00:00-00:30 : effrayer le bourgeois.

Les trente premières secondes mobilisent des images destinées à effrayer le bourgeois : on y voit d’abord un homme portant un balai (comme un fusil) au bout duquel pend un drapeau du Parti communiste français ; on y voit ensuite un drapeau rouge avec le visage de Che Guevara et un autocollant « CGT » ; on y voit ensuite des affiches de Chavez (que le bourgeois moyen, abreuvé de soupe médiatique, considère comme un « dictateur », ne l’oublions pas) ; on y voit ensuite un homme portant un t-shirt rouge vif sur lequel figurent la faucille et le marteau entrelacés ; on y voit enfin un « mur des nuls » sur lequel sont affichées de nombreuses personnalités de la droite française et européenne, mais aussi François Hollande.

Le style d’écriture que j’ai adopté ici est volontairement lourd et fastidieux : il souligne l’accumulation d’images symboliques de la gauche radicale. L’objectif est simple – repousser le bourgeois – et le message est clair : « ces gens sont dangereux : tenez-vous en éloignés ».

2) 00:30-01:19 : nous faire passer pour des cons.

La deuxième séquence, relativement longue (près d’une minute sur un « reportage » de six minutes), met en avant un camarade déguisé qui est à la peine avec sa banderole. Mieux : il utilise des mots fleuris pour souligner l’agacement qui est le sien (« fait chier », etc.). Là encore, le message est clair : les militants du Front de Gauche sont un peu empotés et sont, comme leur grand manitou, des énervés qui « éructent ». Cerise sur le gâteau : en fin de séquence, la « journaliste » file un coup de main à notre ami pour l’aider à tenir sa banderole et son drapeau. A l’issue de ce passage, le militant du Front de Gauche peut donc être perçu comme quelqu’un de pas très sympathique, tandis que la « journaliste » est celle qui n’hésite pas à mettre la main à la pâte pour filer un coup de main. Ils sont sympas, ces journalistes ! (On sent doucement le nombrilisme journalistique en train de se profiler.)

3) 01:19-02:06 : nombrilisme journalistique et culte du Plenel.

La troisième séquence se concentre uniquement sur Edwy Plenel. Elle commence par une interview dans laquelle celui-ci répond à la question « Est-ce que vous pouvez nous expliquer les raisons de votre présence ici ? » par ces mots : « Comme vous : je fais mon travail de journaliste. Peut-être avec un moins d’humour que vous ». Bingo : voilà la « journaliste » du Petit Journal légitimée en tant que telle par le grand Plenel en personne ! Et on ne tarde pas à nous montrer juste après combien le co-fondateur de Médiapart est apprécié des sympathisants du Front de Gauche (ce qui tend à donner un caractère performatif à ce qu’il vient de dire) : dans la suite de la séquence, de nombreux camarades saluent Edwy Plenel et le félicitent pour son travail. Plus cocasse, l’un d’eux lui dit : « Je suis content de serrer la main d’un journaliste. Pour une fois. ». Re-bingo : chez les sympathisants du Front de Gauche, on n’aime pas trop les journalistes (qui sont pourtant gentils) ! Ça vous ne rappelle personne ?

A l’issue de cette séquence de 47 secondes, le Petit Journal a donc reçu l’onction plénelienne et se trouve a priori légitimé dans la fonction journalistique par le grand chef de Médiapart. Gardons cet élément en tête car il est important pour comprendre la suite du « reportage ».

4) 02:07-02:25 : plus de démocratie

La courte séquence qui suit est composée de plusieurs interviews de manifestants qui déclarent tous peu ou prou la même chose : « On veut la VIe République parce que la Ve n’est pas assez démocratique ; on veut plus de démocratie. ». Le montage coupe évidemment toutes les revendications sociales et écologiques qui sont associées pour nous à la VIe République, mais passons sur ce point. Ce qui compte ici, c’est d’utiliser les militants pour discréditer le « leader » (comme le Petit Journal se plaît à appeler Jean-Luc Mélenchon) : cette séquence est pensée pour s’articuler avec les suivantes.

5) 02:26-03:46 : la démocratie selon le Petit Journal.

Yann Barthès lance ce nouveau passage en déclarant : « Encore une fois, nous avons été témoins de la démocratie selon Mélenchon ». Il est à noter, ce n’est pas anodin, qu’il lève les yeux au ciel en prononçant le mot « démocratie » ; le dispositif de présentation de cette nouvelle séquence oriente donc la lecture que le spectateur est supposé en avoir.

Les images suivantes sont toutes sur le même thème : montrer que le Petit Journal n’a pas pu accéder au praticable réservé aux journalistes, photographes et membres de l’équipe d’organisation. Deux éléments sont invoqués par le service de presse du Front de Gauche : « Je privilégie ceux qui font des retransmissions en direct », « [Je laisse passer ceux qui] nous font des trucs de journalistes, parce qu’à chaque fois vous faites des trucs qui sont… c’est du divertissement, c’est votre truc, vous avez le droit, mais moi je préfère faire travailler la presse qui vient faire de l’info. »

Qu’il me soit permis de m’arrêter sur cette séquence, car elle est au centre du dispositif narratif utilisé par le Petit Journal pour faire passer les membres du Front de Gauche pour de petits dictateurs en herbe. Reprenons pas à pas le cheminement que l’on veut nous faire suivre depuis quelques séquences : 1) Edwy Plenel a dit qu’au Petit Journal, on était des journalistes (et les militants aiment bien Edwy Plenel), 2) Les militants veulent plus de démocratie, 3) Vous ne nous laissez pas rentrer donc vous êtes contre vos propres militants, et par conséquent contre la démocratie.

Je ne crois pas exagérer en résumant ainsi la narration effectuée par le Petit Journal. Seulement voilà… l’argumentaire qui est développé dans cette séquence souffre de nombreuses limites que je voudrais ici analyser :

La liberté de la presse et la démocratie ne sont pas synonymes. La phrase peut apparaître choquante de prime abord mais il faut commencer par là pour saisir pleinement l’ensemble de ce qui va suivre. La liberté de la presse est incontestablement un outil indispensable pour qu’une démocratie puisse fonctionner correctement, pour que les citoyens aient les moyens de s’informer avec de multiples angles de lecture des évènements et pour qu’ils puissent faire leurs choix politiques en connaissance de cause (encore que la presse soit devenue tellement uniforme dans sa lecture des évènements, et notamment des évènements économiques, que l’on peut largement douter qu’elle accomplisse encore ces missions). Mais on ne peut et on ne doit en aucun cas faire d’un outil de la démocratie son essence ou sa substance : la démocratie est (à la fois étymologiquement et dans la conception que nous en avons au Front de Gauche) et n’est rien d’autre que le pouvoir du peuple. Tracer une identité ou une synonymie entre « liberté de la presse » et « démocratie » relève d’un certain nombrilisme journalistique que j’ai déjà eu l’occasion d’évoquer plusieurs fois : pour une raison qui tient principalement au pouvoir de construction du réel détenu par les médias, l’idée est entrée dans les têtes que l’équation « les médias = le peuple » est une équation correcte, qui ne doit souffrir aucune contestation ; pourtant, il suffit de rétablir cette équation dans sa réalité (« les médias < le peuple ») pour se rendre compte de l’aberration de la première formule[3]. Je précise, à l’endroit de tel ou tel journaliste qui serait tombé par hasard sur mon article, que je n’ai en aucun cas dit que je pensais qu’il fallait limiter la liberté de la presse mais que j’ai simplement tenu à rétablir les choses d’un point de vue définitionnel, en prélude à ce qui va suivre.

Toutes les caméras et tous les micros ne se valent pas. Dans la séquence que je suis en train d’étudier ici, ce qui est en fait présenté comme antidémocratique par le Petit Journal est qu’une caméra et un micro ne soient pas autorisés à accéder à un espace réservé aux caméras et aux micros. Or, quel est l’argumentaire développé par le service de presse pour empêcher le Petit Journal d’accéder à l’espace réservé ? « Vous, vous faites (…) du divertissement, (…) moi je préfère faire travailler la presse qui vient faire de l’info ». Que peut rétorquer le Petit Journal, qui vient récemment de lancer une « série » intitulée « Les débiles à Cannes », à un argument comme celui-ci ? Que peut-il rétorquer à cet argument alors que le site internet de Canal+ lui-même le classe précisément dans la catégorie « divertissement » (voir la couverture que j’ai choisie pour cet article) ? Que les choses soient dites clairement : au Front de Gauche, nous respectons et nous respecterons toujours la liberté de la presse, parce que nous avons une très haute opinion de sa mission d’information des citoyens ; qu’il nous soit donc permis de refuser d’offrir des images à ceux qui ont choisi de se situer à mi-chemin entre cette noble mission et son exact inverse : le divertissement et la désinformation. Il est à ce titre éclairant de constater que nous avons laissé entrer sans aucun problème les journalistes d’I-télé, chaîne du groupe Canal+, dont la mission d’information ne saurait être mise en cause (même si d’aucuns me diront, sans doute à juste titre, qu’elle reste par trop superficielle). Nous n’avons donc pas une attitude spécifique vis-à-vis du Petit Journal parce que nous n’accepterions pas de subir un traitement partial de ce qui est dit de nous sur Canal+ (c’est, au fond, le message qui sous-tend l’ensemble du reportage) mais parce que la façon qu’on a dans cette émission de traiter l’information est elle-même spécifique et que nous n’estimons pas qu’elle remplisse pleinement les missions que nous attendons de la presse : informer et instruire.

6) 03:47-04:13 : travestir les mots.

La séquence que nous étudions maintenant est consacrée à ce que Yann Barthès appelle la « mise en scène » du Front de Gauche pendant la séquence des discours. Le présentateur du Petit Journal lance ce passage en disant : « [Mélenchon] parle de nous, des manifestants et de lui ». Il nous faut malheureusement déjà nous arrêter pour analyser ce premier élément et ne passer à côté de rien. Yann Barthès cherche en effet à placer Jean-Luc Mélenchon dans une position d’homme égocentrique, qui se plait à rassembler la foule pour se faire mousser un peu : si l’on se concentre sur le début et la fin de la phrase, il ne reste que « [Mélenchon] parle de lui ». Seulement voilà… comme je suis un petit curieux, je suis allé fouiller dans ce discours du 5 mai 2013 et j’y ai compté soixante-cinq occurrences du mot « nous » contre treize du mot « je » ; mieux : le mot « je » n’est jamais utilisé, dans ce discours, avec des verbes d’état et est systématiquement associé à des verbes d’action (notamment « dire »). En aucun cas quelqu’un qui a écouté ce discours de Jean-Luc Mélenchon en entier (voir la vidéo ci-dessous) ne peut dire en toute bonne foi que l’orateur est en train de parler de lui-même.


Discours de Jean-Luc Mélenchon – Marche citoyenne pour la 6ème République by Parti de Gauche

Après cette introduction erronée du discours de Jean-Luc Mélenchon, plusieurs images sont passées où le coprésident du Parti de Gauche utilise l’anaphore « c’est nous » (on se souviendra, pour rire un peu, de l’anaphore de François Hollande pendant son débat avec Nicolas Sarkozy : « Moi, Président de la République »… voilà quelqu’un qui parle de lui). Yann Barthès présente ensuite des images où Jean-Luc Mélenchon parle du peuple. Rien à dire sur ce point. C’est l’analyse qui en est faite ensuite qui est intéressante et qui va révéler toute l’incohérence de l’argumentaire du Petit Journal, à la fois au sein même de ce « reportage », mais aussi, sur la durée, en comparant ce qui est dit ici avec ce qui a pu être dit à d’autres moments.

7) 04:13-04:49 : idiotie.

Il n’est pas cohérent de séparer cette séquence de la précédente, car les deux sont intimement liées et sont pensées pour s’articuler ensemble. Je le fais ici uniquement pour deux raisons : d’abord pour faciliter la lecture de cet article, en n’étudiant pas des passages trop longs d’un seul bloc, ensuite parce que la séquence que nous allons étudier maintenant est un concentré de contradictions qui montre clairement que le Petit Journal ne développe pas une pensée structurée et un argumentaire cohérent.

Dans le passage précédent, la narration audiovisuelle nous a présenté Jean-Luc Mélenchon comme quelqu’un qui parle de « nous » (les manifestants) et du « peuple » (je laisse de côté l’idée qu’il parlerait aussi « de lui », puisque j’ai montré à l’instant combien l’attaque était infondée). Tout l’objet de cette nouvelle séquence va donc être de faire mentir le coprésident du Parti de Gauche, en utilisant le dispositif médiatique du 5 mai contre lui. Que dit Yann Barthès ? Que Jean-Luc Mélenchon parle face aux caméras et dos aux manifestants, et donc que ce qu’il a dit avant ne peut être vrai parce que s’il parlait vraiment au peuple, il serait nécessairement tourné vers lui. Mieux, pour le présentateur du Petit Journal, le coprésident du Parti de Gauche s’adresse « aux journalistes ». Cette idiotie sans borne mérite un certain nombre de remarques que je voudrais ici détailler, en commençant par la plus grosse énormité et en finissant par des éléments peut-être moins perceptibles :

– On écoute un discours avec ses oreilles, pas avec ses yeux. Ce que le « reportage » du Petit journal ne dit pas, c’est que la rue de Lyon et la place de la Bastille, lieux où se tiennent les manifestants au moment des discours, étaient entièrement sonorisées de manière à ce que, précisément, chacun puisse entendre ce qui se disait à la tribune. L’argument selon lequel Jean-Luc Mélenchon « ne parle qu’aux caméras » et ne se serait pas adressé aux manifestant est donc fallacieux.

Il n’y a pas qu’un caméraman derrière une caméra. Chose étrange pour quelqu’un qui vient de dire qu’on remettait en cause la « démocratie » en ne laissant pas entrer le Petit Journal dans un espace réservé à la presse, Yann Barthès déclare que le coprésident du Parti de Gauche « ne parle qu’aux caméras » et semble oublier qu’il y a des gens qui regardent la télé (en réalité il ne peut pas l’oublier puisqu’il en vit grassement). Là encore, l’argument est fallacieux puisque derrière chaque caméra, ce sont des dizaines, parfois même des centaines de milliers d’individus qui écoutent le discours de Jean-Luc Mélenchon. En parlant en direction des journalistes (et là, les guillemets ne sont plus nécessaires), le coprésident du Parti de Gauche ne s’adresse pas aux journalistes mais à ceux qui regardent la télé ou écoutent la radio à l’instant où il parle. Le « nous » inclut donc non seulement les manifestants, mais encore les spectateurs qui ont eu la bonne idée de se brancher sur BFM, I-télé et toutes les autres chaînes qui ont retransmis ce discours en direct. Croire que Jean-Luc Mélenchon s’adresse aux journalistes quand il parle face à une caméra c’est donc 1) (très) mal le connaître, 2) faire preuve du nombrilisme journalistique que j’ai déjà évoqué à de multiples reprises.

Un manque de cohérence dans la durée. Je finis par ce point car il nécessite d’avoir vu au préalable le « reportage » sur le Front national que j’ai inséré au tout début de cet article. En effet, se reporter à cet élément permet de démonter un peu plus un argument fallacieux du Petit Journal, dont j’ai déjà dit quelques mots : l’idée selon laquelle que nous ne serions pas des démocrates parce que nous les avons empêché d’accéder à l’espace presse.

Si l’on se réfère donc à ce « reportage » effectué par le Petit Journal sur le Front national, on s’aperçoit qu’à la bravade de Marine Le Pen, qui dit qu’il faudrait « supprimer Canal+ », Yann Barthès répond en arguant que la présidente du FN oublie qu’I-télé est une chaîne de ce groupe. Je l’ai déjà dit, de notre côté, nous avons (évidemment) laissé entrer I-télé sans aucun problème, et nous n’avons de réticences, au sein du groupe Canal+, qu’avec le Petit Journal, qui transforme l’information en divertissement. Ceci posé, que l’on songe maintenant un instant à ce que l’on aurait dit de nous dans cette émission si Jean-Luc Mélenchon avait déclaré, même pour rire, qu’il faudrait « supprimer Canal+ ». Assurément que nous étions des antidémocrates invétérés. Qu’a dit Yann Barthès à propos de cette phrase de Marine Le Pen ? Absolument rien ! Ce faisant, le Petit Journal participe d’une dédiabolisation du Front national tout en s’inscrivant, quelques jours plus tard, dans un mouvement de diabolisation mélenchonienne. Vous trouvez peut-être que j’exagère. Dans ce cas, je vous invite à regarder à nouveau le « reportage » sur le FN et à vous concentrer sur un autre élément : le service d’ordre de ce parti empêche le Petit Journal d’approcher des dirigeants. Yann Barthès dit-il quelque chose à propos d’un manque de démocratie qu’il y aurait dans cette démarche ? Non, toujours rien. C’est pourtant ce qui nous est reproché dans l’ensemble du reportage réalisé sur la marche du 5 mai. Il y a donc bien deux poids et deux mesures entre le traitement médiatique qui nous est fait dans cette émission et celui qui est réservé au FN… et force est de constater que ce traitement est plus sympathique vis-à-vis d’eux que de nous. J’ajoute enfin, pour conclure sur ce point, que notre « mise en scène » nous est reprochée alors que, contrairement au Front national, nous avons de notre côté laissé les chaînes de télévision obtenir leurs propres images.

8) 04:50-05:29 : Nombrilisme journalistique et mouvements de foule.

Encore une fois, il nous faut ici percevoir le passage que nous allons étudier sous l’angle du nombrilisme journalistique. Que se passe-t-il, concrètement, dans cette séquence ? Un membre du service d’ordre demande à un journaliste d’RTL de reculer, ce dernier répond « arrête de t’en prendre juste à moi », le ton monte, on s’échauffe de chaque côté mais, soyons honnêtes : on s’échauffe plus, à l’évidence, du côté du service d’ordre.

Qu’est-ce qui est choquant pour Yann Barthès dans cette séquence ? Que ce soit un journaliste qui ait été bousculé. Qu’est-ce qui est choquant pour un militant comme moi dans cette séquence ? Qu’un membre du service d’ordre ait perdu son sang-froid ; le fait que ce soit vis-à-vis d’un journaliste m’est indifférent.

Maintenant, essayons de situer un peu le contexte de la prise de vue. Je peux vous en parler, j’étais dans le coin à ce moment-là. Quand Jean-Luc Mélenchon a eu terminé son discours, il a immédiatement rejoint ce que l’on appelle le « carré de tête », c’est-à-dire l’espace du cortège où défilent les personnalités. Que s’est-il passé à cet instant dans l’espace réservé à la presse que le coprésident du Parti de Gauche venait de quitter ? Il y a eu une véritable bousculade, chacun voulant arriver avant son « confrère » pour avoir la meilleure image ou le meilleur témoignage. Parallèlement à ce mouvement, les manifestants se sont également rapprochés du carré de tête, pensant que la marche se mettait en branle. Il y avait donc, à cet instant, une forte pression à la fois physique et psychologique qui pesait sur le service d’ordre, lequel était chargé (ce que Yann Barthès ne dit pas) de réserver un espace devant le carré de tête pour faire entrer les journalistes petit à petit et leur permettre d’effectuer leur travail dans de bonnes conditions (qu’on nous dise, maintenant, que nous ne respecterions pas la liberté de la presse). Par conséquent, le comportement du membre du service d’ordre n’est sans doute pas excusable mais il est, à tout le moins, compréhensible : celles et ceux qui étaient à proximité du carré de tête savent comme moi qu’à l’instant du début de la marche, chacun était pressé de tous les côtés et se laissait guider par le mouvement de la foule… ce que ne peut en aucun cas faire un membre du service d’ordre, chargé précisément de résister à ce mouvement et de canaliser son énergie pour éviter tout accident. Je répète donc le fond de ma pensée : le comportement du camarade du service d’ordre n’est pas excusable (qu’il se fût agit, en face de lui, d’un journaliste ou d’un manifestant) mais il est, à tout le moins, compréhensible étant données les circonstances.

9) 05:30-05:59 :  mauvaise foi.

Cette neuvième et dernière séquence, qui présente un Jean-Luc Mélenchon « agacé », est pensée par l’équipe du Petit Journal comme une quadrature du cercle. Refaisons rapidement le cheminement : 1) Edwy Plenel dit qu’on est des journalistes, 2) les manifestants aiment bien Plenel donc on est légitimés par le truchement plénelien, 3) On ne nous laisse pas rentrer, 4) Mélenchon est un menteur puisqu’il dit qu’il parle au peuple alors qu’en fait non, 5) Le service d’ordre est méchant avec les journalistes, 6) C’est le « grand méchant Mélenchon » qui est encore derrière tout ça.

Fait intéressant, Yann Barthès lance cette ultime séquence en déclarant : « Et, sans la mauvaise foi qui peut parfois nous caractériser, on se pose la question : le service de sécurité serait-il un poil chauffé par Mélenchon lui-même ? » Il y a donc un aveu que l’on avait, à ma connaissance, pas encore entendu dans la bouche du présentateur du Petit Journal : il reconnaît qu’il y a « parfois », une mauvaise foi qui caractérise cette émission. En même temps, pour faire passer des pilules aussi grosses que celles auxquelles on a eu droit ce mercredi 8 mai, il fallait au minimum concéder cela.

Etudions maintenant la séquence. Après ce lancement par Yann Barthès, on nous montre des images de Jean-Luc Mélenchon qui déclare notamment : « Faites qu’ils reculent, on n’en peux plus ! Poussez ! (…) Allez ! Poussez ! ». Je passe sous silence les quelques gros mots, qui n’ont pas leur place dans cet article d’analyse. Concentrons-nous sur ce qui se passe : au moment où est prise la vidéo, le carré de tête commence tout juste à se mettre en branle, après avoir laissé un peu de temps aux journalistes pour prendre leurs photos. J’ai expliqué la situation spatiale à cet instant : des mouvements de foule et une très forte densité au mètre carré. Par conséquent, c’est mécanique et mathématique, pour pouvoir faire avancer le cortège (et donc relâcher la pression), il faut faire un peu de place devant soi. Dans les propos de Yann Barthès, il y a donc soit une méconnaissance de ce qu’est une manifestation, soit de la mauvaise foi, soit encore les deux en même temps. Quoi qu’il en soit, il ne me paraît pas choquant, étant donné la situation au moment du départ du carré de tête, que Jean-Luc Mélenchon demande de pousser parce qu’effectivement, « on n’en [pouvait] plus ».

Epilogue.

On voit combien la journée du mercredi 8 mai aura été chargée en attaques contre le coprésident du Parti de Gauche. Signalons, pour terminer, que l’analyse de cette journée ne serait pas complète si je ne disais pas ici que l’équipe du Petit Journal en a remis une couche à 22h48 en publiant ce tweet :

 

Jeudi 9 mai 2013 : que Justice soit faite.

Ce jeudi 9 mai, le Mélenchon-bashing a commencé par un tweet de teasing publié à 16h23 :

Ayant vu cela, j’ai mordu à l’hameçon et ai regardé l’émission. Je vous épargne l’ensemble du Petit Journal, puisqu’ils ont réalisé une vidéo qui sépare l’interview du groupe Justice du reste de l’émission. La séquence qui nous intéresse ici commence à 5:55.

Veuillez installer Flash Player pour lire la vidéo

 

La vidéo sur les « hipsters » amène Mélenchon sur la table  (notons d’ailleurs que ce dernier est situé, dans ce sketch, à l’« extrême gauche », alors qu’il a toujours refusé ce qualificatif, lui préférant celui de « gauche radicale » – ce qui est aussi plus exact compte tenu de notre position sur l’échiquier politique et de nos propositions). Xavier de Rosnay, l’un des deux membres du groupe Justice, déclare qu’il n’est pas un hipster puisqu’il n’a pas voté pour Jean-Luc Mélenchon, ce dernier s’étant « enflammé à [leur] sujet en 2008 » et les ayant traité « de… de quoi ? de crapules ? ou d’enfoirés, je me souviens plus ». Voilà du pain béni pour Yann Barthès qui s’empresse de déclarer : « Ah ! on a un point commun : nous on est des nazis[4], et vous ? ». Ce à quoi Xavier de Rosnay répond : « Nous on est des salopards de bourgeois ». Et le petit groupe de se serrer la main.

On voit ici comme le Petit Journal pensait en mettre une nouvelle couche à peu de frais sur la diabolisation : toutes ces belles personnes se serrent la main et se congratulent parce qu’elles subissent à leur endroit les mots crus et drus de Jean-Luc Mélenchon, dont on ne nous explique jamais pourquoi il les a dit. Le coprésident du Parti de Gauche passe donc pour quelqu’un qui a l’insulte facile et injustifiée, tandis que Yann Barthès et les membres du groupe Justice seraient des victimes injustement attaquées par le « grand méchant Mélenchon ». Rétablissons un peu de vérité dans tout ceci et montrons qu’il s’agit bien plus d’une solidarité de classe que de quoi que ce soit d’autre, vis-à-vis de quelqu’un qui menace les dominants. Voici donc ce que déclarait Jean-Luc Mélenchon à propos du groupe Justice en 2008 ; chacun pourra se faire son opinion pour savoir si ce qu’il disait était justifié ou non.


Melenchon : les « fumiers » du groupe justice ! by larnaut

Évidemment, l’occasion était  trop belle, le Petit Journal a commis un nouveau tweet dans la soirée pour attirer l’attention de Jean-Luc Mélenchon. Qu’on y réfléchisse une seconde : une interview du groupe Justice (donc une interview musicale) est changée en un outil de diabolisation d’une personnalité politique française (donc en une interview pseudo-politique). Pas sûr que cela pourrait arriver à quelqu’un d’autre que Jean-Luc Mélenchon…

 

Dimanche 12 mai 2013 : la dernière couche.

Le dimanche, une dernière couche de diabolisation mélenchonienne aura été mise avec le Petit Journal de la semaine, où la quasi intégralité du « reportage » sur la marche du 5 mai aura été repassée et où un dernier tweet aura été publié.

 

Epilogue.

Il n’est guère facile de démonter pied à pied un dispositif télévisuel de diabolisation mélenchonienne. Je me suis prêté à l’exercice parce que le traitement médiatique  qui nous est réservé ces temps-ci me révolte profondément : alors que nous essayons de déclencher un grand mouvement d’espoir populaire et de montrer qu’une autre  société (plus démocratique, plus juste et plus écologique) est possible, nous ne cessons de subir des attaques de plus en plus violentes et de moins en moins fondées. J’ai donc fait le choix d’écrire sur ce thème, que je vois avec satisfaction être traité de plus en plus souvent, afin de mettre au jour les mécanismes plus ou moins diffamatoires qui sont utilisés à notre endroit. J’espère que cet article aura eu son utilité dans ce travail collectif, et qu’il aura permis de rétablir un peu de vérité dans le tourbillon de mensonges que nous avons à endurer ces temps-ci.


[1] @LPJofficiel, créé le 15 avril 2013
[2] Sur la diabolisation visuelle de Jean-Luc Mélenchon dans les médias, lire cet article.
[3] Je note ici en bas de page, pour ne pas surcharger à l’excès un texte déjà bien long, que l’extrême droite et la droite radicale ont réussi à imposer leur lecture ethnicisante des récents évènements qui ont eu lieu au Trocadéro après la victoire du PSG en championnat. Pour nous, au Front de Gauche, il est évident qu’il faut au contraire en avoir une lecture sociale et y voir une expression criante de la lutte des classes. Vous vous demandez peut-être pourquoi je me mets à parler de cela alors que j’évoquais avant l’équation « les médias < le peuple »… et bien figurez-vous que je suis tombé par hasard sur un article du Monde dans lequel une des personnes qui ont participé à ces débordements est interrogée. Que dit-elle ? « A un moment, on a viré les journalistes sur les échafaudages parce que vous aviez les meilleures places. On a remarqué qu’on avait moins de place que les journalistes alors que c’est nous les vrais supporteurs, donc on a pris la place ». On le voit à travers cette citation : il n’y a pas, loin s’en faut, d’identité ontologique entre les médias et le peuple. S’il y a un lien direct quelconque entre eux, il s’agit bien plus vraisemblablement d’un rapport de classes sociales que de quoi que ce soit d’autre.
[4] J’ai cherché sans succès une vidéo où Jean-Luc Mélenchon aurait effectivement déclaré cela…

 

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